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06/01/2021

Les Céramiques de Haute-Loire (ex-Carofrance), à Couteuges, vont fermer : 82 emplois supprimés

L'usine de carrelage de Couteuges avait été reprise en 2017 par le groupe belge Koramic. 

Le tribunal de commerce de Lyon a prononcé, ce mardi 15 décembre, la liquidation judiciaire de l'entreprise de Couteuges les Céramiques de Haute-Loire (ex Carofrance), après une année de recherche de repreneur infructueuse.

La décision prise, ce mardi 15 décembre, par le tribunal de commerce de Lyon n’a, semble-t-il, surpris personne. Après une année de recherche de repreneur infructueuse, les Céramiques de Haute-Loire (Desvres, groupe Koramic), ont été placées en liquidation judiciaire, signant la disparition de 82 emplois : 77 à l’ancienne usine Carofrance de Couteuges et 5 à Lyon.

On s’est battu jusqu’au bout, mais il n’y a pas eu de repreneur. Toutes les touches que nous avons eues n’ont finalement pas abouti.

SERGE BARD (Directeur de l'usine de Couteuges)

Directeur du site depuis 2007, dans le groupe depuis l’ouverture de l’usine de céramique, en 1984, Serge Bard, amer, a dû se faire une raison. « On a fait tout ce qu’on pouvait faire, mais on n’est plus compétitif. Il aurait fallu investir dans du matériel et une équipe commerciale dédiée… » De cette dernière année, difficile, il retiendra « le fonctionnement exemplaire, entre les élus et le personnel ». Quant à Desvres, « ils ont continué à nous acheter des produits. Et ils sont eux aussi dans une situation difficile. »

L'entreprise avait été placée en redressement judiciaire en décembre 2019

« On est passé à un cheveu »

Le député de Haute-Loire, Peter Vigier, ne peut, lui, s'empêcher d'afficher sa déception : « Depuis un an, on porte l’entreprise à bout de bras. Les salariés, le directeur, ils ont tout fait. On est passé à un cheveu. On avait un espoir avec un gros groupe tchèque très intéressé. Mais la crise du Covid n’a pas arrangé les choses. Il n’a pas pu venir. Et la commission européenne a supprimé, pour la filière carrelage, une exonération de taxe dont bénéficiaient les entreprises à forte consommation d’énergie. La somme de ces deux événements a découragé le groupe tchèque. Sans ça, on aurait eu un repreneur… »

C’était annoncé. Et s’il n’y avait pas eu le Covid, cela aurait peut-être même été fait plus tôt.

LAURENT BATISSON (Délégué syndical CGT)

Le délégué syndical déroule le calendrier des jours à venir. « Il y a 21 jours pour mettre en place un Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE). Il doit ensuite y avoir une discussion sur cette mise en place et, au bout de ces 21 jours maximum, le CSE de l’entreprise doit acter ou non le PSE proposé. À partir de là, il y aura de nouveau 21 jours pour choisir ou non le contrat de sécurisation professionnelle. »

Priorité à l'accompagnement des salariés

La sous-préfète de Brioude, Véronique Ortet, qui a accompagné l’entreprise depuis l’annonce du redressement judiciaire, en décembre 2019, se refuse à de longs commentaires. Mais elle ne cache pas que « même si on s’y attendait ces derniers temps, cela reste une annonce difficile à encaisser. On pense surtout aux salariés, qui vont vivre une période compliquée. » Et elle ajoute que toutes les procédures dédiées vont se mettre en place dans les jours à venir. 

On continue bien entendu de suivre les salariés. Un mandataire va être nommé pour cette liquidation. Tout ce qui peut être mis en place le sera. Il y a un travail à faire avec tout le monde ; services de l’État, Région et élus locaux. 

Notre responsabilité, désormais, c’est d’accompagner les salariés dans la recherche d’un emploi.

VÉRONIQUE ORTET (Sous-préfète de Brioude)

Penser à l’après...

Une volonté de mobilisation et d’accompagnement partagée par le député de Haute-Loire et conseiller régional Peter Vigier, qui évoque également celle d’agir pour permettre la venue de nouvelles entreprises sur le site. Et ce, même si terrain et bâtiments n’appartiennent pas aux Céramiques de Haute-Loire.

Tout est en place avec la Région. Une cellule était en perpétuelle recherche d’entrepreneurs et elle va continuer, précise-t-il. L’objectif, c’est désormais de retrouver une activité pour le site

PETER VIGIER (Député de Haute-Loire)

Un projet un peu tempéré par Laurent Batisson. « L’intérêt serait évidemment une réindustrialisation. Mais concernant le site, rien ne dit que le propriétaire souhaitera le vendre. Et par ailleurs, c’est un site qu’il faudra aussi dépolluer au préalable. »

L'entreprise avait été reprise en 2017 par le groupe belge Koramic

Le président de la Communauté de communes des Rives du Haut-Allier, Gérard Beaud, s'interroge : « C’est dommageable et déplorable pour le pays de Paulhaguet. Du carrelage, il en faudra toujours. On ne comprend pas pourquoi on est condamné. » Et il salue les salariés : « Ils ont fait preuve de courage, de ténacité. Ce sont des gens formidables qui se sont battus jusqu’au bout. »

En 2015, appartenant alors au groupe Cérabati, l'usine avait été équipée d'une nouvelle presse.

L’intercommunalité prévoit de les accompagner. Et elle a soufflé aux services de l’État qu’elle aimerait retrouver la cotisation foncière des entreprises (CFE) dont Koramic a été exempté pendant 3 ans « au titre de la ZRR. C’était sous condition de reprise. Il faut que l’État récupère l’argent qui lui est dû. Cela nous permettrait d’aider les salariés pour une partie ou d’investir pour que les entreprises viennent chez nous. » Car, plus largement, se pose la question du territoire. 

Avec Copirel, on arrive à une perte de 160 emplois… C’est très dur. On compte sur la bienveillance de l’État pour l’avenir. Qu’il y ait des aides pour le territoire.

GÉRARD BEAUD (Président de la Communauté de communes de Rives du Haut Allier)

Contactée en fin d’après-midi, la direction de Desvres n’avait pas donné suite, ce mardi soir, à notre demande d’interview.

Source La Montagne par Pierre Hébrard