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16/10/2013

Enduits sur terre crue : les règles à connaître

Le matériau “terre crue” et sa mise en œuvre s’appuient sur une récente publication de règles professionnelles pour une application sans faille.
Elles ont été acceptées avec suivi du retour d’expérience depuis mars 2012 par la Commission Prévention Produits mis en œuvre (C2P) de l’Agence Qualité Construction. Ces règles professionnelles pour la mise en œuvre des enduits sur supports composés de terre crue ont nécessité un travail de très longue haleine.
Pas moins de 80 professionnels de la France entière y ont participé, soutenus notamment par la Fédération Française du Bâtiment (FFB), la Fédération Nationale des Scop du Bâtiment, l’Ecole Nationale des Travaux Publics de l’Etat (ENTPE) et le Réseau écobâtir (voir encadré page 33).
Un peu d’histoire. En effet, tout débute en 2006, lors des travaux de révision du NF DTU 26.1 “Travaux de bâtiment – Enduits aux mortiers de ciments, de chaux et de mélange plâtre et chaux aérienne” où les discussions entre professionnels ont fait prendre conscience qu’aucun document ne couvrait la construction en terre.
Surtout, compte tenu de la diversité des supports et des enjeux sur la préservation du patrimoine, il était indispensable de disposer d’un document spécifique de cette mise en œuvre, leur permettant ainsi d’assurer leurs ouvrages plus facilement et de poursuivre leur activité.
Car, rappelons que le patrimoine français compte déjà un grand nombre d’édifices en terre (maisons, fermes, écoles, etc.), ­notamment en Normandie, en Bretagne, dans le Sud-Ouest ou en Auvergne et Rhône-Alpes, respectivement les régions de prédilection du torchis, de la bauge, de l’adobe et du pisé.
«Quelque 2 à 3 millions de logements en terre crue sont recensés en France, indique Nicolas Meunier (voir encadré), chef de file FFB de la rédaction des règles professionnelles. Ces constructions diverses et variées (terre-paille, blocs comprimés, murs en pierre maçonnées à la terre, etc.) font régulièrement l’objet de rénovations et la mise en œuvre d’un enduit peut être source de questions et de désordres !»
La création d’un groupe de travail dédié. Le besoin des règles professionnelles s’est fait d’autant plus sentir que, comme l’explique ce maçon spécialiste et passionné de la construction en terre crue : «dans la terre, il y a de l’argile, du sable, des graviers… c’est un matériau à changement de phase.»
Il ajoute : «quand on applique un enduit sur la terre, on peut modifier les caractéristiques du support et donc le confort de la maison car un mur doit être étanche à l’air et aux intempéries mais doit aussi respirer. Nous nous sommes donc battu afin que l’on reconnaisse les caractéristiques du matériau terre. Il faut appliquer des enduits poreux à la vapeur d’eau – et il en existe une grande variété – et, surtout, éviter l’application d’enduits ciment totalement étanches».
C’est alors que dès juillet 2011, quatre réunions sont organisées en présence de 56?maçons venus des quatre grandes régions françaises de la construction en terre crue pour expliquer leurs savoir-faire. «Nous avons travaillé sur 7 types de supports différents (voir page suivante), plus ou moins argileux et limoneux et il fallait mettre à plat toutes nos techniques et nos méthodes», précise Nicolas Meunier.
Un cadre et deux tests imparables. Un vrai travail d’échanges a ainsi été opéré afin d’aboutir à la définition d’un cadre précis pour ces règles professionnelles. «Ces réunions ont permis de répondre à de nombreuses questions comme comment valider la qualité de l’accroche et le bon dosage en terre», ajoute ­Nicolas Meunier.
L’ENTPE a notamment mis au point deux tests imparables pour les maçons ne connaissant pas le matériau. «Il peut s’agir aussi de maçons qui travaillent dans une autre zone que la leur et qui ne connaissent pas les caractéristiques de la terre locale», précise Nicolas Meunier. Ces tests permettent donc de connaître avec certitude si la teneur en argile est suffisante et la qualité de l’accroche afin de bien préparer l’enduit.
Une obligation de résultats et non de moyens. Ces règles professionnelles encadrent désormais ces savoir-faire transmis auparavant oralement aux maçons en formation. «Ces règles complètent le DTU Enduits et se présentent sous la forme d’une obligation de résultats et non pas de moyens. On n’impose pas, par exemple, une quantité de sable déterminée et les fourchettes sont larges. Cela nous permet d’expérimenter une terre que l’on ne connaît pas, d’y ajouter certains éléments, comme des fibres, ou du ciment Prompt dans les enduits à base de chaux», renchérit Nicolas Meunier.
Diverses publications. Très attendue par les professionnels du secteur, une première version des règles professionnelles pour la mise en œuvre des enduits sur supports composés de terre crue a été publiée par la FFB dans le cadre de son programme recherche développement métiers (PRDM). Le Réseau écobâtir va publier, au mois de septembre prochain, une version qui contiendra 54 fiches illustrées décrivant précisément des mises en œuvre d’enduits intérieurs et extérieurs à base de chaux ou de terre, sur les 7 types de supports en terre crue sur lesquels interviennent les maçons. Diffusé via les réseaux de la FFB, de l’ENTPE et des Scop, ce document essentiel permettra également aux Maîtres d’ouvrages et aux Maîtres d’œuvre de faire les bonnes préconisations !

Source Batirama

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