Dans les mains de Julien, une dalle issue du procédé « HP2A ».
Un appel de David Hoffmann, ingénieur chimiste lavallois, spécialiste des minéraux. « Il cherchait des renseignements sur les propriétés de l'argile. Un matériau que je connais bien, forcément. » Des années de travail de laboratoire ont permis à l'ingénieur de découvrir une formule miracle désormais connue sous le doux nom de HP2A, autrement dit : « haute performance activation alcaline ».
Julien Blanchard, un jeune entrepreneur, va proposer, avec son associé lavallois, un nouveau matériau de construction imaginé en Vendée. Eco-responsable, mais surtout sans cuisson.
L'histoire
« De l'argile, on en trouve partout. » C'est Julien Blanchard qui l'affirme. Propriétaire d'une des plus anciennes briqueteries de Vendée, fondée en 1850, il vient de déposer un brevet étonnant qui permet de transformer l'argile en pierre. Le tout sans cuisson. Et c'est une révolution.
La briqueterie renaît
Lorsqu'il reprend Gillaizeau à Chaillé-sous-les-Ormeaux, près de La Roche, le jeune marchand de biens n'a qu'une idée en tête : remettre d'aplomb la vieille briqueterie qui bat de l'aile. Il y investit ses économies et se lance dans une nouvelle activité.
Sous la marque Argilus, il propose des produits à base d'argile : « des enduits de finition pour les murs, intérieurs et extérieurs, pour les sols... ». Et ça marche. Argilus dispose d'une centaine de points de vente en France et réalise même 30 % de son chiffre d'affaires à l'export.
« Nous consacrons une bonne partie de notre argent à la recherche et au développement. » Argilus en est ainsi à soixante-dix produits différents fabriqués grâce à l'argile des carrières du site de Chaillé.
L'histoire aurait pu se poursuivre tranquillement, entre commandes de tuiles pour la cathédrale de Luçon et briquettes de parement pour l'hôtel Crillon à Paris. Mais un coup de téléphone change le cours de la rivière de briques.
C'était il y a dix mois.
Un appel de David Hoffmann, ingénieur chimiste lavallois, spécialiste des minéraux. « Il cherchait des renseignements sur les propriétés de l'argile. Un matériau que je connais bien, forcément. » Des années de travail de laboratoire ont permis à l'ingénieur de découvrir une formule miracle désormais connue sous le doux nom de HP2A, autrement dit : « haute performance activation alcaline ».
Julien se donne beaucoup de mal pour tenter d'expliquer cette découverte : « L'argile, c'est du granit pourri. Grâce à notre procédé, sans cuisson, on parvient à reconstituer la pierre. Et celle-ci a des qualités mécaniques, des performances supérieures à certains bétons de ciment. » Une révolution dans le monde de la construction. Difficile à imaginer et pourtant bien réelle : « De l'argile, il y en a partout. Depuis la nuit des temps, c'est le matériau de construction le plus utilisé sur la planète. Mais aujourd'hui, c'est le ciment qui domine. »
Or, pour être fabriqué, le ciment fait appel à des matières premières comme certains sables et, surtout, à des cuissons à très haute température. Un procédé très énergivore.
« Pas plus cher que le ciment »
Ce n'est pas le cas du nouveau HP2A. Pas de cuisson, juste de l'argile mélangée à du sable, « n'importe lequel sauf du sable marin », voire à des déchets de matériaux de construction.
Il faut l'admettre, c'est un poil plus compliqué. Mais les perspectives de développement de ce nouveau matériau sont énormes. « Surtout, il n'est pas plus cher que le ciment. » Julien imagine déjà des pistes d'aviation ou des buildings avec son argile...
Le produit sera commercialisé sous le nom d'Argilwest. Il devrait être disponible en 2017. En attendant, le 1er décembre, Julien Blanchard et son associé David Hoffman recevront le Trophée de l'innovation de Vendée.
Source Ouest France par Thierry DUBILLOT
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