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08/04/2013

Bordeaux: Des pavés barpais sur le pont Chaban-Delmas

Les 1 000 m2 de pavés des parvis du nouveau pont bordelais proviennent de Grès de Gascogne. Une belle réussite pour cette entreprise bien ancrée dans la région.
Sur le nouveau pont Chaban-Delmas, « tout ce qui est rosé, c’est nous », s’exclame Marie-France Dubourg qui était présente à l’inauguration : les 1 000 mètres carrés de pavés des parvis de chaque côté du pont proviennent des Grès de Gascogne, l’entreprise du Barp (1) dirigée par Jacques Dubourg. Les pavés ont été livrés par une autre entreprise du secteur, les transports GMS du Barp.
Cela fait plus de vingt ans que l’entreprise de Jacques et Marie-France Dubourg fabrique les pavés de la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB), les « cales » comme on les nomme souvent dans la région.
L’aventure bordelaise a commencé en 1985 : un urbaniste bordelais recherche pour la ville de Marmande (47) des pavés en céramique antidérapant et s’adresse aux Grès de Gascogne pour un premier chantier de 1 000 mètres carrés. La voie est ouverte, l’entreprise répond aux appels d’offres et emporte nombre de marchés publics, dont la CUB.
Récemment, ce sont les trottoirs de Bergerac, ainsi que le Moulleau à Arcachon où le platelage en bois est remplacé par des pavés en terre cuite. Depuis quelques mois, les 10 000 mètres carrés des berges du lac de Bordeaux se pavent de grès de Gascogne et le parvis de la mairie de Belin-Béliet, en réfection actuellement, a fait appel à sa voisine barpaise.
Le succès du pavé céramique
L’entreprise exploite sur place un gisement d’argile d’une finesse exceptionnelle et constante à Pourtiche, près d’Haureuils, au Barp. Une grosse lentille souterraine, de 4 à 6 mètres d’épaisseur sous 2 mètres de terre. Un potentiel de 250 000 tonnes, une exploitation annuelle de 2 000 tonnes. Il y a plus de cent cinquante ans, c’est une vieille famille locale, les Baillet, qui faisait tourner la briqueterie.
L’exploitation s’arrête pendant la guerre puis est rachetée. Henri Dubourg, qui travaillait sur Cabanac, prend la société en gérance en 1947 avant de la racheter en 1953. L’entreprise produit alors tuiles, briques, carrelage vernissé et pots à résine. En 1966, l’entreprise prend son nom actuel : Grès de Gascogne.
Son fils Jacques, qui s’est formé dans le secteur - BTS céramique - reprend l’exploitation en 1987. La concurrence étrangère devient redoutable pour les carreaux vernissés, il faut passer à autre chose, le carreau mat et surtout le pavé en céramique, à la belle couleur de terre cuite, très résistant à l’usure, ne craignant pas le gel, est parfait pour les trottoirs, tours de piscine ou allées de garage, à un prix très compétitif. Actuellement, 10 à 12 000 mètres carrés de pavés sont produits chaque année.
Jacques à la technique et Marie-France au bureau ont toujours privilégié le côté artisanal, les traditions, le beau travail et la qualité de vie. Deux employés travaillent avec eux, l’un à la fabrication, Nicolas, l’autre au four, Kevin, un troisième peut être engagé ponctuellement en cas de grosse commande. Leur activité est répertoriée dans les métiers d’art - ils participeront aux journées européennes les 5, 6 et 7 avril. Et surtout, ils ont obtenu le label Entreprise du patrimoine vivant (EPV), une marque de reconnaissance de l’État pour des entreprises aux savoir-faire artisanaux et industriels d’excellence - une machine à pot à résine datant de 1943 est la dernière à fonctionner dans la région.
Circuit écologique
La protection de l’environnement n’est pas oubliée : l’extraction n’est qu’à 500 mètres des installations. Au fur et à mesure, les zones vidées de leur argile se remplissent naturellement d’une eau qui servira à humidifier l’argile en cours de production. Un circuit écologique. Les poissons qui vivent dans les étangs ne diront pas le contraire. Jacques Dubourg vient également de déposer un brevet pour un pavé écologique aux propriétés antipollution et autonettoyant.
Enfin, Jacques et Marie-France ont à cœur de transmettre leur savoir-faire. Ils accueillent les visiteurs à tout moment en semaine et n’hésitent pas à passer du temps avec eux. Dommage que les nouvelles législations ne permettent plus aux écoles de visiter le site, « les gamins ne peuvent plus découvrir la vraie vie », déplore Jacques. Dans un an, ce dernier aura 65 ans, son fils, dans les travaux publics, ne tient pas à reprendre l’exploitation, même s’il a toujours plaisir à assurer lui-même l’extraction des argiles en été. Dès lors, que deviendront les Grès de Gascogne ?

Source Sud Ouest

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