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06/05/2014

France- Logement : la construction neuve poursuit sa chute

Le marché s'enfonce sous les 300.000 mises en chantier annuelles.
Les octrois de permis de construire ont encore chuté de 25%.
La promesse de Ségolène Royal de créer 100.000 emplois en trois ans en s'appuyant sur le BTP et la rénovation énergétique des logements va vite se heurter au principe de réalité. Car, selon les dernières statistiques ministérielles, la chute des octrois de permis de construire et des mises en chantier de logements neufs continue de s'accélérer.
Sur le premier trimestre, les permis de construire ont reculé de 25 % par rapport à la même époque l'an dernier (portant le recul sur douze mois cumulés à 20 %) et les mises en chantier dans le neuf ont, elles, baissé de 11 % (- 3 % sur douze mois cumulés). Pour les maisons (de constructeurs comme de promoteurs), le marasme continue, avec des permis de construire en chute de 41 %, alors que ceux pour des appartements se replient de 9,5 %. Les logements collectifs voient leurs mises en chantier reculer de 15 % au premier trimestre contre - 13 % pour les logements individuels. Au final, sur les douze derniers mois, 322.300 logements ont été mis en chantier (- 4 %) dont 286.671 logements neufs, le reste consistant en des travaux sur existant. On s'enfonce chaque mois un peu plus sous la barre des 300.000 logements neufs annuels construits que la fédération des promoteurs qualifiait encore l'an dernier de « ligne Maginot ». Pour la suite, cela ne va pas s'améliorer. « En avril 2014, les promoteurs immobiliers sont plus nombreux à indiquer une baisse de la demande de logements neufs et prévoient un repli des mises en chantier de logements destinés à la vente pour les trois prochains mois, note l'enquête trimestrielle de conjoncture du ministère parue lundi. A l'inverse, les mises en chantier de logements destinés à la location s'amélioreraient. »
Explosion des résidences
Pour le moment, les statistiques montrent surtout une explosion des résidences de services (étudiants, seniors, tourisme…) au premier trimestre. Mais ce type d'investissement locatif défiscalisé pourrait n'être qu'un report d'investisseurs se détournant du locatif Duflot. Une chose est sûre, il vaudrait mieux que le locatif neuf attire les particuliers, parce que rares sont les investisseurs institutionnels qui en veulent. Pour preuve, Foncière des Régions (FDR) semble vouloir orienter en priorité ses investissements dans le résidentiel en Allemagne, au rendement locatif meilleur qu'en France où l'immobilier est plus cher. Elle a extrait de sa filiale Foncière des Logements pour 2,4 milliards d'euros de résidentiel allemand pour le remonter dans un véhicule détenu en direct et non coté. Pour le président de la fédération des promoteurs, François Payelle, « il est urgent de baisser les coûts supportés par la construction (normes diverses, RT 2012, etc.), d'inverser la fiscalité sur les terrains constructibles pour inciter à leur vente rapide, de stabiliser le régime locatif Duflot - on sent monter des velléités de modification - et de soutenir l'accession à la propriété, notamment en restaurant le pass Foncier ». Dans une récente étude, la fondation socialiste Terra Nova, elle, propose d'obliger l'acheteur d'un terrain constructible à construire dans un délai de cinq ans. Sachant que la pénurie d'offre de logements est entretenue par la réticence des élus locaux à construire, Terra Nova préconise aussi l'intervention de l'Etat dans l'élaboration des plans locaux d'urbanisme et un pouvoir de sanction financière en cas de non-respect de ce dernier. En semblant oublier une évidence : les gouvernements successifs se sont toujours cassés les dents sur les députés, qui sont souvent maires et bloquent les textes limitant leur pouvoir d'élus locaux.
Source Les Echos par Myriam Chauvot

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