Marlène Lecerf est directeur général du groupe Duclos, spécialisé dans les matériaux du bâtiment : « Un métier où il faut savoir s’imposer tous les jours... »
Source Sud Ouest
On la verrait plutôt dans la mode ou le luxe. Peut-être aussi dans la « com », attachée de presse par exemple. La mise élégante, distinguée, souriante, affable, Marlène Lecerf est ce genre de femmes que l'on ne s'attend pas du tout à trouver derrière le bureau de directeur d'une entreprise de négoce de matériaux de construction.
« Ce n'est pas très glamour, c'est vrai, mais c'est vraiment très sympa ! », assure-t-elle. Et si Marlène est aussi définitive, c'est parce que, précisément, elle a commencé sa carrière dans des entreprises de luxe. « J'ai trouvé le milieu très surfait, superficiel, sans intérêt... »
Marlène Lecerf est, depuis sept ans, directeur général du groupe Duclos à Saujon, un groupe qui emploie 120 personnes (dont 80 % d'hommes) dans huit enseignes de matériaux de construction Big Mat (sept en Charente-Maritime et une en Gironde), BCE (Béton contrôle de l'Estuaire) et BCA (Bois charpente assemblées). Elle est responsable magasins, de la procédure et du développement. Des journées de douze heures (1).
La tuile, pas la dentelle
« Après mes études - qui n'avaient rien à voir avec le bâtiment - et après ces quelques mois dans l'industrie du luxe, j'ai eu l'opportunité de travailler comme commerciale dans une entreprise de tuiles. J'étais basée à Toulouse pour cette société charentaise, TBF, et c'est là que j'ai découvert ce secteur généralement dévolu aux hommes. »
Et c'est là précisément que Marlène a dû se mesurer au monde masculin et se montrer à la hauteur. On fait dans la tuile, pas dans la dentelle. Avec le client, on cause charpente, hourdis, résistance des matériaux, béton armé. Bien d'autres à sa place auraient baissé les bras et le regard. Elle, au contraire, les hommes, elle les a regardés droit dans les yeux.
Peu habitué à rencontrer une frêle et jolie femme sur les chantiers, l'homme du bâtiment aurait tendance à faire rouler les muscles de ses bras poilus et lui faire comprendre que sa place serait mieux au pied du fourneau plutôt qu'à celui de la cheminée, sur le toit de tuiles que l'on est en train de construire. « C'est vrai qu'au début, il y en a qui étaient un peu surpris de me voir monter à l'échelle et leur expliquer ce qui n'allait pas sur leur chantier. »
« Toujours prouver... »
Après des années de métier, Marlène est plutôt bien acceptée par le métier. « Quand vous êtes reconnue pour votre professionnalisme, c'est formidable, un vrai bonheur... » Cela dit, le regard d'une femme sur la qualité d'un parpaing ou d'une tuile canal - au moins dans un premier temps - engendre le doute. « Si une femme dit : “Ce mur est blanc”, il faut qu'elle le prouve, alors que si un homme dit la même chose, c'est une évidence. » Et cela arrive à chaque fois ou presque avec un nouveau client.
« Je ne fais pas de politique mais je pense que c'est la même chose quand une femme veut s'imposer en politique. Il faut toujours prouver. Prouver que l'on est compétente, prouver que l'on peut faire aussi bien qu'un homme. .. »
Un peu de douceur
Et puis, une femme apporte un peu de douceur dans ce monde de parpaings , de briques, de poutres, de sacs de plâtre et de ciment. Peut-être plus qu'un homme ne saurait l'être, Marlène est attentive au détail, à l'ordre, à la propreté dans l'entreprise. « C'est vrai que, de ce côté-là, je suis très exigeante... »
Le regret que pourrait avoir la directrice générale, c'est qu'il n'y a pas davantage de femmes dans le métier. « Ma fille aînée, qui termine ses études, a bien envie de se lancer. J'en suis ravie ! »
(1) En janvier, elle est devenue présidente du club d'entreprises du Pays royannais. Elle est également vice-présidente locale du club d'entrepreneurs Germe.
Source Sud Ouest
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