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07/04/2016

Tuilerie DOYET: Des tuiles à « 99 % » made in Auvergne

Quarante tonnes de tuiles plates par jour sortent de l’immense four de l’usine.
Créée en 1860 à Voussac, la Française des tuiles et briques est aujourd’hui fermement implantée à Doyet, en bordure de l’A71. L’entreprise s’est spécialisée au fil du temps dans la fabrication de tuiles plates.
Entreprise familiale créée au XIXe siècle, la Française des tuiles et briques a été rachetée en 2010 par le groupe Imerys, un mastodonte implanté dans plus de cinquante pays.
Et même si l’entreprise de Doyet, qui emploie une trentaine de personnes, est le plus petit des douze sites français du groupe, les chiffres sont impressionnants. Chaque jour, 80 m³ de sciure sont avalés par l’énorme four en brique de 80 mètres de long, qui recrache 40 tonnes de tuiles plates.
« En 1980, 65 % de la production partait en Angleterre, raconte Hervé Tournadre, directeur de l’usine. Mais aujourd’hui, les exportations ne représentent qu’un pour cent. »
Le produit phare, la tuile « tradition terre d’Allier 17-27 », se vend essentiellement dans le département du même nom, en Bourgogne, et en Île-de-France. « On fabrique aussi, depuis peu, un nouveau produit pour la région d’Annecy et ça démarre très fort », poursuit le directeur.
L’entreprise conçoit également sur mesure tuiles et autres accessoires pour la restauration de monuments historiques.
« À l’époque, la sciure était un déchet »
Dans l’antre de l’usine, qui s’étale sur près d’un hectare, l’atmosphère est légèrement poussiéreuse, les effluves de sciure chatouillent les narines.
Le four fonctionne de jour comme de nuit. Certains ouvriers, occupés à trier et ranger les tuiles que la ligne de production crache, font d’ailleurs les cinq-huit.
Le système de chauffage de la sciure injectée par des tuyaux a été inventé sur place dans les années 1970 par la famille Firmin, propriétaire historique de l’usine.
« À l’époque, la sciure était un déchet. C’étaient des visionnaires, car c’est grâce à ce système de chauffage économe qu’ils ont pu se développer. Et récemment, le cours de la sciure a chuté, c’est bon pour nous ».
Aujourd’hui, l’entreprise se fournit dans douze scieries alentours. Trois mois d’avance sont stockés dans un vaste hangar, soit 3.000 m³. Mais pas de risque d’incendie. « Ça ne craint rien, il faut pulvériser la sciure pour qu’elle prenne feu, sinon, elle se consume seulement. »
Au commencement, l’argile et le sable sont extraits d’une carrière de Louroux-Bourbonnais, durant les trois mois de l’année les moins humides. « Il faut que ça soit parfaitement sec, sinon la terre est amoureuse et colle au pied », insiste le directeur.
Ensuite, c’est à Doyet que ça se passe. L’argile est mélangée à un dégraissant, puis des bandes de terre sont passées entre plusieurs cylindres pour obtenir l’épaisseur voulue. 37 km défilent chaque jour.
La future tuile est ensuite pressée et séchée, pour enlever toute trace d’humidité. Une fois modelée, elle est envoyée sur de grands chariots dans le grand four (préchauffé à 940°C) : 2.700 tuiles par fournée, comptez entre une heure et une heure trente de cuisson.
Une seconde ligne de production est dédiée à la fabrication d’accessoires pour la toiture. « Tant que le produit n’est pas cuit, tout peut être recyclé, et l’origine France est garantie à 99 % », assure Hervé Tournadre.
Source La Montagne par Romain Beal, photo Cécile CHAMPAGNAT

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