Conçus par AeA Architectes, les premiers logements passifs du promoteur alsacien Perspective démontrent la compatibilité entre construction passive et techniques traditionnelles
Pour se conformer au référentiel de la construction passive, soit une consommation d’énergie primaire plafonnée à 15 kWh/m2.an, le promoteur alsacien Perspective mise sur les techniques traditionnelles.
Les 80 logements du parc Saint-Thomas, en chantier à Niederhausbergen (nord-ouest de Strasbourg) servent de laboratoire thermique et environnemental à leur maître d’ouvrage : « Il n’existe pas de retour d’expériences régionales en construction passive, sur un projet de cette importance », affirme Jean-David Adrian, directeur de la promotion immobilière chez Perspective. Cet opérateur strasbourgeois actif maison individuelle et logements collectifs a remporté la compétition orchestrée par la Société d’équipement de la région de Strasbourg pour les deux lots affectés à la promotion privée, dans le lotissement communal.
L’innovation ne doit rien aux techniques choisies : toitures à double-pans pour des logements intermédiaires agencés dans des grandes villas, isolation par l’intérieur associée à des briques de 30… «Plutôt que de choisir des technologies coûteuses en investissement comme en exploitation et qui enlaidissent les projets, nous voulons construire des immeubles qui vieillissent bien ». Selon le promoteur, ces objectifs s’accommodent difficilement avec l’esthétique des panneaux photovoltaïques et avec les risques de moisissure qui menacent l’isolation thermique par l’extérieur.
Coopération précoce
En amont du chantier, la réussite repose sur la coopération précoce entre l’architecte et les ingénieurs : «Aussitôt après la seconde esquisse, nous avons invité l’architecte à optimiser le projet avec les bureaux d’études chargés des structures, des fluides et de l’accompagnement environnemental », insiste Jean-David Adrian.
Cette phase a permis de valider les choix de structure et des matériaux, en particulier les briques fournies par Wienerberger France et les fenêtres bois alu à double vitrage, en provenance d’Allemagne. Du point de vue de l’analyse du cycle de vie, le matériau de structure, fabriqué dans la briquerie d’Achenheim, distante d’une quinzaine de km, ajoute les atouts de la proximité au bilan énergétique de la construction. « L’essentiel de la performance vient du savoir-faire des entreprises locales qui ont su gagner notre confiance », poursuit Jean-David Adrian. L’hommage s’adresse d’abord au maçon Socasto, de Geispolhsheim (banlieue de Strasbourg), garant de l’étanchéité des murs.
Essai social à transformer
Pour intégrer l’objectif énergétique dans une démarche de développement durable, Perspective veille au respect de sa charte « Chantiers propres », assortie de pénalités pour ceux qui s’en affranchiraient. L’expérimentation en cours au parc Saint-Thomas s’applique également au paysage de l’ancien verger où se développe le lotissement : l’architecte AeA a dissimulé l’ensemble des parkings en sous-sol, et l’entreprise de paysage Thierry Muller Espaces verts a privilégié les essences locales et mellifères.
Le promoteur reconnaît que sur le plan social et au stade de la première tranche de 33 logements, le programme n’a pas encore atteint sa cible de jeunes ménages susceptibles de ramener des écoliers dans la commune, compte tenu d’un prix moyen de 268 000 euros par appartement de 108 m2, majoritairement acquis par des propriétaires occupants. « Grâce aux investisseurs, nous devrions atteindre l’objectif social initial dans la seconde tranche », espère Jean-David Adrian.
Air : deux logements instrumentés
Le promoteur entend positionner le Parc St-Thomas dans les politiques émergeantes d’amélioration de la qualité de l’air intérieur des bâtiments : des négociations en cours avec l’Association pour la surveillance des pollutions atmosphériques portent sur l’instrumentation de deux logements, l’un vide et l’autre occupé. « Comment se situent les appartements, juste après leur mise en peinture ? Comment évoluent-ils ensuite en fonction de l’occupation ? Il n’existe encore aucune donnée sur ces sujets cruciaux », constate Jean-David Adrian. Sans doute faut-il aussi voir dans ce suivi scientifique une opportunité pour tirer parti d’un rythme de commercialisation ralenti par la crise.
Source le Moniteur par Laurent Miguet, bureau de Strasbourg
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