Une thèse vient de montrer que les sédiments fins naturels déposés au fond de l’eau des ports, canaux ou barrages pourraient remplacer une partie de l’argile extraite de carrières.
L’industrie de la terre cuite travaille depuis des années à réduire son impact environnemental. Après avoir diminué l’énergie nécessaire à la fabrication des tuiles et briques (- 37 % entre 1990 et 2014) et les émissions de CO2 (- 35 % sur la même période), le Centre technique de matériaux naturels de construction (CTMNC) s’attaque à la préservation de la matière première, l’argile.
«L’argile est une ressource 100 % naturelle, locale et abondante mais c’est une priorité pour nous, en recherche et développement, d’en assurer la préservation, donc une gestion efficace », commente Pierre Jonnard, président de la Fédération française des tuiles et briques (FFTB). La filière terre cuite s’intéresse donc à d’autres sources de matières premières comme les sédiments dragués dans les ports.» Une thèse encadrée par le CTMNC et le laboratoire de géosciences de l’Ecole des Mines ParisTech dans le cadre d’une convention industrielle de formation par la recherche (Cifre) a été consacrée pendant trois ans à cette question. Le jeune chercheur Frédéric Haurune a recensé les différentes sources de sédiments fins naturels qui se déposent chaque année dans les ports, les barrages, les canaux, les estuaires et les zones côtières et mis au point un outil de caractérisation minéralogique pour identifier, à l’issue d’un test rapide, les sédiments argileux susceptibles d’entrer dans la composition de produits de terre cuite. Il n’est pas question, du moins pour l’instant, de les substituer entièrement aux argiles fossiles extraites en carrière mais de les utiliser en mélange.
25 % des sédiments compatibles
Aujourd’hui, les fabricants de tuiles, briques et produits de parement en terre cuite utilisent entre 6 à 7 millions de tonnes d’argile par an. Or ce sont 40 millions de tonnes de sédiments qui se déposent chaque année en France, dont 80 % sont liées à l’activité humaine (production d’énergie, transports maritimes et fluviaux, irrigation, etc.). Et, selon la thèse qui vient d’être soutenue, 25 % de ces sédiments présenteraient des caractéristiques minéralogiques qui les rendent compatibles avec les argiles utilisées dans l’industrie de la construction en terre cuite.
« L’étude a non seulement permis de cartographier et de quantifier les gisements de sédiments, mais aussi d’en mesurer la compatibilité avec les process de fabrication existants spécifiques à l’industrie de la terre cuite», explique Marie Anne Bruneaux, chef de service au CTMNC. En effet, il n’est pas question de modifier les outils de production.
L’étape suivante, pour le CTMNC, consistera à associer un fournisseur de sédiments et un fabricant de produits en terre cuite pour sortir du laboratoire et réaliser des essais en vraie grandeur puis fabriquer plusieurs tonnes de produits.
Source LE MONITEUR.FR par Isabelle Duffaure-Gallais
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