La saison a démarré la semaine dernière pour la briqueterie des Chauffetières, à L'Hôme-Chamondot (Orne). Une entreprise qui fait partie du patrimoine industriel ornais.
Le type de brique dépend aussi bien de l’enfournement que de la terre elle-même. De sa composition dépendra par exemple sa couleur.
Source Actu.fr
Au bord de la RN12, la forme haute et allongée assez particulière des halles attire l’œil, ainsi que les centaines de briques posées en tas, qui attendent d’être vendues. Datée de 1760, la briqueterie des Chauffetières est l’une des dernières briqueteries de Normandie et même la dernière de l’Orne. Aux fourneaux, Laurent Fontaine, représentant de la quatrième génération d’une famille qui tient cette fabrique de briques depuis 1890.
Même si une partie de la production est fabriquée en machine, l’une de ses particularités est d’avoir conservé la fabrication à la main, savoir-faire ancestral. En effet, les techniques gallo-romaines sont encore employées aujourd’hui, en particulier concernant la cuisson.
Les halles sont inscrites à l'inventaire des Monuments Historiques. La forme particulière du toit est pensée pour générer des mouvements d'air lors de la cuisson et ainsi refroidir la charpente.
Les halles sont inscrites à l’inventaire des Monuments Historiques. La forme particulière du toit est pensée pour générer des mouvements d’air lors de la cuisson et ainsi refroidir la charpente.
De 250 à 1 000 degrés
De son four sortent environ 30 000 briques par an, selon un rituel bien rodé. Début mai, le four situé sous la halle est ainsi rempli en quelques jours avec une première dizaine de milliers de briques.
Mardi dernier, le « petit feu » a été allumé (entre 250 et 300 degrés) jusqu’à jeudi soir, où il a été remplacé par un « grand feu » (environ 1 100 degrés) qui dure 48 heures « Durant cette période, il faut être tout le temps présent pour alimenter et surveiller le feu, détaille Laurent Fontaine. Si le feu est trop vif, la brique peut éclater ».
Samedi matin, place au séchage. « La gueule du four est fermée pour garder la chaleur, qui sera diffusée dans toute la brique, explique le briquetier. Il ne faut pas d’intervention extérieure ». Cette phase dure une douzaine de jours. A la sortie du four, les briques sont prêtes à l’emploi.
Pendant cette période de séchage, Laurent Fontaine ne chôme pas pour autant car il fabrique la prochaine fournée. Après avoir extrait de l’argile sur sa propriété (les briqueteries n’étaient pas implantées à un endroit par hasard), il ajoute de l’eau pour modeler la terre dans ses moules. Il peut ainsi réaliser quelque 1 000 briques par jour à la main.
Les futures briques sèchent ensuite sous la seconde halle jusqu’à leur cuisson, entre fin août et début septembre, de la même manière que les précédentes. Une dernière fournée aura lieu en novembre avant une pause hivernale.
« Les briques ont du vécu »
Parce qu’il a conservé cette tradition du travail à la main, Laurent peut faire des briques de formes particulières. « 8 à 10 sortes de briques » cuisent en effet ensemble dans son four. Elles sont principalement faites sur-mesure selon les commandes, « mais il faut prévoir un peu de réserve pour répondre aux besoins des clients ».
Sur ses 30 000 briques annuelles, entre 30 à 40 % sont réalisées à la main. « Elles ont du vécu, si on regarde bien les bâtiments on peut remarquer les petites irrégularités, souligne Laurent Fontaine. A partir du XIXe siècle, les briques sont devenues plus plates, les arêtes plus marquées, on a perdu en charme. A la main, c’est largement aussi bon en qualité mais la brique est moins compressée, moins droite. »
Non seulement les briques ne sont pas toutes les mêmes, mais elles peuvent aussi varier à la cuisson. La terre est une matière vivante, comme il le rappelle.
Connaître la terre
Le type de brique dépend aussi bien de l’enfournement que de la terre elle-même. De sa composition dépendra par exemple sa couleur.
« Ici il y a beaucoup de sable et de silice, nous sommes un peu plus proches de la brique du Pays d’Ouche, qui est rouge carmin ».
A quelques kilomètres seulement, à Longny-au-Perche, c’est une autre sorte de brique. Certaines terres sont également meilleures pour le séchage que pour la cuisson, et inversement. Toute la difficulté pour un nouveau briquetier qui s’installe est donc d’abord de connaître la terre qui l’entoure.
Châteaux, fours, maisons
Les briques fabriquées aux Chauffetières ont de multiples destinations, notamment pour la rénovation de monuments historiques. On les retrouve par exemple dans les remparts gallo-romains du Mans, le château de Carrouges, le château de Versailles, le lavoir du haras du Pin, le Pavillon de chasse de la forêt de Dreux… « Des fois, nous ne savons pas où partent nos briques », sourit Laurent Fontaine.
En plus d’entreprises, Laurent Fontaine a également une clientèle de particuliers. Qui sait, peut-être que ses briques ont permis la construction de nombreuses anciennes maisons aux alentours de L’Hôme-Chamondot ?
Source Actu.fr
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