Apparues il y a une quarantaine d’années, les plaquettes imitant la brique connaissent un regain d’intérêt car elles contribuent à la préfabrication légère de murs finis, notamment dans un environnement urbain.
Légende : Les plaquettes d’angle contribuent à entretenir l’illusion d’un mur en brique, alors qu’il s’agit d’une ITE performante.
Les systèmes d’isolation thermique par l’extérieur (ITE) ont soixante ans. Il a fallu attendre la fin des années soixante-dix pour voir apparaître des plaquettes imitant les parois en briques, mais si fines et légères qu’elles peuvent être fixées sur l’isolant par un simple lit de mortier-colle contribuant à l’imitation de l’effet maçonnerie.
En fait, cette approche imitative des briques pleines remonte au début du 20e siècle, lorsque se sont développées les façades en briquettes décoratives. Sur le marché, il existe d’ailleurs toute une gamme de briquettes en terre cuite pour usage intérieur ou extérieur, disponible notamment dans les grandes surfaces de bricolage, avec des épaisseurs ramenées parfois à moins de 2 cm. Impossible de faire encore plus fin sans changer de matière et de process.
Jens Zimmermann, patron du site de production de plaquettes de parement de Nindorf, confronte dans le laboratoire un échantillon de brique à des plaquettes qui en sont dérivées.
Sur ossature ou structure bois, les plaquettes peuvent également habiller en principe une ITE minérale ou biosourcée.
Du sable avant tout
Les plaquettes de parement, dont le Néerlandais Elastolith et l’Allemand Meldorfer (groupe Alsecco) comptent parmi les principaux représentants, sont fabriquées à partir de sable (90%) mélangés à un liant polymère dont la nature n’est pas précisée (6%), ainsi qu’à des pigments (1%) qui vont imiter l’aspect des briques dans la masse.
Cet aspect peut être encore conforté après moulage par différents types de sablages superficiels. En complément des pièces plates, des plaquettes d’angle qui simulent la tridimensionalité.
Les plaquettes sont ensuite chauffées pendant une dizaine d’heures à 70°C dans des fours qui alternent selon les cas des cycles secs ou humides. C’est notamment le cas sur le site de Nindorf, au nord de Hambourg, qui fabrique ce type de parement depuis quarante ans et met en avant un mode de fabrication ‘fait main’.
Le mélange de la pâte est semi-artisanal, avec des quantités spécifiquement limitées à des commandes.
La main plutôt que le robot
L’histoire rapporte qu’un peintre en Bâtiment de la région du Schleswig-Holstein a développé cette solution à partir de 1979 à Meldorf, tout près du site actuel de production de Nindorf. Quelques années plus tard naît aux Pays-Bas le site de production d’Elastolith.
En 1985, le site de Nindorf intègre le groupe DAW, un leader allemand de la peinture avec les marques Caparol et Alpina, mais aussi un alter ego de Sto sur le marché de l’ITE via la marque Alsecco.
Selon Jens Zimmermann, patron de l’unité de production de Nindorf, la mécanisation de la production a été sciemment abandonnée il y a une dizaine d’années, car elle n’était pas en mesure de rivaliser avec la main humaine, notamment lorsqu’il s’agit de fabriquer des plaquettes censées imiter fidèlement l’effet d’une paroi en terre cuite dans ses multiples variations et imperfections qui en font le charme.
Une option qui n’est pas forcément celle d’Elastolith, par ailleurs très présent sur le segment des grandes surfaces de bricolage, et qui annonce une capacité de production de 500 000 m2 par an. En conséquence, la production actuelle du site de Nindorf n’excède pas 200 000 m2 par an, avec 35 salariés pour un chiffre d’affaires de 6 millions d’euros.
Habillage de rénovations énergétiques par ITE
La plaquette de parement de Nindorf est couramment employée dans le nord de l’Allemagne pour habiller des rénovations énergétiques par ITE sur parois anciennes en briques. Chaque jour, en moyenne, six échantillons de briques extraits de façades à rénover sont livrées au laboratoire de dosage qui définit le mode d’imitation colorimétrique et l’effet de surface le plus adapté.
La plaquette Meldorfer s’exporte très bien actuellement dans les pays Baltes, mais aussi ailleurs en Europe. La possibilité d’utiliser ces plaquettes dans la préfabrication de murs notamment à ossature bois ouvre de nouvelles perspectives.
Fort d’un nouveau contrat majeur d’approvisionnement d’un site de préfabrication en Grande-Bretagne, le site de Nindorf se prépare à passer au travail posté en 2/8 puis 3/8 l’an prochain. Pas si simple quand la main d’œuvre est rare et qu’il faut compter un an et demi pour former un employé.
Coup de main pour la fabrication de plaquettes d’angle, avant le passage au four.
15 façons de saupoudrer les plaquettes
Par exemple, Jens Zimmermann distingue au moins 15 modes différents de saupoudrage. Les employés changent de tâche toutes les deux heures et doivent donc maîtriser toutes les étapes de la fabrication. Le patron précise que le salaire horaire versé est bien plus élevé que le SMIC de la branche, qui est actuellement de 8,90 euros l’heure.
Les employés bénéficient régulièrement de massages de 20 minutes pour prévenir les troubles musculo-squelettiques, ils peuvent consommer à volonté de l’eau minérale et des fruits qui leur sont fournis à discrétion. Depuis 2012, chaque mercredi, le site accueille un séminaire de sensibilisation des jeunes qui sert de vivier pour l’embauche.
Chez Meldorfer, on distingue au moins 15 façons de saupoudrer les plaquettes.
Perspectives internationales
A Nindorf, les plaquettes, ce n’est pas du tout perçu comme « du fake ». Ce sont des produits uniques estampillés « Original Meldorfer ». D’ailleurs, le site de Nindorf souhaite s’affranchir de l’imitation des briques en lançant une nouvelle gamme baptisée Freestyle, ouverte à tous les desideratas en matière de formats et de coloris, mais toujours aussi légers et pratiques.
La mise en œuvre de ces plaquettes demande cependant une certaine maîtrise, avec une adhésion à 100% dans le mortier-colle dédié, ainsi que par les joints. A ces conditions, les références sont éloquentes et témoignent d’une grande durabilité, ainsi que d’une bonne résistance au développement d’algues et de moisissures, qui s’explique par la faible rétention d’eau des plaquettes.
En préfabrication d’éléments de façade en bois, la plaquette impose certes un recours à une technique humide. Mais elle permet d’habiller des murs à haute performance énergétique d’un parement urbain résistant aux chocs et pérenne.
Pour l’heure, les avis techniques disponibles n’intègrent pas encore suffisamment cette solution, de sorte qu’il ne faut pas s’attendre à voir les plaquettes « Original Meldorfer » habiller les démonstrateurs d’AdivBois sur 15 étages.
Et pourtant, la légèreté de ces habillages, de l’ordre de 5 kg/m2 pour une épaisseur de seulement 4 à 6 mm hors lit de colle, invite à explorer plus avant ce type de solution dans la perspective des futures constructions urbaines et durables en BEPOS.
Les plaquettes ont bien reproduit l’irrégularité d’aspect des briques.
Source : batirama.com/ Jonas Tophoven
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