Des cimenteries ferment, des terminaux d'importation ouvrent.
Ceci alors que la France est en surcapacité.
Les cimentiers français souffrent. La consommation de ciment a baissé de 7 % l'an dernier mais, surtout, elle a plongé de 21 % en décembre par rapport au même mois en 2012 et la baisse a été de même ampleur en janvier. Cela donne la mesure du trou d'air que connaîtra dans les prochains mois l'ensemble du secteur du bâtiment. Les cimentiers étant en amont de la filière, avec les maçons et le gros oeuvre, ils subissent les premiers l'effondrement actuel des mises en chantier, avant que ses conséquences n'atteignent les métiers plus en aval de la chaîne de construction.
Tout comme la Fédération française du bâtiment, le syndicat français de l'industrie cimentière (SFIC) ne prévoit aucune amélioration de la conjoncture cette année, au contraire : il s'attend à une baisse encore plus prononcée (- 9 %) de la consommation de ciment.
Ce plongeon signifie que les capacités de production excèdent désormais de loin les besoins. Et pourtant, « depuis la crise fin 2007, les importations n'ont cessé de progresser, souligne le président du SFIC, Rachid Benyakhlef, Il y a 27 millions de tonnes de capacités installées en France pour une production de 18 millions de tonnes en 2012 et, malgré cela, 1,9 million de tonnes ont été importées, soit 10 % de la consommation. » Le « clinker » (des granulats qui, une fois passés au four et broyés, constituent la matière de base du ciment) est produit moins cher hors d'Europe. « Des pays comme la Turquie n'ont pas le même coût du travail, ni la même réglementation environnementale, explique Rachid Benyakhlef. Cette distorsion de concurrence permet d'obtenir un clinker 10 % à 20 % moins cher transport inclus. Or le clinker représente 80 % de la valeur ajoutée du ciment.»
Soit le clinker est importé et broyé en France dans un site portuaire, comme celui que Kercim va démarrer au printemps à Saint-Nazaire, soit des acteurs indépendants, essentiellement dans le sud de la France, importent directement le ciment. Ils n'ont besoin pour cela que d'un terminal portuaire et « c'est un investissement très modeste, un silo de terminal coûte 1 à 2 millions d'euros et une station de broyage 30 à 40 millions contre 250 millions pour une cimenterie », précise Rachid Benyakhlef.
Un déclin annoncé
Si rien n'est fait, souligne le SFIC, le secteur cimentier sera le prochain à subir la désindustrialisation. Le syndicat, qui regroupe les cinq grands cimentiers présents en France, avait déjà alerté en 2011. Depuis, au nom du déclin de la demande dans la région, Lafarge a annoncé la fermeture de son usine de Frangey (Yonne), Holcim, lui, vient d'annoncer il y a une semaine la fermeture de l'usine de Dannes (Pas-de-Calais). La plus vieille cimenterie de France ne constituera plus qu'un centre de broyage. Holcim construit en revanche une station de broyage à l'anse Saint-Marc (La Rochelle), à quelques centaines de mètres de l'île de Ré, pour importer le clinker de ses usines situées dans d'autres régions ou pays. « Il communique sur 600.000 tonnes de capacités, mais le permis a été délivré pour 1,3 million de tonnes, c'est énorme ! » dénonce Frédéric Jacq, président de l'association Mat-Ré, qui a déposé deux recours contentieux, pour risque de pollution d'une zone Natura 2000 et insuffisance d'enquête publique.
Source les Echos par Myriam Chauvot
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