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25/06/2014

Les anciens de la tuilerie Lartigue et Dumas d'Auch se retrouvent 38 ans après

L'un travaillait au laboratoire, l'autre au service électrique, le troisième était le comptable de l'entreprise : Pierre Dutil, Marc Tauziède et Michel Deffes n'ont rien oublié de l'époque de la tuilerie d'Auch. Ils la feront revivre, en quelque sorte, le 26 juin prochain en organisant un repas de retrouvailles des anciens salariés de Lartigue et Dumas.
«On a déjà une cinquantaine d'inscrits (1) pour ce repas qui aura lieu à Marsan. Tous les participants se verront offrir un petit souvenir en argile du Gers qui reproduit un objet créé par mon père», explique Marc Tauziède. L'idée de ces retrouvailles a jailli en février dernier, au Mouzon. Ce jour-là, Pierre Dutil, président des Amis du Vieil Auch, avait passionné l'auditoire avec sa conférence consacrée à un artiste méconnu, André Tauziède, le papa de Marc, «ouvrier de jour dans une tuilerie et sculpteur de talent le soir».
Les trois amis ont connu la période faste de la tuilerie, située route de Pessan sur l'emplacement actuel de la caserne de gendarmerie : «Entre 1947 et 1967, c'était la plus grande entreprise du Gers avec plus de 400 salariés. Elle doit son essor en particulier à l'invention et la mise sous brevet en 1947 de la tuile romane». Le premier choc pétrolier, en 1973, lui sera fatal. «Le prix du gaz naturel a flambé. Or, les fours de la tuilerie fonctionnaient au gaz. Le choc pétrolier a entraîné une crise économique marquée notamment par une forte baisse de la construction. Les stocks de tuiles se sont accumulés et l'usine a payé la vétusté de l'outil de travail. Il y avait beaucoup trop de manutention», raconte Pierre Dutil.
Le président des Amis du Vieil Auch rappelle aussi le contexte politique de l'époque. «La municipalité Dours ne voulait plus de l'usine à cet endroit car on fonctionnait jour et nuit, avec les nuisances que cela créait pour les habitations qui, au fil des ans, avaient encerclé la tuilerie.»
Le comptable est resté seul dans l'usine
L'argile servant à fabriquer les tuiles, les briques ou les planchers pré-contraints ne venait pas de bien loin : Lartigue et Dumas disposait de carrières à Pessan, Lasséran, Mirepoix et Pavie. «Un salarié était employé en permanence pour nettoyer la boue d'argile des camions.» Michel Deffes n'a rien oublié des derniers jours de la tuilerie. «Au moment de la liquidation judiciaire, je suis resté le dernier salarié à l'usine, je me suis retrouvé tout seul, sans lumière et sans chauffage.»
Seul, l'ancien comptable ne le sera pas, le 26 juin au restaurant de la Hournère. «On avait même invité le dernier directeur de l'usine mais il ne sera pas dans le Gers à cette date».
(1) Repas : 25 €. Inscriptions jusqu'au 21 juin auprès de Marc Tauziède ou de Michel Deffes, Tél. 05 62 63 36 73 ou 05 62 05 33 38.
En 1976, la fin de l'usine dans «La Dépêche»
En septembre 1976, le couperet tombe au tribunal de commerce pour la tuilerie Lartigue et Dumas. Notre regretté confrère Henri Dufor analyse sans détours les causes de ce désastre : «Des pouvoirs publics défaillants et liés à eux un patronat dont l'incompétence, l'insuffisance dans ce cas précis furent manifestes et peut-être avant tout la transformation rapide ces dernières années des techniques dans cette branche de l'industrie qui ne fut point réalisée à Auch sont à l'origine de ce drame social. Il faut souhaiter que tous à Auch et à divers niveaux s'emploient à en atténuer au maximum les effets. Un mot encore : cette tuilerie d'Auch avait été fondée en 1866. Elle avait survécu à deux guerres… et à des crises économiques sérieuses. Cent dix ans et hier un arrêt de mort… Hélas sans recours».
Source La Dépêche du Midi par Pierre-Jean Pyrda

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