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12/09/2015

Saint-Paul-lès-Dax : la tuile de Napoléon

Napoléon a été décapité, tout comme son fidèle grenadier ! Mais alors que la minoterie de Poustagnacq aurait pu prendre l'allure d'une fin à Sainte-Hélène, ce local de la municipalité saint-pauloise n'aura été que leur île d'Elbe.

En exil depuis 2000 et la vente de la tuilerie de la Rochebardière, où elles trônaient sur le portail d'entrée, ces deux statues séparées de leurs têtes respectives seront à l'honneur des prochaines Journées du patrimoine de Saint-Paul-lès-Dax. Deux cents ans après la chute de l'Empereur, une restauratrice bordelaise s'occupera de Napoléon et de son grenadier la semaine précédant la manifestation et une présentation aux Saint-Paulois.
Les statues restent pour l'heure au moulin, dans cette pièce qui sent le passé. Entre des malles et autres caisses, tables et chaises de l'école d'avant, les deux têtes posées à côté de leurs bustes règnent sur les lieux. « Quand je les ai vues, cela m'a émue. J'ai eu un coup de cœur. Même si je savais que cela allait être compliqué, je me suis promis qu'on parviendrait à les remettre en état », se souvient Geneviève Tailleur, la directrice de l'office de tourisme de Saint-Paul.
Ciment et terre cuite
Elles sont faites de ciment et recouvertes de terre cuite identique à celle des tuiles du milieu XIXe siècle. Leur état de conservation impressionne. « Vous avez vu la position des mains du grenadier ? Il y a un trou pour y glisser la hampe d'un drapeau », note Michel Labeyrie, des Amis du vieux Saint-Paul.
Quand le regard de Napoléon fascine celui qui le croise, son identité ne laisse aucun doute. Tout y est, du bicorne à la main rentrée dans le gilet, sous la Légion d'honneur. Seul un bout de nez manque. « Enfants, ces statues nous servaient de cible pour nos frondes », sourit Michel Labeyrie. Il en va de même pour le soldat de l'Empire et ses épaulettes, tout juste abîmées. Au-dessus de sa fière moustache, un sourcil broussailleux semble tenir une toque où le plumet peut être fixé.
Legs de la famille Gervais-Sourgen aux Amis du vieux Saint-Paul, ces deux statues ne sont pas les seuls symboles napoléoniens de la tuilerie fondée par un aïeul. Les maisons des maîtres s'appelaient « Iéna », « Austerlitz » et autre « Chalet du grenadier » jusqu'à la fermeture de l'usine, en 1975. Les statues, elles, veillaient sur l'usine et annonçaient la couleur politique du maître des lieux. « Le père de Jean Sourgen avait été aide de camp de Murat dans les armées de l'Empereur », souffle Geneviève Tailleur.
Valeur patrimoniale
Ces statues ont beau être uniques, leur valeur reste bien plus patrimoniale qu'artistique, dans une ville qui souffre d'un manque de bâti historique. Pas un hasard, donc, si la Fondation du patrimoine a posé un œil bienveillant sur leur rénovation. Elle propose ainsi aux amateurs de soutenir le projet au travers d'un financement participatif.
Résultat d'une bataille de plus d'un an, la restauration de Napoléon et de son grenadier est proche. De même que la fin de l'exil, avec une installation programmée dès les Journées du patrimoine dans la Grange de Christus.
Source Sud Ouest 

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