A Roumazières, Monier investit 2,6 millions d'euros et lance la tuile Fériane
L’entreprise, dirigée par Jean-François Longère, parie sur la tuile Fériane, à l’aspect canal Médoc (une forme en ogive esthétique de la région), très facile à poser et économique.
Clin d'œil aux ferias du Sud-Ouest, la Fériane est une tuile. Et pas n'importe quelle tuile. C'est la dernière-née du groupe Monier, leader mondial et numéro 3 du marché français de la tuile, derrière Imerys et Terreal. Commercialisée depuis novembre 2013, elle a vu le jour en Charente limousine, dans l'usine de Roumazières-Loubert, la plus grosse des sept unités françaises de ce groupe qui dégage 3 milliards d'euros de chiffre d'affaires dans le monde (1) et 150 millions d'euros en France.
« Nous avons investi 2,6 millions d'euros ici à Roumazières et rénové toute une ligne de production en 2012 pour lancer la Fériane. Nous avons fabriqué en deux mois 600 000 tuiles, et ça va monter en puissance », explique Jean-François Longère, directeur du site charentais.
Alors que le marché de la tuile a tendance à décliner en France (crise du bâtiment, attraits pour les toits plats), Monier espère ainsi préserver l'emploi sur le site (185 salariés, cinq équipes). Après avoir connu une période faste de 2000 à 2006 (l'effet tempête du siècle), l'entreprise a dû en effet, l'an passé, digérer un plan social, soldé à Roumazières par quelques départs naturels.
Neuf et rénovation
« La Fériane, une tuile de 12 au mètre carré, est une réelle prouesse technique et esthétique, une réponse de conquête sur le marché grand moule », assurent ses concepteurs. « Elle a tout d'une tuile canal traditionnelle, notamment cette forme en ogive typique de la région du Grand Sud-Ouest de la France. L'illusion est parfaite. » Avec deux avantages qui font la différence, la facilité de pose et son confort. « Les coupes sont considérablement limitées et la pose instinctive. Sur une dizaine de chantiers tests en France, on est aussi bien accueillis dans le neuf que dans la rénovation », explique le responsable qualité de l'entreprise.
L'usine charentaise fonctionne quasiment à feux continus (sauf une interruption de quatre semaines en été) en 5/8, sur quatre lignes de production. La richesse de la tuilerie lui vient du sol de Roumazières, capitale européenne de la tuile en terre cuite depuis plus d'un siècle. Ici, la tuile a même son festival. Elle est l'âme de la région.
« L'extraction se fait à 10-15 kilomètres de l'usine, à Cherves-Châtelars, pendant la saison sèche. Un gisement de plusieurs qualités d'argile qui confèrent aux tuiles de Roumazières une résistance optimale dans le temps. Et aussi un gisement qui est loin d'être épuisé », assure le directeur. Lequel insiste néanmoins sur l'attention permanente portée à la politique de tri, au recyclage et à la réhabilitation des déchets et des carrières.
Hier, sur la ligne de production réservée à la Fériane et à deux autres tuiles, on pouvait suivre la fabrication de la tuile, de la préparation de l'argile (broyage, extrusion) au pressage entre deux moules en plâtre, particularité revendiquée par Monier car « le plâtre garantit de belles finitions ». Mais aussi du séchage (la tuile passe d'un taux d'humidité de 20 à 30 % à 1 voire 2 %) à l'engobage (coloration de la tuile), de l'empilage (une qualité revendiquée par Monnier) à la cuisson des tuiles.
74 millions de tuiles par an
« La cuisson s'effectue en suivant une courbe jusqu'à une température maximale de 950 °C selon le type d'argile », explique Jean-François Longère, devant une allée de 140 mètres de fours. « En une journée, on consomme en énergie ce qu'Angoulême et son agglomération consomment en une année [10 millions de mégawatts/h] », ajoute-t-il.
Une comparaison plus parlante que des chiffres, même si ces derniers le sont aussi. L'entreprise Monnier produit en effet 74 millions de tuiles et 5 millions d'accessoires par an sur le site de Roumazières. Et fabrique une dizaine de types de tuiles et leurs accessoires expédiés dans toute la France (Grand Sud-Ouest et Sud-Est en particulier) et un peu à l'export, environ 5 % de sa production.
(1) 122 sites dans 30 pays, 8 600 employés en Europe et en Asie.
Source Sud Ouest
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