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21/10/2018

Albi, capitale de l’argile

Installée dans les anciens abattoirs de la ville d’Albi du 19e siècle, l’École européenne de l’art et des matières (EEAM) enseigne les techniques ancestrales et contemporaines autour des matériaux premiers. Et permet d’associer patrimoine et innovation, restauration et design et écologie.

Dès l’entrée sur ce site excep­tionnel, tant par son emplace­ment en bord de Tarn que son histoire, le visiteur constate qu’un mur n’est pas seulement un mur. C’est une composition de talents créatifs des métiers du bâtiment qui rivalisent d’ingéniosité en maniant les trois ma­tières prépondérantes au sein de l’école : la terre (argile), le plâtre et la chaux.

Répartis sur 3500m² dans des bâtiments en partie classés, les ateliers accueillent sur l’année deux-cents stagiaires et une dizaine d’étudiants post-bac en bachelor designer matiériste coloriste, une forma­tion qui se déroule sur deux ans. Selon le cursus choisi, en formation longue de huit mois ou en module court d’une semaine pour les professionnels, l’objectif des can­didats est de devenir spécialistes de dé­cors muraux ou de sols. Le public visé est celui des demandeurs d’emplois (avec pos­sibilité de prise en charge par la Région, les OPCA ou Pôle emploi), les artisans (ayant droit à un financement systématique par le FAFCEA pour cent heures par an) et les salariés du bâtiment (Constructys). Une trentaine de formateurs y interviennent dans leurs spécialités. Tous créent des ma­tières à partir d’argile locale de la carrière de Lexos, d’Albine (Briqueterie Bouisset), de Barthe à Gratens et de Verfeil.
Formateur en terre crue depuis la créa­tion de l’école en 2004, Patrick Béluriée a racheté la SAS EEAM en association avec Pierre-Olivier Barthe, président de la société et directeur de la briqueterie Barthe à Gratens (Haute- Garonne). Son fils Quentin Béluriée, 27 ans, a été nommé responsable pédagogique et technique. Avec son équipe constituée de trois personnes, dont deux à mi-temps, il réa­lise un chiffre d’affaires de 800.000 euros.

Passion Terre crue
Au cours d’un riche parcours de vingt-deux années en Afrique où il est maître d’oeuvre et formateur pour le compte du ministère des Affaires étrangères (contrôle des tra­vaux pour les ambassades), il ouvre en parallèle des briqueteries et des centre de formation pour répondre à sa passion de la matière de terre crue. « Pour moi la terre c’était de la boue. Ce qui m’a enthousiasmé c’est qu’avec elle on arrive à faire des briques et des enduits de finition d’exception. C’est le matériau le plus vieux du monde. Et sa texture permet de la travailler à la main pour le plaisir du toucher ! Afin d’améliorer la qualité pédagogique, technique et esthé­tique, nous venons de créer un comité de suivi d’amélioration pour le projet EEAM 2024 avec un cahier des charges co-écrit par l’administration, les formateurs et les élèves », se réjouit-il.
Anne-Marie Bourguignon

Sur la photo : Patrick Bellurie, directeur de l’école européenne de l’art et des matières.

Source TOULECO

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