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25/11/2015

TRENTE SALARIÉS DE TERREAL DEMANDENT UNE PRIME D'HABILLAGE

Ils attaquent aux Prud'hommes. Accompagnés par la CGT, ils réclament 40 euros brut par mois pour s’habiller, se déshabiller et nettoyer leur tenue de travail.
Quarante euros brut par mois pour enfiler, ôter et nettoyer leurs vêtements de travail. C’est la très sérieuse requête formulée vendredi dernier devant les prud’hommes d’Angoulême par trente salariés de la tuilerie Terreal de Roumazières, et la CGT.
Pour leur avocate, Me Frédérique Bertrand, rien de ridicule là-dedans: c’est un dû, d’autant que «plusieurs jurisprudences vont dans ce sens», à commencer par celle dite “de Castorama”, depuis que la grande enseigne de bricolage avait été condamnée à indemniser ses salariés pour les mêmes causes. «Il est là le débat, se désole-t-elle. Une société d’ampleur nationale qui refuse pour des motifs fallacieux d’accorder 40euros bruts par mois à ses salariés». Elle dénonce une «résistance abusive de l’employeur (et réclame pour cela 5 000 euros par salarié et pour le syndicat, ndlr): le cas a été évoqué des années de suite en négociations annuelles obligatoires, en réunions, mais jamais rien n’a abouti.»
Terreal: «Rien dans le règlement intérieur»
Vu de l’entreprise, toutefois, c’est là un non-sujet absolu. «Le port de la tenue proposée par Terreal n’est pas obligatoire, il n’y a rien dans le règlement intérieur qui le stipule, lance MeMarie-Paule Richard-Descamps, avocate au barreau des Hauts-de-Seine. Donc il n’y a pas non plus d’obligation de nettoyage. En terme de jurisprudence, d’ailleurs, on a déjà vu à la tuilerie Monnier, à Marseille, des salariés déboutés des mêmes demandes: ils avaient reconnu à la barre que les tenues au logo de l’entreprise n’étaient pas obligatoires.»
Devant le tribunal d’Angoulême, aucun des salariés –presque tous présents à l’audience– ne vient chanter ce refrain: «En maintenance, on a plutôt intérêt à les porter, ces vêtements, avec toutes les poussières et tous les produits. Et tout à fait intérêt à les laver deux à trois fois par semaine» abonde un ouvrier de Roumazières.
«En réunion de délégués du personnel, on nous avait répondu que les habits au logo de Terreal n’avaient pas vocation à sortir de l’usine, ce sont donc à l’évidence des habits de travail», glisse un autre salarié.
MeBertrand réclame l’instauration de cette prime pour tous les salariés de Terreal –la CGTayant elle-même esté en justice pour l’intérêt collectif–, ainsi que des rappels sur les trois dernières années, soit au total quelque 46500 euros. Prononcé le 4 février.
Le délégué syndical CGT aux prud’hommes pour «discrimination»
Laurent Délias, l’un des secrétaires départementaux de la CGT et délégué du syndicat à la tuilerie Terreal de Roumazières, agissant vendredi au nom de son organisation, attaque par ailleurs son employeur pour «discrimination syndicale et salariale». Après trente et un ans de métier et quasiment autant d’engagement syndical, il se dit aujourd’hui le «cariste le moins payé de l’entreprise.»
L’affaire est devant le conseil des prud’hommes de Périgueux. Laurent Délias est conseiller prud’homal à Angoulême et son cas ne pouvait être évoqué en Charente. Sa présence, sous une tout autre casquette, à l’audience de vendredi en Charente a d’ailleurs été contestée par l’avocate de son employeur. Le conseil angoumoisin se prononcera sur cette question le 4 février.
Source La Charente Libre par Benoît CAURETTE

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