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09/12/2013

Les isolants sous vide, une technologie à suivre

Les isolants sous vide sont connus en France depuis 5 ans, environ. Cette technologie devrait intéresser les industriels, qui vont développer leurs premières offres de PIV…
Les isolants sous vide, le plus souvent appelés PIV (Panneaux Isolants sous Vide) ou VIP (Vacuum Insulation Panels), possèdent plusieurs caractéristiques distinctives, certaines enviables, d'autres gênantes. La plus remarquable est leur très faible conductivité thermique.
La conductivité thermique, notée λ en W/m.K, exprime l'efficacité d'un isolant et permet de comparer des isolants entre eux : plus la conductivité thermique est faible, plus l'isolant est efficace.
Plusieurs fabricants proposent diverses solutions avec des λ de 0,0042 à 0,0050W/m.K, soit 6 à 8 fois moins que les plus performantes des laines de verre actuelles. Dow Corning a présenté un PIV à Batimat avec un λ 0,0050 W/m.K. Il s'agit de panneaux destinés à la réalisation de murs-rideaux.
Des produits de pointe
Les PIV sont des produits de pointe, disponibles auprès de 6 à 7 marques en Europe seulement et fabriqués en séries relativement courtes. Leur prix est extrêmement élevé et dépasse 100 € HT/m² pour des épaisseurs de 25mm.
Second inconvénient, les PIV possèdent des dimensions fixes et ne peuvent être recoupés sur le chantier. Les entreprises envoient un plan des surfaces à isoler, le fournisseur retourne un plan de calepinage qui maximise l'emploi de panneaux dans des dimensions standards et minimise le nombre de panneaux réalisés sur mesure afin de ne pas faire exploser les coûts de fourniture.
Ensuite, il vaut mieux poser les PIV en couches croisées, sinon, un pont thermique apparaît à chaque joint entre panneaux. Si les PIV sont posés en isolation par l'intérieur, il faut que les occupants successifs du local évitent de planter des clous ou des vis dans le mur.
Enfin, il demeure une inconnue quant à la longévité dans le temps. Un PIV est un panneau de nano-poudre de silice, enfermée dans une enveloppe aluminium étanche, placée en dépression.
Le Prebat a co-financé une étude sur la durée de vie des PIV, menée conjointement par le Cstb, EDF R&D et Acome. Ses résultats indiquaient que la valeur initiale des PIV en partie centrale était de l’ordre de 0,005 W/(m.K) pour la silice nanostructurée à 10 mbar.
Après un vieillissement de 700 jours à 50°C et 90% HR, qui correspond à 15 ans de mise en place sur site, la conductivité thermique de l’âme demeurait faible à 0,008W/(m.K). Les auteurs soulignaient que le pont thermique périphérique du VIP peut représenter 25 à 35% de pertes de chaleur. L'étude ne se prononçait pas quant à la fiabilité de l'étanchéité à l'air de l'enveloppe d'aluminium.
Les emplois des isolants sous vide
On voit apparaître sur les marchés suisses et allemands des panneaux de bois, de béton, de PSE, de polyuréthane, prêts-à-l'emploi et contenant une lame de PIV. Saint-Gobain a présenté à BAU 2013 à Munich des panneaux contenant des PIV. Mais il n'a pas encore décidé de les commercialiser en France, même sous la marque Weber.
Eternit, une marque du groupe Etex, commercialise diverses solutions d'isolation thermique, dont des sandwichs contenant du PIV, sur le marché allemand, mais en France, Eternit en reste à la toiture ardoise et au bardage en façade.
Promat, une autre entreprise du groupe Etex qui n'exposait pas à Batimat, propose Slimvac, des panneaux contenant un PIV. Slimvac vient du portefeuille de produits Microtherm, une entreprise néerlandaise, acquise par le groupe Etex.
Siniat, une autre filiale du groupe Etex, envisage d'introduire sur le marché français en 2014 un système complet d'isolation thermique par l'intérieur à base de plaques de plâtre contenant des PIV. Les PIV Siniat devraient offrir des épaisseurs de 10 à 40 mm, dans six dimensions standard. A notre connaissance, ce sera la première offre de PIV sur le marché français.
Pour une résistance thermique donnée, le PIV sera bien plus mince que tout autre isolant. Dans les centres villes où le prix du m² est élevé et où, pour diverses raisons, il est impossible d'isoler par l'extérieur, l'emploi du PIV en isolation par l'intérieur prend tout son sens.
Dans le centre de Paris, par exemple, où le prix du m² en bureaux ou en logement peut dépasser 8000€, si l'utilisation d'un PIV de 25mm au lieu d'un isolant de 20cm d'épaisseur fait économiser des m² habitables, donc vendables, le calcul économique est sans aucun doute en faveur du PIV.
En isolation par l'extérieur, il est particulièrement difficile de justifier l'emploi du PIV par rapport à d'autres solutions plus classiques. Sauf si l'épaisseur possible est restreinte en raison de réglementations d'urbanisme.
L'isolant translucide
Pour l'avenir, tous les fabricants, dont Saint-Gobain Isover, s'accordent sur le fait que deux solutions d'isolation thermique paraissent particulièrement intéressantes : les isolants sous vide d'une part, les aérogels d'autre part.
Les aérogels de silice, qui n'étaient pas exposés à Batimat cette année, présentent l'immense avantage d'être translucide et d'offrir une bonne protection acoustique. Une seule marque, Cabot Inc., représentée dans notre pays par Cabot France, en commercialise réellement.
Ce produit, baptisé Nanogel par Cabot, est incorporé à l'intérieur de doubles vitrages, de profilés de verre ou de polycarbonate pour réaliser des parois extérieures laissant passer la lumière, thermiquement isolantes avec des λ de l'ordre de 0,017 à 0,018, et avec un bon isolement acoustique.
Une vingtaine de bâtiments, la plupart étudiés par le BET Pouget Consultants, utilisent l'aérogel de silice de Cabot en France, dont un gymnase à Carquefou, une médiathèque à Bri-sous-Forges et un hypermarché Carrefour à Mont-de-Marsan.
Des intégrateurs français ont conçu des produits spécifiques avec le Nanogel : Alcaud (panneaux extrudés jusqu'à 7m de long et 2,1m de large, à deux ou trois parois en polycarbonate alvéolaire transparent, de 10, 16 ou 25mm d'épaisseur avec remplissage des alvéoles par Nanogel), Airsun (éclairement zénithal), Unidek (isolant en rouleaux de 10mm d'épaisseur au maximum, avec un λ de 0,014), etc.
Le CNRS et l'Ecole des Mines sont parvenus à mettre au point un aérogel de silice qui n'est plus translucide, mais transparent à 90% et dont le λ atteint 0,016. Pour l'instant, cette solution n'est pas industrialisée.

Source Batirama

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