
L'idée d'intégrer des milieux de culture algale aux façades des bâtiments date maintenant de plusieurs années. Anouk Legendre, architecte et fondatrice de l'agence X-TU, s'y intéresse depuis 2008, année où elle a déposé un brevet. "Mais nous sommes une agence d'architecture et nous n'avions pas toute la légitimité pour mener à bien un projet transverse de cette envergure", nous explique Olivier Scheffer, directeur R&D. "Nous sommes donc allés à la rencontre de différents acteurs". Deux projets d'étude émergent alors : une tour à la Défense en 2009-2010 et la tour D3A dans le 13e arrondissement parisien en 2010-2011. "Suite au premier projet, où nous étions partenaires avec l'espagnol Bio Fuel Systems, nous avons perçu les limites des tubes bioréacteurs de plusieurs mètres plaqués sur une façade", poursuit le responsable R&D. Des limites tant liées au bâtiment, avec des surcoûts engendrés par le renforcement des structures afin de supporter le poids des tubes, qu'au milieu de culture avec une faible productivité et des problèmes d'encrassement.

Une très forte productivité

Un projet industriel
"L'usage des micro-algues est pour l'instant cantonné à des domaines à très forte valeur ajoutée, comme la santé ou la cosmétique, car le coût de revient est encore très élevé. Mais avec des productions de l'ordre de 20 à 30 tonnes par façade et par an, on pourra viser un marché plus large", annonce Olivier Scheffer. En revanche, il n'est pas encore question de produire des algocarburants en façade, avant 10, 15 ou 20 ans, toujours à cause des prix : "Brûler des lipides et des algues qui valent 350 €/kg est un non-sens et le bilan énergétique est défavorable !".
Test grandeur nature
La prochaine étape pour X-TU et ses partenaires est l'installation d'un banc d'essai grandeur 1, en façade, qui sera instrumenté afin de vérifier l'impact à la fois sur les cultures et sur le bâtiment. Il sera implanté au printemps 2013 à Saint-Nazaire, non loin des laboratoires du GEPEA. "Et si les résultats sont concluants, le groupe Séché Environnement déploiera le système sur la façade d'une usine d'incinération", conclut le directeur de la recherche et du développement X-TU. Un projet industriel qui pourrait voir le jour avant la fin de l'année. L'installation récupérerait alors de la chaleur des fumées et du CO2 afin d'exploiter ces ressources perdues et d'alimenter les cultures. Des solutions qui intéressent déjà des maîtres d'ouvrage et des collectivités, peut-être pour une diffusion plus large en 2014. Mais les micro-algues envahiront-elles toutes nos façades ?
Source Batiactu
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire