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29/05/2021

Chez les Lagrive, à Glos, la brique artisanale a de l'avenir

C'est l'une des dernières briqueteries encore en activité dans la région. Dans la famille Lagrive, l'art de fabriquer des briques se transmet depuis quatre générations. Un spectacle inédit, auquel nous avons assisté.

Eric Lagrive, 55 ans, est la troisième génération à oeuvrer ici.

Vous souvenez-vous ? C’était il y a quelques années. Plusieurs fois par semaine, Ouest-France vous propose des contenus issus de son fonds d’archives, autour de votre commune. Pour que l’actualité d’hier aide à comprendre celle d’aujourd’hui.

Une odeur de charbon, un peu comme dans les gares à l'arrivée d'un train vapeur, envahit l'air... Tandis qu'un gémissement de poulies rythme doucement le souffle du four. Ces jours-ci à la briqueterie Lagrive, le long de la RD 613 à Glos, la campagne de cuisson débutée en novembre est en train de se terminer : cette année, 800 000 unités auront été cuites ici.

Grimpé sur le dessus du dôme et un peu courbé pour passer sous la toiture, Eric Lagrive, 55 ans, troisième génération à oeuvrer ici, est au garnissage de ses « petits bonhommes ». Une armée vorace de 8 rangées de distributeurs à charbon qui viennent alimenter le feu. Insatiables, tout autant qu'ils sont infatigables : en 24 heures, ils engloutiront entre 800 kg et 900 kg de charbon !

48 heures de cuisson

« La particularité de notre cuisson, c'est que c'est la masse de feu entre 900° et 1 100° qui cuit les briques en les traversant pendant 48 heures », explique-t-il en ouvrant une trappe ronde au-dessus des briques enflammées. Ensuite, « on fait avancer le feu, de deux rangées par jour ». Méthodiquement. Il faudra un mois pour faire le tour du four.

Pendu à une corde pour « régler le débit du tirage », c'est à l'oeil qu'il jauge de la cuisson, dont la couleur ira ainsi du rouge vif au presque noir d'une tartine de pain qui serait restée trop longtemps sous le grill. Au pied de la grande cheminée haute de 40 mètres qui domine la cour et l'alignement des séchoirs, l'énorme four Hoffman de 90 mètres de long occupe presque tout l'espace. À l'intérieur, il est constitué d'une allée qui permet de le charger de briques crues, au fur et à mesure de l'avancée du feu : « Tout le monde avance avec le feu, l'enfournement et le défournement ! »

Albert, Éric, Harold...

Des briques fabriquées entre juin et octobre, à partir de la terre jaune extraite de la carrière au bout du terrain côté Zac des Hauts-de-Glos, à raison d'une centaine de tonnes par jour sur une surface de trois hectares. Une terre séchée, pressée, formée et cuite telle quelle. « On est les seuls en Normandie à cuire comme ça de façon traditionnelle », savoure Eric Lagrive, pas peu fier d'avoir fait perdurer avec son cousin Harold le nom de leur grand-père, Albert Lagrive, arrivé dans les années 20, comme contremaître depuis sa Champagne natale. Mathieu, le fils d'Eric, fait chauffer un autre type de mécanique, puisqu'il est le champion de moto dont Lisieux peut être fier.

Depuis, de brique en brique, l'histoire familiale s'est construite avec Jean, Michel, Patrick, Eric, Harold, Alexandre, le fils d'Eric et depuis peu David le gendre d'Harold...

À la cadence d'une brique toutes les secondes et demi, la petite entreprise compte bien continuer à bâtir des maisons en pays d'Auge et même au-delà des frontières.

Briqueterie Lagrive, depuis 1928, RD613 à Glos ; une dizaine de salariés en fonction de l'année ; 800 000 briques par an, 40 % de la production sont des briques traditionnelles fabriquées et cuites à l'ancienne. Tél. 02 31 31 41 09.

Source archives Ouest-France