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10/06/2021

Suisse: La tuile solaire trompe l’œil des maisons villageoises

Le dernier modèle lancé par Freesuns produit de l’électricité tout en préservant l’aspect esthétique des anciennes toitures avec leurs couleurs de terre cuite.

Colombier-sur-Morges, 13 mai 2021. Devant la toiture de sa villa, couverte de 4000 plaques à trois cellules photovoltaïques, qui lui fournissent deux fois l’énergie nécessaire, John Morello, CEO de Freesuns, présente sa nouvelle «tuile solaire» permettant d’imiter la terre cuite sur les maisons villageoises traditionnelles.

Avec les différents modèles de tuiles photovoltaïques qu’il a conçus et installe depuis maintenant cinq ans, John Morello, fondateur de Freesuns, apporte une nouvelle pierre à l’édifice solaire dans le bâtiment. Après avoir rénové toute la toiture de sa villa dans le style moderne des années 50, il a pu refaire le toit de la petite maison proche du célèbre Grand Chalet de Balthus, à Rossinière, grâce à des plaques superposées qui ressemblent comme deux gouttes d’eau à de l’ardoise. Même pari réussi à Grimentz où son entreprise a été mandatée pour remplacer une petite toiture en bardeaux. Elle s’intègre parfaitement dans le décor de ce village typique tout en alimentant en énergie des bornes de recharge de voitures électriques.

L’entreprise de Colombier-sur-Morges a déjà réalisé 43 projets de toiture qui produisent de l’énergie renouvelable. Aujourd’hui, elle lance une nouvelle «tuile solaire» qui a la même apparence que celles en terre cuite des maisons villageoises traditionnelles. Selon son concepteur, sa forme et sa variété de couleurs permet une couverture photovoltaïque entière, ou partielle, des anciens bâtiments tout en respectant les normes de construction en matière d’esthétique.

«Nous créons des tuiles en fonction des besoins du marché solaire.»

John Morello, fondateur et CEO de Freesuns

«Nous créons des tuiles en fonction des besoins du marché solaire», relève l’ingénieur entrepreneur. Les maisons villageoises représentent un nouveau créneau après les nouvelles constructions et les transformations de toitures de tuiles en ardoise ou de plaques en fibrociment Eternit, qui contiennent parfois de l’amiante.

La nouvelle gamme Terracotta, brevetée en décembre dernier, s’adapte, comme les autres modèles, à n’importe quelle architecture de toit. Les plaques, qui ne réfléchissent pas les rayons du soleil, sont formées de deux couches de verre trempé. Les premiers à en faire usage sont les propriétaires d’une villa à Buchillon qui désirent charger leurs deux véhicules électriques avec de l’énergie verte. Ils ont décidé – avec l’aval de la commune – de remplacer le toit du pavillon de leur piscine en tuiles de terre cuite par des plaques photovoltaïques. Transformé en mars dernier, le pavillon ne dépareille pas avec les bâtiments environnants.

Toit villageois, toit contemporain

La coloration des tuiles solaires coûte, selon Freesuns, 3% de puissance à l’installation. Les cellules photovoltaïques, standards, ont actuellement un rendement de plus de 20%. Au prix de rachat actuel du courant réinjecté dans le réseau, ces installations devraient être rentabilisées en vingt ans, soit le temps de la garantie des tuiles, dont la durée de vie est promise au-delà de cinquante ans, selon la société.

Chinoise passée au CSEM

Les plaques sont fabriquées à Shanghai dans une petite entreprise de 14 employés qui ne travaille que pour l’entreprise vaudoise. Elle a en effet été fondée par une doctorante chinoise passée au CSEM (Centre suisse d’électronique et de microtechnique) de Neuchâtel, dont le centre photovoltaïque est dirigé par Christophe Ballif, qui collabore avec John Morello.

Ce dernier a fondé Freesuns en 2017. Ingénieur australien engagé par une multinationale à La Côte, il n’avait jamais imaginé se lancer dans un tel business. Mais l’acquisition de la grande villa d’un architecte et professeur inspiré par Frank Lloyd Wright et Le Corbusier lui a donné des idées. Contraint de changer toute la toiture de 120 m2, il voulait en faire une maison écologique et pensait ne concevoir qu’une seule tuile solaire.

Aujourd’hui, dit-il, il croule sous les demandes. Il profite de l’effet Tesla, qui a annoncé sa propre tuile au moment où lui se lançait, mais le produit californien n’est toujours pas commercialisé en Europe. Freesuns emploie sept personnes, parmi lesquels un électricien et une architecte qui dessine les toits. Elle travaille avec des entreprises de couverture. En pleine croissance en Suisse romande, elle est en train de lever des fonds et compte s’étendre sur le marché alémanique.

Source 24 Heures par Jean-Marc Corset