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17/10/2021

Edilians: «On est sous l’eau» : dans l’Oise, jusqu’à six mois d’attente avant de pouvoir refaire sa toiture

Depuis le premier confinement, les carnets de commandes des entreprises de couverture se remplissent à toute vitesse. Dans l’Oise, qui fabrique aussi des tuiles, les délais d’attente s’allongent et les clients doivent prendre leur mal en patience.

L'entreprise Edilians fabrique des tuiles grâce aux carrières d'argile et de sable du département. 

Elle a à peine le temps d’ouvrir les portes de l’accueil que déjà la valse des transporteurs reprend son cours. « Ça tourne à plein ce matin », lâche Nathalie, secrétaire au sein de la tuilerie Edilians. En vingt ans de métier, elle n’avait jamais vu une telle affluence. Depuis la fin du premier confinement, l’activité de la société a bondi. « Les ventes ont augmenté de 20 % au niveau national depuis janvier », abonde Jean-Pierre Varrin, le directeur d’exploitation de l’usine basée à Saint-Germer-de-Fly (Oise).

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« On est à fond », glisse-t-il en enfilant son casque de protection. Le site de production oisien, qui compte 180 salariés, tourne à plein régime. Pour honorer les commandes des clients, l’usine a même rogné sur les vacances d’été.

« D’habitude, on cesse l’activité quatre semaines au mois d’août. Cette année, on a fermé une ligne pendant huit jours et les trois autres pendant deux semaines et demie », détaille-t-il. Un gain de temps précieux pour produire les quelque 200 000 tonnes de tuiles attendues en 2021 (contre 185 000 tonnes en 2019).

Un manque cruel de main-d’œuvre

Des tuiles très réputées dans l’Hexagone et fabriquées grâce aux carrières d’argile et de sable nombreuses dans ce secteur de la Picardie verte. Le savoir-faire local remonte à plus de deux cents ans. Entre le mélange des matières, la cuisson et la peinture, la fabrication d’une tuile dure en moyenne trois jours et demi.

Jean-Pierre Varrin est directeur d'exploitation du site de production de tuiles Edilians, qui compte 180 salariés. 

Si, aujourd’hui, une grande partie de la production est automatisée, l’entreprise qui tourne sept jours sur sept et vingt-quatre heures sur vingt-quatre, manque cruellement de main-d’œuvre. « On a six postes d’opérateur et de maintenance à pourvoir en CDI », explique Jean-Pierre Varrin. Des postes pour lesquels aucune qualification n’est requise, puisque la formation se fait sur place. « C’est difficile de trouver. Même les entreprises d’intérim n’arrivent plus à nous envoyer des employés fiables et motivés », déplore-t-il.

Pourtant, il y a urgence. Car, de l’autre côté de la chaîne, les entreprises de couverture tirent la langue pour tenir les délais et satisfaire leurs clients. « Depuis le confinement, les particuliers ont envie de s’occuper de leur intérieur, de gagner en confort. Comme ils ont épargné, ils ont envie d’investir dans la rénovation », décrypte Emmanuel Delaforge, à la tête d’une entreprise de couverture à Sommereux. Sur certaines tuiles particulières, il doit compter près d’un mois d’attente. Du jamais-vu.

Des délais problématiques

S’il espère boucler les chantiers de l’année en cours, son carnet de commandes affiche déjà complet pour le premier semestre 2022. « Pour une rénovation de toiture, il faut compter six mois de délais avant intervention », souffle-t-il.

« Des délais si long, c’est problématique », s’inquiète Nour-Edine Rouini, commercial au sein de l’entreprise concurrente Technitoit qui affiche les mêmes échéances. « On intervient parfois pour des urgences. Il faut qu’on dispose d’un peu de marge de manœuvre. Un bon délai, c’est un délai de trois mois. Là, on est sous l’eau », constate-t-il. D’autant que la météo très pluvieuse des derniers mois a encore renforcé la demande. Pour y répondre, l’entreprise tente, elle aussi, de recruter. Des couvreurs, notamment. Avec toujours le même constat : « Les métiers du BTP n’attirent plus… »

Source Le Parisien par Olivia Villamy