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04/05/2021

Écoconstruction : guide des matériaux isolants

Bien plus qu’une tendance, l’écoconstruction devient une nécessité. Nécessité aussi bien écologique, qu’économique. La maison d’aujourd’hui se pense donc différemment, avec de nouveaux matériaux d’isolation. 

Appelés “écomatériaux”, leur but est de proposer un habitat toujours plus efficient, durable et respectueux de l’environnement. Mais comment choisir la bonne isolation ? Passage en revue des matériaux clefs à utiliser pour se lancer dans cette révolution écologique.

Les écomatériaux

 Au moment de réaliser ses travaux d’écoconstruction, il est aujourd’hui indispensable d’avoir une vision globale. D’où vient ce matériau ? Est-il durable ? Comment est-il fabriqué ?

 Un écomatériau doit répondre à des critères avant tout éthiques : être d’origine naturelle, disponible facilement, en grande quantité, aisément recyclable, inoffensif pour la santé et performant. Sur le plan de la performance justement, la filière a fait beaucoup de progrès et propose maintenant des coefficients thermiques comparables aux isolants traditionnels de quoi rassurer les plus septiques. 

L'isolation sera donc la pierre angulaire d’une écoconstruction. Quels matériaux sont généralement plébiscités ? Voici les plus populaires avec leurs forces et leurs faiblesses.

La brique Monomur

Autre matériau clef en main, la brique “Monomur”. Brique faite de terre cuite, son épaisseur lui permet de proposer une résistance thermique de 3,25 m² K/W, en faisant un matériau isolant, mais plutôt conseillé pour les régions chaudes. Une construction en brique Monomur correspondra à une maçonnerie classique, doublée de 10 cm d’isolant. En été, la brique préservera la fraîcheur intérieure et vous fera également économiser en chauffage l’hiver. Exclusivement composées d’argile, elles ne contiennent aucune substance nutritive, aucune moisissure ne pourra donc s’y développer. Comptez entre 45 et 60€/m2 pour une construction en brique de terre cuite, mais ce prix est purement indicatif. Selon le chantier et les plans de l’ouvrage, le prix peut varier fortement.

La marque “Bio’Bric” propose par exemple une gamme de briques montées à joint mince, ce qui est un élément important, contribuant aux qualités d’isolation de ce produit. À noter également qu’un mur en briques monomur nécessitera jusqu'à 30 fois moins de mortier que pour un mur classique, grâce au joint mince justement.

La Paille

Matériau qui ne nécessite que peu de transformation, locale et peu chère, la paille fait un retour remarqué dans la liste des isolants. Avec une résistance thermique de 6 m² K/W, elle ne se démarque pas spécialement des autres matériaux sur ce plan, c’est davantage l’épaisseur des murs qui amplifiera son pouvoir d’isolation. Ils devront être de 40cm, ce qui en fait le principal inconvénient de la paille. Elle est aussi encore peu industrialisée et donc, souvent oubliée des professionnels. Des entreprises vont cependant dans ce sens, comme Isopaille dans la Sarthe, qui propose de standardiser ce matériau. 

Les constructions paille restent encore marginales, car chères. En effet une maison paille demandera bien plus de main-d'œuvre qu’une construction classique car elle doit être encastrée dans des structures bois. Malgré cela, la paille étant un déchet de l’industrie alimentaire, elle est donc disponible partout en France pour un prix économique. En utilisant des bottes de paille agricoles, comptez environ 30€ du mètre carré.

Le Chanvre

Le chanvre est un matériau aux nombreuses propriétés et de plus en plus présent dans le monde de la construction. Isolant thermique et phonique, il est plutôt facile à poser, souple et polyvalent. Utilisé depuis des millénaires, il était à l’époque mélangé à la chaux pour la construction de maisons. 

Sa filière est aujourd’hui structurée et permet de proposer un produit propre, qui ne subit généralement aucun traitement particulier, sans additif ni autres produits de synthèse. Sa culture est répandue en France et permet de laisser des champs propres. La plante est utilisée à 25% pour sa chènevotte, 55% entreront dans la fabrication de béton et d’enduit. Même les poussières restantes sont utilisées pour le chauffage industriel. 

Ses forces seront : une forte perméabilité à la vapeur d’eau et une bonne régulation de l’humidité. Niveau performances, prenons l’exemple des rouleaux de chanvre, qui permettent d’isoler les murs intérieurs, cloisons et combles, pour une résistance thermique de 5 m² K/W. Côté prix, comptez environ 25€ du mètre carré. 

La fibre de bois

Autre exemple d’un cycle de fabrication vertueux : la fibre de bois. Issue de chutes de bois déchiquetées, humidifiées, puis chauffées sous pression. Aucun produit chimique n’est utilisé dans ce processus, ce qui en fait un produit propre. Elle sera ensuite déclinée en panneaux souples ou rigides. 

C’est le premier isolant écologique du marché et ces panneaux peuvent être utilisés pour isoler le sol, les murs extérieurs et le toit. Son pouvoir isolant est cependant légèrement inférieur aux isolants traditionnels. Il sera alors nécessaire de poser une épaisseur un peu plus importante. 

La fibre de bois propose cependant une très bonne isolation face aux chaleurs estivales grâce à sa forte densité. Un très bon choix pour les maisons en ossature bois par exemple. Le bois a aussi la particularité d’être particulièrement stable dans le temps. Sa performance thermique sera autour de 5 m² K/W pour un prix de 25€ du mètre carré et une épaisseur de 35mm. 

La ouate de cellulose

Issue du recyclage de vieux papier, la ouate de cellulose est également un excellent choix pour isoler. Disponible en vrac ou en panneau, ce matériau est généralement soufflé dans les combles perdus et les planchers. C’est en France, le matériau le plus utilisé pour cet usage et c’est aussi le moins cher.

La ouate de cellulose est fabriquée à partir de papier journal provenant d’invendus qui sont broyés, défibrés, puis malaxés avec du sel de bore. Ce sel ayant des propriétés anti-feu, la ouate de cellulose sera donc très résistante, puisqu'en brûlant, ce sel générera de la vapeur d’eau, qui éteindra automatiquement les flammes. Cet isolant écologique sera également recyclable à souhait.

La ouate de cellulose assure une meilleure isolation thermique que la laine de verre et offrira jusqu'à 26% d’économie d'énergie. Sur le plan de l’isolation elle est efficace avec une résistance thermique comprise entre 7 m² K/W. Spécialement efficace contre les chaleurs estivales, elle apportera également un confort supplémentaire grâce à sa bonne isolation phonique. Quant au prix, comptez autour de 27€ du mètre carré. Il est fortement recommandé de faire appel à des professionnels pour sa pose, car des équipements spécifiques seront nécessaires.

Le coton recyclé

Pas très loin du chanvre et des isolants d’origine végétale, on trouve un isolant en fibre de coton recyclée qui mérite d’être cité. Il s’agit de Métisse©. Cet isolant est fabriqué à partir de vêtements, principalement en coton, collectés par Le Relais, une filiale des Compagnons d’Emmaüs.

Cet isolant est à la fois, très performant, solidaire et tout à fait écologique puisqu’il s’agit de vêtements recyclés et notamment de toile de jean’s.

La toile des célèbres pantalons bleus a pour caractéristique d’être difficilement valorisable dans les usages traditionnels des vieux chiffons, une fois les pantalons jetés. Elle convient par contre très bien à la fabrication de cet isolant et contribue à lui donner la couleur bleu qui est sa signature.

Metisse© est un excellent isolant, existant sous toutes les formes habituelles (rouleaux, panneaux, etc.). Il est conforme aux normes, dispose des certifications communes à tous les isolants (ACERMI…)  et répond parfaitement aux usages d’isolation d’été, et d’hiver.

Il est aussi particulièrement efficace en matière de confort sonore, le coton étant utilisé depuis des décennies en acoustique dans les domaines de l’automobile, de l’électroménager ainsi que dans les salles de spectacle

Le liège expansé

Résistant et ne craignant pas l’humidité, le liège est un matériau isolant efficace. Fabriqué à partir de l’écorce de l’arbre “chêne-liège”, qui est prélevé de manière durable tous les 8 à 10 ans. 

Cette écorce est ensuite chauffée à 300° grâce à de la vapeur. Sous son action la matière gonfle et s’agglomère grâce à sa résine naturelle. La matière obtenue est utilisée pour en faire de l’isolant, mais aussi des bouchons de liège par exemple. 

Le liège est le seul isolant biosourcé imputrescible et participe efficacement au confort d’été. Son prix reste cependant encore élevé. Autour de 30€ du mètre carré pour une épaisseur de 60mm et une résistance thermique de 7 m² K/W. 

Source Batiweb par Elsa Bourdot