Le travail mené depuis 10 ans par l'association Art Terre Mayotte pour la certification de la brique de terre compressée (BTC), élément majeur du patrimoine de Mayotte, pourrait aboutir le mois prochain. En cas de réponse positive, les entrepreneurs locaux pourraient, selon les estimations, produire entre 200 et 300 logements en BTC par an.
La brique de terre compressée (BTC), élément majeur du patrimoine mahorais, sera-t-elle bientôt enfin reconnue à sa juste valeur ? Sera-elle à ce titre bientôt certifiée par le centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB)? Le travail mené en ce sens depuis 10 ans par l'association Art Terre Mayotte pourrait bientôt aboutir. Vincent Liétar, membre de l'association, indique qu'une "réunion clé" est prévue le 12 octobre prochain avec le centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB). En cas de réponse positive, les entrepreneurs locaux pourraient, selon les estimations, produire entre 200 et 300 logements en BTC par an.
Art Terre Mayotte a été créée en 2007 par une trentaine de personnes - ingénieurs, architectes, maîtres d'ouvrage et artisans – dans le but d'obtenir la certification de la BTC, qui associerait la norme (En 2001, une première norme expérimentale (norme XP-P901) a été obtenue afin de définir le processus de fabrication) et la mise en œuvre du produit.
En 2013, le préfet accorde à Art Terre Mayotte une subvention de 63 000 euros pour financer le projet. L'association entame alors le processus de certification en partenariat avec le centre international de la construction en terre (CRAterre) de Grenoble, qui apporte une expertise technique.
En avril 2017, l'association a transmis officiellement au CSTB en avril 2017 un document d'une centaine de pages, destiné à devenir la norme de référence.
En parallèle, la BTC devait encore passer un test de résistance au feu. "Le test a été positif, donc la réglementation sera, si elle est validée, prise en compte pour les ERP (établissements recevant du public)", note Vincent Liétar.
Par ailleurs, un travail est réalisé avec la Fédération française des tuiles et briques (FFTB) pour la révision de la norme produit BTC.
En outre, des échanges sont en cours avec la Direction de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Deal) pour intégrer les contraintes et qualités de la BTC dans la RTAA DOM (réglementation thermique acoustique et aération des Dom).
L'âge d'or de la brique
Quasiment abandonnée à Mayotte depuis le début des années 2000 au profit du parpaing et du béton, la BTC cumule pourtant tous les avantages économiques, écologiques et esthétiques sur ces deux matériaux de construction. L'histoire de la brique de terre est liée à la Société immobilière de Mayotte (SIM). Elle commence avec le programme de développement de l'habitat social au tout début des années 1980. Pour cela la SIM recherche un matériau local et pérenne (à l’époque le sable de mer était encore très utilisé dans la construction). « A Mayotte la terre devient alors une opportunité. Sur la planète, une très grande partie des constructions sont en terre », souligne Vincent Liétar. C’est l’âge d’or de la brique en terre. En 1981, Mayotte compte 17 briqueteries. « Nous avons formé des gens, nous avons construit une dizaine de milliers de logements. Regardez la préfecture, la place Mariage… c’était l’époque où l’on utilisait énormément de briques », détaille l'ex-directeur de projets à la Sim. Au milieu des années 90, ce sont plus de deux millions de briques par an qui sont produites localement. Mais à la fin des années 90, les choses se corsent du point de vue réglementaire. Il faut obtenir une certification, « normaliser » la brique de terre afin que les assureurs suivent. "A cette époque, nous avons levé le pied sur les constructions en BTC", confirme Ahmed Ali Mondroha, actuel directeur de la SIM. "Nous avions en effet beaucoup de problèmes pour trouver un assureur."
Le travail de certification est entamé en 1998 mais s’essouffle au cours des années 2000. Le sujet n’est plus prioritaire pour la Sim qui rencontre des problèmes financiers. En 2007, l’association Art-Terre Mayotte est donc fondée avec l’objectif de prendre le relais.
Au delà de la mise en valeur du patrimoine historique mahorais, la certification de la brique de terre compressée pourrait donc avoir un impact bien au-delà de l'île au lagon. La BTC pourrait alors être utilisée partout dans le monde, y compris dans de nombreux pays d’Afrique où la terre est une matière utilisée traditionnellement dans la construction.
Source MayotteHebdo par Olivier Loyens
La brique de terre compressée (BTC), élément majeur du patrimoine mahorais, sera-t-elle bientôt enfin reconnue à sa juste valeur ? Sera-elle à ce titre bientôt certifiée par le centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB)? Le travail mené en ce sens depuis 10 ans par l'association Art Terre Mayotte pourrait bientôt aboutir. Vincent Liétar, membre de l'association, indique qu'une "réunion clé" est prévue le 12 octobre prochain avec le centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB). En cas de réponse positive, les entrepreneurs locaux pourraient, selon les estimations, produire entre 200 et 300 logements en BTC par an.
Art Terre Mayotte a été créée en 2007 par une trentaine de personnes - ingénieurs, architectes, maîtres d'ouvrage et artisans – dans le but d'obtenir la certification de la BTC, qui associerait la norme (En 2001, une première norme expérimentale (norme XP-P901) a été obtenue afin de définir le processus de fabrication) et la mise en œuvre du produit.
En 2013, le préfet accorde à Art Terre Mayotte une subvention de 63 000 euros pour financer le projet. L'association entame alors le processus de certification en partenariat avec le centre international de la construction en terre (CRAterre) de Grenoble, qui apporte une expertise technique.
En avril 2017, l'association a transmis officiellement au CSTB en avril 2017 un document d'une centaine de pages, destiné à devenir la norme de référence.
En parallèle, la BTC devait encore passer un test de résistance au feu. "Le test a été positif, donc la réglementation sera, si elle est validée, prise en compte pour les ERP (établissements recevant du public)", note Vincent Liétar.
Par ailleurs, un travail est réalisé avec la Fédération française des tuiles et briques (FFTB) pour la révision de la norme produit BTC.
En outre, des échanges sont en cours avec la Direction de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Deal) pour intégrer les contraintes et qualités de la BTC dans la RTAA DOM (réglementation thermique acoustique et aération des Dom).
L'âge d'or de la brique
Quasiment abandonnée à Mayotte depuis le début des années 2000 au profit du parpaing et du béton, la BTC cumule pourtant tous les avantages économiques, écologiques et esthétiques sur ces deux matériaux de construction. L'histoire de la brique de terre est liée à la Société immobilière de Mayotte (SIM). Elle commence avec le programme de développement de l'habitat social au tout début des années 1980. Pour cela la SIM recherche un matériau local et pérenne (à l’époque le sable de mer était encore très utilisé dans la construction). « A Mayotte la terre devient alors une opportunité. Sur la planète, une très grande partie des constructions sont en terre », souligne Vincent Liétar. C’est l’âge d’or de la brique en terre. En 1981, Mayotte compte 17 briqueteries. « Nous avons formé des gens, nous avons construit une dizaine de milliers de logements. Regardez la préfecture, la place Mariage… c’était l’époque où l’on utilisait énormément de briques », détaille l'ex-directeur de projets à la Sim. Au milieu des années 90, ce sont plus de deux millions de briques par an qui sont produites localement. Mais à la fin des années 90, les choses se corsent du point de vue réglementaire. Il faut obtenir une certification, « normaliser » la brique de terre afin que les assureurs suivent. "A cette époque, nous avons levé le pied sur les constructions en BTC", confirme Ahmed Ali Mondroha, actuel directeur de la SIM. "Nous avions en effet beaucoup de problèmes pour trouver un assureur."
Le travail de certification est entamé en 1998 mais s’essouffle au cours des années 2000. Le sujet n’est plus prioritaire pour la Sim qui rencontre des problèmes financiers. En 2007, l’association Art-Terre Mayotte est donc fondée avec l’objectif de prendre le relais.
Au delà de la mise en valeur du patrimoine historique mahorais, la certification de la brique de terre compressée pourrait donc avoir un impact bien au-delà de l'île au lagon. La BTC pourrait alors être utilisée partout dans le monde, y compris dans de nombreux pays d’Afrique où la terre est une matière utilisée traditionnellement dans la construction.
Source MayotteHebdo par Olivier Loyens
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