Le mouvement de rattrapage de l’activité perdue pendant le premier confinement, à l’œuvre depuis l’été, s’est tassé en octobre. Compte tenu des niveaux encore très élevés des carnets de commandes du bâtiment, notamment dans le segment du gros œuvre, le processus de récupération n’est sans doute pas complètement achevé mais les nouvelles prises de commandes tendent à se tarir.
Le deuxième confinement, qui a certes permis la poursuite des chantiers du BTP, n’en impactera pas moins le secteur via ses effets délétères sur la croissance économique et la confiance des agents. Ménages et entreprises reportent, voire annulent, progressivement leurs projets d’investissements immobiliers, tandis que les collectivités locales, entre calendriers électoraux et crise sanitaire, tardent à se mobiliser pour décliner le Plan de relance. La chute des permis, des ventes de logements neufs et la faiblesse de la commande publique constatées au troisième trimestre témoignent déjà de ces tendances.
Dans ce contexte, la demande de matériaux, après une forte contraction en 2020, ne connaîtrait qu’un rebond très modéré en 2021, voire nul pour le BPE, la politique gouvernementale en matière constructive (RE2020, ZAN…) pesant aussi sur les perspectives de la filière minérale.
Un troisième trimestre décevant côté “permis”
En novembre, selon la dernière enquête menée par l’INSEE, la confiance des entrepreneurs du bâtiment chute sévèrement. Ils jugent leur activité passée bien moins positivement qu’en octobre mais surtout leurs perspectives se contractent pour les trois mois à venir. Certes, le niveau des carnets de commandes demeure à haut niveau (8,1 mois de travail assurés dont 9 mois dans le gros œuvre) mais l’opinion des chefs d’entreprise sur leurs carnets continue de se dégrader,preuve que,au-delà du stock qui alimente actuellement les chantiers, les nouvelles commandes ne rentrent pas. Dans les enquêtes menées parla Banque de France,cette érosion des carnets est encore plus palpable, le solde d’opinion des professionnels du bâtiment étant repassé sous sa moyenne des dix dernières années.
Côté construction, les données traduisent il est vrai un net rebond des mises en chantier, avec une hausse de +3,8%sur les trois mois d’août à octobre comparés à la même période d’il y a un an.
Ainsi, à fin octobre et sur un an,on dénombrait 386 300 unités en cours de travaux, soit un volume en repli de - 5,2 % par rapport aux douze mois précédents.
En revanche,s’agissant des permis, le rattrapage ne s’opère guère. Le nombre de logements autorisés reculait encore de - 9 % d’août à octobre, laissant le glissement sur douze mois à -12,2 %.
Côté non résidentiel, le tableau est bien plus sombre. Les surfaces autorisées, comme celles commencées,demeurent sur une pente négative comparée à l’an passé.Ainsi, à fin octobre, les ouvertures de chantier sur les trois derniers mois reculaient encore de - 4,7 % en glissement annuel et de - 10,6 % sur douze mois (à 24,7 millions de m²).
Inquiétante aussi,la faiblesse du redémarrage des permis qui,sur ces douze derniers mois, maintient la tendance en fort recul (-15,5 %), avec des contractions marquées dans des secteurs comme les bureaux (-16 %), le commerce (-19 %) ou encore l’industrie (-13,7 %), seul le segment des entrepôts (qui représente 20 % des ouvrages) affichant un rebond marqué ces derniers mois…conséquence assez logique de l’essor du télétravail et du e-commerce. La promotion immobilière n’a pas non plus observé de rattrapage au troisième trimestre.
La sortie du confinement ne s’est pas soldée par un retour des réservations, en berne de -16 % par rapport à 2019, les ventes de maisons neuves ayant un peu mieux résisté (- 9%).En revanche, l’offre immobilière s’effondre avec une chute de - 24,4 % des mises en ventes, les promoteurs se montrant plus frileux sur leurs projets face au resserrement des contraintes financières des futurs acquéreurs, comme en témoigne l’enquête INSEE du troisième trimestre.
Un mois d’octobre un peu poussif
Le rebond vigoureux de l’activité au sortir du confinement a calé en octobre. En effet, les productions de granulats et de BPE auraient baissé par rapport au mois précédent mais aussi au regard d’octobre 2019. Ainsi, selon les données provisoires de nos enquêtes mensuelles, l’activité des granulats aurait reculé de - 4,5 % par rapport à septembre et de - 4,3 % sur un an (données CVS-CJO).
Au cours des trois derniers mois, la production demeure en hausse de + 4 % par rapport au trimestre de mai-juin-juillet, s’inscrivant encore en progression par rapport à la même période de l’an passé (+ 1,1 %). En cumul sur dix mois, l’activité granulats affiche désormais un recul de - 9,1 % sur un an (- 7,9 % en cumul sur douze mois). Du côté du BPE, les livraisons d’octobre se replient de - 2,7 % sur septembre, revenant quasiment à leur niveau d’octobre 2019 (- 0,5 %). Au cours des trois derniers mois, la production de béton grimpe encore de + 5,6 % par rapport aux trois mois précédents et de + 4,3 % au regard des trois mêmes mois de 2019. Au total, de janvier à octobre, les livraisons de BPE accusent encore une chute de - 12,1 % en glissement annuel (- 11,2 % en cumul sur douze mois). Après deux trimestres en fort repli, l’indicateur matériaux décrit un net redressement au troisième trimestre, progressant de + 7,3 % en glissement annuel (contre près de - 19 % au deuxième trimestre, données CJO). Pour le moment provisoire, la tendance sur les dix premiers mois de 2020 ressort à - 8,5 % sur un an.
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