Cela aurait dû être le point d’orgue de la fête de la Terre l’an dernier. Une cuisson de démonstration dans le tout nouveau four aménagé à côté du musée. Mais l’opération n’a pas pu avoir lieu. Et depuis un an, rien ne s’est arrangé, rien n’a bougé.
Le four du musée de la poterie de Ferrière-la-Petite, neuf, n’a jamais vraiment fonctionné.
Le four est bien là, à proximité du musée, niché dans une salle rien que pour lui. Un imposant coffre voûté avec des brûleurs au gaz, des briques réfractaires et une capacité de stockage de 2 m3. À l’intérieur, des dizaines de pièces en terre attendent patiemment d’être cuites depuis un an. Mais pour l’heure, nul ne sait quand la cuisson pourra être faite ni quand les grès salés pourront être commercialisés en boutique.
En fait, il n’est terminé qu’à 90 %. La société qui s’est chargée de la construction, ECR Thermics à Hautmont, a été placée en redressement judiciaire en mars et liquidée en juin. Comment en est-on arrivé là ? Un petit retour en arrière s’impose. En novembre 2010, le précédent four qui permettait de réaliser des grès salés (la spécificité de Ferrière-la-Petite avec une couleur bleutée et une surface « peau d’orange ») est arrêté. Trop vétuste, plus aux normes, il en devenait dangereux. Une réflexion mûrit alors pour en construire un neuf. Début d’année 2013, l’Agglomération Maubeuge val de Sambre lance un appel d’offres. La société ECR Thermics est la seule à y répondre et empoche le marché.
Retard de paiement
Les travaux du four, dont la construction coûte 110 000 € HT, prennent du retard à cause de problèmes administratifs et des intempéries. Initialement prévu en avril-mai 2013, le chantier démarre fin juin-début juillet. En septembre, le four est quasiment terminé et une première mise en chauffe à 1300 degrés est réalisée. Problème, des fissures apparaissent, des fumées noires s’évaporent. Ce qui alerte l’Agglo qui demande des comptes à la société. Chez ECR, on tente d’expliquer qu’à leurs yeux tout est normal. Mais en janvier, l’Agglo fait intervenir le bureau Veritas pour formaliser la série de points noirs constatés sur le four. Là encore, chez ECR, on estime qu’il n’y a pas de problème de conformité. Une réunion est organisée entre tous les acteurs semblant ouvrir la voie à une résolution des problèmes. Mais en mars, la société est placée en redressement notamment à cause de soucis financiers.
Car depuis le premier acte d’engagement de l’Agglo qui date d’avril 2013, la société spécialisée dans les fours industriels n’a pas touché un centime. Le payement d’environ 80 % du coût total n’a été versé que fin avril 2014. Pour un de ses anciens responsables, ce retard de payement, s’il n’est pas le seul facteur, a en tout cas participé à la liquidation de l’entreprise. Aujourd’hui, l’Agglo se montre optimiste et dit avoir des pistes pour que le four soit enfin terminé.
Les fours de Ferrière-la-Petite en quelques dates
1954 : le four bouteille, qui trône aujourd’hui dans la principale salle du musée, est mis à l’arrêt. Dans les années 1980, la municipalité rachète les murs de la poterie et un musée est créé autour du four bouteille, aujourd’hui classé aux Monuments historiques.
1998 : le four chaînette qui avait été mis sur pied par des passionnés de céramique est complètement refait à neuf. Mais au fil du temps, cette infrastructure est devenue vétuste et même dangereuse. La dernière cuisson a eu lieu les 25 et 26 novembre 2010.
Depuis 2010, seuls des fours électriques sont utilisés dans le cadre d’animations au musée mais ils chauffent environ 600 degrés de moins que l’original et ne permettent pas de créer et de commercialiser les grès salés typiques de Ferrière-la-Petite. Pour le musée, l’absence de production représente un manque à gagner.
Un musée changeant
Si le four est à l’arrêt, les abords du musée ont changé. On y trouve depuis 2011 un jardin sensoriel qui permet aux visiteurs d’un jour de se balader au milieu de cette nouvelle végétation. Et aussi aux Ferriérois de repartir, pourquoi pas, avec un plant ou une bouture pour la maison. Des arbres fruitiers et des espèces officinales, condimentaires et aromatiques y ont été plantés.
Une vaste salle a également été aménagée en 2012 sous un préau fermé pour permettre des pique-niques au sec. Et quand on pense au mois d’août, le lieu n’est pas superflu. Des changements qui ont coûté 140 000 €, et qui ont notamment bénéficié de fonds européens.
Source La Voix du Nord par CLAIRE DE VREGILLE
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