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14/01/2021

Matériaux de construction: Remontée très graduelle des volumes

Après les lourdes pertes subies pendant le premier confinement, le redressement des volumes d’activité se poursuit au fil des mois à un rythme toutefois très inégal.

Ainsi, après le rebond estival puis la “pause” du mois d’octobre, les livraisons de matériaux semblent avoir regagné un peu de vigueur en novembre, laissant les niveaux de production de ces trois derniers mois entre + 2 % et + 4 % au-dessus de ceux de l’an passé à la même période.

Cependant, bon nombre de facteurs suggèrent que, une fois le rattrapage des chantiers en cours achevé, le moteur de l’activité peinera à repartir. Les carnets de commandes du BTP tardent à se remplir, les permis ne redémarrent pas et l’environnement économique et sanitaire incite plus les ménages et les entreprises à la prudence qu’à la réalisation de projets.

Mais la résilience de certains indicateurs de confiance ou encore les récentes annonces du HCSF* (pour desserrer les contraintes d’accès au crédit) offrent quelques lueurs d’espoir pour soutenir un secteur que seul le volontarisme politique pourra sortir de l’ornière.

*Haut Conseil pour la Stabilité Financière

Novembre se ressaisit

Selon les résultats provisoires de l’enquête mensuelle de novembre, les productions de granulats et de BPE auraient sensiblement augmenté par rapport au mois d’octobre, de + 7,8 % en données CV-CJO. 

Du côté des granulats, ce sursaut permet de hisser les volumes à un niveau supérieur de + 4,6 % à celui du mois de novembre 2020 et de stabiliser (- 0,1 %) la production des trois derniers mois sur celle des trois mois précédents (juin-juillet-août) en dépit du repli constaté en octobre. Comparé à l’an passé, l’activité de ce trimestre (septembre-octobre-novembre) reste en hausse de + 1,5 %. La baisse des productions en cumul sur douze mois demeure néanmoins importante (- 7,4 %) et atteint - 7,7 % en cumul sur les onze mois de 2020. S’agissant du BPE, le rebond de novembre laisse les livraisons à près de + 9 % au-dessus de celles de novembre 2019.Ainsi sur les trois derniers mois connus, l’activité progresse encore de + 1,5 % au regard des trois mois précédents et de + 3,9 % comparé à la même période de l’année dernière. Pour autant, sur les onze premiers mois de l’année, tout comme en cumul sur un an, la contraction de l’activité reste marquée, dépassant - 10 %. L’indicateur matériaux, après le plongeon du deuxième trimestre à près de - 19 % a rebondi de + 7,3 % au troisième trimestre, tous les matériaux ayant observé un net redressement, notamment du côté des tuiles et des produits en béton. 

Pour autant, ce sursaut est loin de compenser les contractions enregistrées au premier semestre et l’activité affiche une baisse sensible de - 7,3 % en cumul sur les onze premiers mois de l’année (données provisoires, CJO).

Toujours pas de vrai rebond des permis

L’enquête INSEE de décembre menée auprès des entrepreneurs du bâtiment apporte une note d’optimisme en cette fin d’année.En effet, leurs soldes d’opinion sur l’activité passée et future rebondissent sensiblement et leurjugement surles carnets de commandes s’améliore,ces derniers atteignant un point haut historique à 9,3mois dans le gros œuvre. 

Difficile à ce stade d’expliquer cette amélioration : retour de nouveaux chantiers ou simple effet d’une accumulation des retards ? L’évolution des prochains mois sera éclairante car, pour l’heure, la dynamique des permis semble grippée.

En effet, les autorisations de logements auraient augmenté de + 18,7 % au cours des trois mois de septembre-octobre-novembre, comparés aux trois mois précédents (données CVS-CJO). Mais si cette hausse paraît flatteuse, elle ne traduit pour autant aucun rattrapage, le niveau des permis demeurant inférieur de près de - 4 % à celui du même trimestre de l’an passé. Il n’y a que dans le segment de l’individuel pur et des logements en résidence que les autorisations dépassent celles de 2019 (respectivement + 0,8 % et + 5,3 %) tandis que la baisse se poursuit dans le collectif (- 7,8 %). Sur un an, à fin novembre, on recensait 389 000 permis, soit un repli de - 11,7 % sur un an. 

Cette tendance est aussi constatée dans le non résidentiel où, à fin novembre, les surfaces autorisées se contractent encore de - 3%sur un an au cours des trois derniersmois, laissant la tendance annuelle sur un pente de - 17%(à 34,7millions dem²).Quant aux mises en chantier, après le net redressement estival, leur dynamique s’essouffle. 

Les logements commencés baissent de - 8,6 % sur le trimestre septembre-novembre comparé au trimestre précédent (CVS-CJO) et de - 1,9 % comparé à la même période d’il y a un an.

En cumul sur douze mois, on dénombre désormais 381 900 logements commencés, soit une contraction de - 6 % sur un an. Seuls

les logements en résidence, qui représentent environ 10 % du marché, tirent encore une fois leur épingle du jeu avec une hausse de + 10 %. Du côté des locaux d’activité, le même constat s’impose avec une baisse des surfaces commencées de - 14%sur un an ces trois derniers mois et de - 16,2 % au cours des douze derniers mois (soit environ 24 millions de m²). Hormis les transports (+ 7,1 %), tous les secteurs affichent de forts replis, ceux de l’hébergement hôtelier, du commerce (- 27 %) et des bureaux (- 21 %) étant les plus marqués.

Côté ventes,lemarché de l’individuel neuf semble aussi accuser une pause ; après l’euphorie de l’été, le nombre de maisons vendues en novembre estrevenu à son niveau de l’an passé selon Markemétron et pourrait s’établir à 112 000 en 2020, soit un repli de - 10 % sur l’année. 

Les effets de la crise économique sur la solvabilité et la confiance des ménages conjuguée au durcissement des conditions d’accès au crédit pèsent surlemarché immobilier du neuf.

Dans ce contexte, on ne peut que saluer la récente décision du HCSF (17 décembre) consistant à assouplirles règles qu’il avait fixées un an plus tôt.Le relèvement du taux d’effort de 33 % à 35 % (ratio revenu des ménages/mensualités) devrait profiter aux ménages investisseurs,tandis que l’allongement de la durée d’endettementmaximale (25 à 27 ans) ainsi qu’une hausse de lamarge de flexibilité accordée aux banques pour déroger à ces règles (de 15 % à 20 %) pourraient desserrer les contraintes financières des primo-accédants et faire baisser le taux de refus de prêt qui a explosé en 2020 (17 % en fin d’année contre 5 % un an plus tôt).

Source UNICEM

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