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09/08/2017

Jean Cartier, l’« Indiana Jones » de la céramique du Beauvaisis

A 83 ans, Jean Cartier continue de présider avec passion le Groupe de recherches et d’études de la céramique du Beauvaisis (GRECB), qui célèbre son cinquantenaire cette année.
Les racines de Jean Cartier, c’est dans une terre de potiers, celle de Lachapelle-aux-Pots, qu’elles ont grandi. A quelques kilomètres d’Armentières, où Auguste Delaherche — « le potier le plus connu en France, le plus cher aussi dans les ventes de l’Hôtel Drouot » — travaillait sur son tour dans la première moitié du XXe siècle. Rien d’étonnant donc, à ce que ce professeur de Sciences de la vie et de la Terre, ait fait partie du petit groupe de passionnés fondateurs du GRECB, Groupe de recherches et d’études de la céramique du Beauvaisis. C’était en 1967…

Le Louvre et le British Museum de Londres font partie des adhérents
« Ce mardi, je validerai le bon à tirer pour la brochure que nous sortons à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’association », s’enthousiasme Jean Cartier, qui préside les destinées du GRECB depuis 1994. Une association de 250 adhérents reconnue internationalement pour son expertise. « Nous comptons le musée du Louvre de Paris et le British Museum de Londres parmi nos adhérents », confirme le président.
C’est dans le bureau du directeur de la bibliothèque municipale de Beauvais qu’est née cette idée de « fonder une structure de recherches céramologiques ». Jean Cartier fait alors partie d’une sorte de « club des cinq » qui s’y réunit tous les samedis après-midi. Des archéologues amateurs décidés à faire parler « les archives du sous-sol » exhumées lors de la reconstruction de Beauvais, en grande partie détruite en juin 1940.

« Au Moyen Age, Beauvais fournissait toute la France en céramique »Jean Cartier, président et cofondateur du GRECB
« Les ouvriers trouvaient et mettaient de côté des tessons, des poteries, des pièces de monnaie… Mes amis passaient sur les chantiers récupérer des choses, intéressantes ou pas », explique Jean Cartier, qui se met alors en quête des fours sur les terres d’argile du pays de Bray.
« Au Moyen Âge, Beauvais fournissait toute la France en céramique », rappelle-t-il. De la tuile pour couvrir la maison au saloir, ancêtre du réfrigérateur, en passant par le vase décoratif. « La qualité des grès du Beauvaisis et de ses terres cuites vernissées est réputée partout en Europe ». Tout comme le sont aujourd’hui les grands noms de la céramique du Beauvaisis réhabilités par le GRECB : les Boulenger d’Auneuil, la fameuse dynastie des Gréber de Beauvais…
Prof dans l’âme, Jean Cartier s’emploie à éveiller la curiosité du grand public. Expositions et conférences sont organisées régulièrement ainsi que trois « séances de détermination » par an. « Les gens viennent avec leurs trouvailles et on leur donne l’origine, la date et le créateur de la céramique » explique-t-il.
A 83 ans, il reste l’infatigable passeur de connaissances et d’émotions qu’il était lorsqu’il emmenait ses élèves « en excursion dans les carrières du Beauvaisis ». « Ils ramassaient des morceaux de poteries, des fossiles et les mettaient dans des boîtes à chaussures » se souvient-il. Quelques années plus tard, les enfants de ces enfants deviendront ses élèves et certains confieront à ce prof qui n’avait rien à envier à Indiana Jones, avoir découvert, comme un trésor, les fameuses boîtes à chaussures précieusement conservées…

Source Le Parisien par Corinne Fourcin 

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