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25/08/2016

TERREAL/ AMIENS Des micro-fissures à surveiller à la citadelle

Sur le chantier de la future université, la Métropole a relevé des micros fissures sur des voûtes formées par les voussoirs, ces pièces « révolutionnaires ».
Les voussoirs en terre cuite ont été spécialement réalisés pour la citadelle. Des micros-fissures ont été détectées. (Photo F. DOUCHET).
La maîtrise d’œuvre du chantier de la future université à la citadelle (4 000 étudiants) est du ressort de l’architecte, le cabinet Renzo Piano. La maîtrise d’ouvrage revient, elle, à la Métropole qui l’a confié à sa société d’économie mixte, la SEM Amiens Aménagement. Cette dernière gère pour la collectivité le foncier et les projets d’aménagements. Elle a obligation de veiller au bon fonctionnement du chantier citadelle. Et au printemps dernier, elle a épluché les travaux. Et éplucher est le terme exact. « Nous avions demandé d’être scrupuleux. Et nous avons en effet attiré l’attention du maître d’œuvre sur divers points » explique Jean-Yves Bourgois, président d’Amiens Aménagement.
Au-delà des petits défauts « classiques » du BTP, un des points relevé touche un sujet sensible : une des innovations techniques voulues par Renzo Piano, étudiée et réalisée par la société Terreal. « Des micros fissures ont été relevées sur les voussoirs en terre cuite qui forment les plafonds en voûte » confirme Jean-Yves Bourgois.
Lors d’une visite de chantier organisée par Terreal, ses techniciens n’étaient pas peu fiers de dévoiler ces voussoirs à la presse spécialisée, ainsi qu’à des architectes et des pros du BTP. Ces pièces courbées forment, une fois jointes entre elle, une voûte. Ici, 8000 m² dans trois bâtiments ! « Une qualité d’isolation phonique et thermique remarquable » notait alors un cadre de Terreal.
On ne sait rien encore des conséquences de ces micros fissures si ce n’est qu’elles illustrent le souci du détail de la SEM. « Il a été répondu que la terre cuite avait tendance à travailler, à prendre sa place une fois posée. Mais nous avons tenu à ce que cela soit notifié et surveillé et à ce qu’un expert indépendant les analyse et livre un rapport précis », indique Jean-Yves Bourgois.
Une question de sécurité
Celui-ci ne devrait pas commencer son travail avant septembre. Absence de risques pour la sécurité ou danger nécessitant des corrections ? Tout est possible. « Nous agissons à titre conservatoire. C’est notre rôle de relever les imperfections. Nous recensons tout ce qui pose ou pourrait poser problème. Ce qui peut nous valoir une réputation de pinailleur auprès des architectes et les 40 entreprises et cela peut même crisper nos relations. Mais nous assumons. C’est d’abord une question de sécurité puis de juste utilisation de l’argent publique sur un chantier de plus de 110 millions d’euros », insiste Jean-Yves Bourgois. Ces voussoirs sont (pour le moment) le seul point noir relevé par la SEM. Le reste est plus anecdotique comme des jonctions de plaques de plâtre mal assurées empêchant la mise en peinture. Par ces contrôles, la SEM assure aussi ses arrières. Des litiges pour malfaçons sont compliqués à gérer après livraison des travaux. Amiens connaît le sujet avec son stade de la Licorne en triste état avant l’heure ou la verrière de la gare modifiée peu de temps après son inauguration.
Rappelons aussi le caractère particulier du chantier qui touche un site historique vaste de 13 hectares et occupé jusque dans les années 90. Ce qui a valu des surprises. Une cave du 14e siècle a été mise au jour. Sur conseil des bâtiments de France, après des fouilles et afin de préserver ce site, elle a été ensablée. Sauf que les pluies diluviennes ont embarqué ce sable. Il a fallu de nouveau combler avec de plus gros matériaux. La porte d’Abbeville (XVIe), elle, ne reposait sur aucune fondation sans oublier qu’il a fallu aussi penser aux chauves-souris installées ici…
Source Le Courrier Picard par DAVID VANDEVOORDE

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