Nicolas Vuillier, président sortant de l'Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction (UNICEM*), a dressé dernièrement le bilan de l'année 2020 de l'activité des matériaux de construction. Des résultats impactés par la crise covid, et une reprise potentielle plombée par la nouvelle réglementation environnementale.
Avant de passer le flambeau à son successeur, Alain Boisselon (ex.prés.Auvergne-Rhône-Alpes), Nicolas Vuillier a fait le point sur une année compliquée et des perspectives pas plus rassurantes en cette fin d'année 2020. Les résultats des professionnels de l'Unicem montrent, sans surprise, un fort impact de la crise sanitaire sur l'activité avec des prévisions attendues pour l'année 2020 à - 8 % pour les granulats et à - 10 % pour le béton prêt à l'emploi (BPE). En 2021, l'environnement économique et institutionnel resterait trop pesant pour envisager un rebond significatif des productions.
Selon l'étude économique de l'Unicem, le potentiel de rebond de l'activité resterait très contraint en 2021, se limitant au maximum à + 4 % pour les granulats et étant quasi-nul pour le BPE. Les niveaux de production de 2021 s'établiraient ainsi bien en deçà de ceux de 2019 autour de - 5 % pour les granulats et de - 10 % pour le BPE.
La reprise des chantiers actuels de logements est alimentée par les commandes d'avant crise, les carnets eux ne se remplissent plus. Par ailleurs, l'Unicem alerte les pouvoirs publics sur la nécessité d'actionner la commande publique.
La RE2020, un frein à la reprise
Au-delà de ces perspectives moroses, le bureau national de l'Unicem voit d'autres freins qui pourraient brider la relance potentielle. À la suite des récentes annonces des ministres Barbara Pompili et Emmanuelle Wargon autour de la Réglementation Environnementale des Bâtiments (RE2020), Nicolas Vuillier estime que : « Les risques de perturbations de notre activité sont réels alors que celle-ci s'inscrit depuis plusieurs années dans un cercle vertueux d'économie circulaire, sous le prisme de l'analyse du cycle de vie global des matériaux utilisés. » Les chefs d'entreprise s'inquiètent notamment d'une priorité donnée au bois.
La REP, une ponction financière lourde
L'Unicem pointe aussi le manque de visibilité et de concertation sur la future filière de responsabilité élargie du producteur (REP) prévue au 1er janvier 2022. La loi AGEC (anti-gaspillage pour une économie circulaire) fixe pour principe que les déchets de construction ou de démolition soient repris sans frais lorsqu'ils font l'objet d'une collecte séparée. Un éco-organisme devrait être créé pour financer cette collecte par le prélèvement d'une éco-redevance « qui s'élèverait à 380 M€ par an, sans équivalent au niveau des REP déjà existantes sur les acteurs économiques. » dénonce l'Unicem.
*L'UNICEM rassemble 1375 entreprises en France qui représentent près de 4000 sites à travers le territoire. La fédération représente 73% des entreprises du secteur en termes de chiffres d'affaires.