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19/08/2021

Indre : le stockage de déchets amiantés fait débat à Gournay

À Gournay, la Seg souhaite créer un casier de stockage de l’amiante lié, sur le site de la carrière d’extraction d’argile.

Pour ce riverain, c’est le projet de trop. « Le site de Gournay héberge déjà trois zones d’enfouissement d’ordures ménagères, une carrière exploitée pour l’extraction d’argile, une installation en cours de panneaux photovoltaïques et, bientôt, une usine de biogaz. »

« Avec le casier de stockage d’amiante lié, les dangers montent en niveau et les pollutions de tout genre sont inévitables : pollution de l’eau par infiltration dans les nappes, pollution de l’air lors des déchargements », énumère Philippe Lorilloux, dont l’habitation est située à moins de cent mètres du site d’extraction de l’argile.

Il ne cache pas son inquiétude de voir se concrétiser un tel projet. « On ne peut pas être la poubelle de la région, non plus ! », peste le riverain.

"La région Centre manque de stockages d'amiante"

Ce dossier est porté par la société Seg, qui exploite le centre d’enfouissement de déchets dans la commune et, depuis 2017, la carrière d’argile. Son directeur, Gilles Bernardeau, a déposé deux demandes qui ont fait l’objet d’une enquête d’utilité publique du 25 mai au 25 juin.

L’une concerne la prolongation de la durée d’activité de la carrière avec une extraction maximale de 10.500 tonnes par an d’argile. La seconde porte sur la possibilité de combler le vide de fouille de la carrière par des déchets d’amiante lié à des matériaux de construction, en plus de la terre inerte.

« On a le savoir-faire nécessaire puisque notre société avait déjà en charge l’enfouissement de déchets d’amiante lié à Thevet-Saint-Julien jusqu’à l’arrêt du site, en décembre 2020, souligne Gilles Bernardeau. La région Centre manque d’installation de stockage de déchets inertes (Isdi) pouvant recevoir de l’amiante. Or, il est bien moins dangereux que cette matière termine dans une filière autorisée plutôt qu’abandonnée un peu partout ! »

Si on ne propose rien, on va continuer à trouver des déchets d’amiante sauvages. Il faut régler le problème. 

Philippe Bazin, maire Gournay

Un argument que défend également le maire de la commune, Philippe Bazin. « Si on ne propose rien, on va continuer à trouver des déchets d’amiante sauvages. Il faut régler le problème. Nous avons la chance d’avoir, dans la commune, un professionnel qui maîtrise ce type d’enfouissement et des sous-sols en argile qui s’y prêtent bien par leur imperméabilité », avance l’élu, dont le conseil a validé le projet à l’unanimité, à l’automne dernier.

S’il dit comprendre les inquiétudes soulevées, il ne les partage pas. « C’est vrai que le mot “ amiante ” fait peur. Nous nous sommes bien renseignés sur la question et avons même été visiter le site de Thevet-Saint-Julien avec des habitants. On est revenu rassurés. Par ailleurs, cette activité sera forcément limitée à moyen terme puisqu’on ne produit plus ce type de plaque en fibro : dans quinze ou vingt ans, il n’y en aura quasiment plus à recycler. »

Jusqu'à 10.000 tonnes enfouies à l'année

Dans son dossier déposé en préfecture, la société Seg sollicite l’autorisation d’enfouir jusqu’à 10.000 tonnes à l’année. « Dans les faits, ce devrait être moins : à Thevet-St-Julien, on était autour de 5 à 6.000 tonnes. Cette activité sera limitée sur un jour par semaine, le vendredi, et devrait représenter le passage de cinq camions, pas plus », précise Gilles Bernardeau, occupé actuellement à répondre aux huit courriers d’observation reçus à la suite de l’enquête publique.

« Il n’y a jamais de lieu parfait pour ce genre d’activité, convient-il. Mais là, contrairement aux ordures ménagères, nous sommes sur des déchets qui nous arrivent emballés par un film étanche ou en big-bag fermés. Ils ne dégagent pas d’odeur et ils ne sont pas en contact direct avec l’air. »

L’enquête publique achevée, le commissaire enquêteur aura trente jours pour rendre son avis une fois les réponses aux observations transmises par le porteur du projet. Il restera ensuite à attendre la décision du préfet, probablement à l’automne. Si elle est favorable, la société Seg pense pouvoir débuter l’enfouissement d’ici la fin de l’année.

Source La Nouvelle République