Une carrière, ce n'est pas seulement un trou de 10 à 15 hectares. Ce sont des infrastructures, des routes. On veut une réunion publique de Terreal", tempête François Bernard, président de "La Colline 16", la nouvelle association de défense de l'environnement d'Orgedeuil. L'entrepreneur audiovisuel, qui a acheté une bâtisse au hameau de "La Ribe" il y a une vingtaine d'années, craint pour l'avenir du territoire. "Un territoire, dit-il, à potentiel agricole et touristique."
Lorsqu'il a entendu parler du projet de carrière, il a rencontré les élus et le directeur de Terreal Bruno Hocdé. Visiblement, cela n'a pas suffi à apaiser ses craintes. Il n'accepte pas que la Safer [société d'aménagement foncier et d'établissement rural] ait déjà passé des compromis de vente pour 54 hectares situés en grande partie autour de son village, mais aussi dans les communes voisines de Montbron, Mazerolles, Yvrac et Saint-Sornin. Il s'inquiète des premiers sondages effectués actuellement sur ces terrains.
Deux logiques s'affrontent
"On prospecte comme on le fait partout dans la région. On vérifie s'il y a assez d'argile; si ce n'est pas le cas, on n'achètera pas, on a une clause suspensive, rétorque le directeur de Terreal qui réfute le manque d'information. On a tenu des permanences à la mairie d'Orgedeuil". Une réunion publique? "C'est prématuré, il n'y aura rien de concret avant deux ans. Peut-être qu'un jour il y aura une carrière, pas avant trois ou quatre ans. Peut-être aussi qu'elle ne se fera pas. Ces terrains peuvent nous servir à faire des échanges pour aller ailleurs."
Pas sûr que cela suffise à rassurer François Bernard et sa trentaine d'adhérents, "des riverains qui savent très bien l'impact d'une carrière". Pour le président, la situation "délicate" de Terreal ne permettra "pas de créations d'emplois", l'argument avancé par les élus. Pour lui, le projet "ne favorise" ni le développement économique de son secteur, ni l'installation des jeunes. Au contraire, "il fragilise l'agriculture et le tourisme".
"Il y a deux centres équestres ici. Chevaux et camions ne font pas bon ménage. Les sentiers ne seront plus accessibles", anticipe François Bernard, attaché à ces paysages, boisés et vallonnés qui flirtent avec le massif de l'Arbre. Comme bien d'autres avant lui, il redoute le voisinage d'une carrière. En face, les tuileries, comme les entreprises de travaux publics, ont besoin de matière première pour travailler. Éternel dilemme.
La Safer garantit "la transparence"
"On s'interroge sur le rôle de la Safer, un organisme à vocation publique qui intervient dans le cadre d'une entreprise privée. Elle ne favorise pas l'installation des jeunes, ne protège pas l'environnement", accuse François Bernard, président de "La Colline 16".
"C'est dans nos missions d'intervenir sur l'agriculture et les projets de développement économique. La Safer permet à la profession agricole d'avoir un droit de regard, d'assurer la transparence et de maintenir un prix correct. On a la maîtrise du foncier. Le projet a été validé par nos instances. On a expliqué tout cela aux représentants de l'association que nous avons rencontrés à plusieurs reprises", répond Sylvie Massacret, la directrice.
Source La Charente Libre
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