L'industrie du béton, de la terre cuite, de l'acier et de l'isolation minérale dénoncent la RE 2020 qui "favorisera le bois au détriment de l'innovation dans les solutions constructives".
La filière terre cuite (tuiles & briques) a annoncé qu'elle se joignait à à la Filière Béton, au FILMM (isolants) et au SCMF (construction métallique) pour dénoncer la modification de la comptabilisation du carbone. Selon eux, la nouvelle réglementation, "en cherchant à favoriser les matériaux biosourcés, s'affranchit de la rigueur scientifique", affirment-ils dans un communiqué.
Les fabricants de matériaux de construction déclarent partager "l'objectif d'une mise en place à court terme de mesures efficaces pour lutter contre le réchauffement climatique", mais ils contestent "des choix politiques qui seraient contreproductifs et mettraient en péril tout un secteur", qui représente 100 000 emplois directs répartis sur le territoire.
Une méthode de calcul d'ACV contestée
Ils critiquent en particulier "l'introduction de la nouvelle méthode de calcul de l'empreinte carbone instaurée pour la première fois dans le projet RE2020" (voir notre article complet), appelée "analyse du cycle de vie dynamique simplifiée".
Cette méthode, affirment-ils, ferait "que le seul levier valable pour réduire l'empreinte carbone des bâtiments de demain serait donc une utilisation massive de produits biosourcés, avec une logique de surconsommation de bois, au détriment d'une réflexion de fond relative à la conception des bâtiments, aux modes constructifs ou au mix matériaux".
Le recyclage des matériaux en fin de vie serait, en outre, très peu valorisé, en totale contradiction avec la Loi économie circulaire…portée par le même Ministère, relèvent les signataires du communiqué.
Les industriels qui contestent la nouvelle réglementation regroupent les différents acteurs de la Filière Béton (FIB, SFIC, SNBPE, Unicem, UNPG), les fabricants d'isolants en laine minérale (FILMM) et la construction métallique (SCMF) ainsi que la filière Terre cuite.
Le logement neuf abordable en danger selon le Pôle Habitat FFB
La Fédération Française du Bâtiment s'inquiète également de son côté des orientations prises par les nouvelles normes environnementales. Selon l'organisation professionnelle, la RE 2020 met en danger le logement neuf "abordable".
"Concrètement, pour la maison neuve, un Bbio renforcé de 30 % et un traitement du confort d’été, associés à l’obligation de recourir aux pompes à chaleur, engendreront un surcoût de 10 à 15 % dès 2021.
Et pour le logement collectif, la perspective de labels d’État préfigurant à court terme les étapes 2024, 2027 et 2030 présente le risque d’une surenchère locale au détriment du logement abordable" souligne notamment le Pôle Habitat FFB qui regroupe les constructeurs de maisons et promoteurs.