La société familiale des Briqueteries du Nord (BdN), créée
en 1912 par plusieurs associés, est actuellement dirigée par la quatrième
génération, Gilles Bernard et Xavier d’Abissin. Si l’entreprise poursuit sa
production de briques apparentes, elle a profondément modifié sa structure
industrielle dans le temps. Elle a aussi multiplié les évolutions de procédés
et produits, sans oublier les fruits de la recherche et de l’innovation
(travaux sur le procédé “Novosol”, gamme “BdN Innov’”, gamme “CruBricq”). Elle
a enfin opéré une orientation calculée vers la diversification (négoce de
matériaux, enfouissement et recyclage de déchets du BTP).
Concentration sur trois sites de production
Durant ce siècle d’existence, la société est passée par une
phase de réduction du nombre de sites. « Les “BdN” ont en effet compté de
nombreux sites, dans ses débuts, avec un parc de fours Hoffman alimentés au
charbon, explique Gilles Bernard, co-dirigeant de l’entreprise. Notamment celui
des houillères de Lorraine avant leur fermeture en 2002. Actuellement et depuis
1976, nous ne possédons plus que trois briqueteries, celles de Leers, Lomme et
Templeuve et chacune d’elles est proche de moins d’un kilomètre de sa carrière
d’extraction : nous minimisons les transports de matières premières ».
Le four de Leers est un four Hoffman, conforme au dessin de
ses inventeurs en 1858. Il est toujours chauffé au charbon, maintenant importé
d’Amérique du sud, et en consomme mille tonnes par an. En revanche, les
briqueteries de Lomme et de Templeuve cuisent les briques au gaz naturel dans
un four tunnel. La mécanisation y a été fortement poussée avec, dès l’an 2000,
la robotisation de l’empilage des briques sur les wagons qui prennent la
direction du four et bien sûr l’automatisation des procédés cuisson et séchage.
Brique “Ebène” fabriquée à la briqueterie de Lomme.
Expérimentation sur incorporation de matières dans la
matrice argileuse
« Nous avons aussi fortement multiplié les innovations ces
dernières années, poursuit Gilles Bernard. Ainsi, sur le site de Templeuve, des
briques ont été obtenues en remplaçant en partie le sable, qui est un
dégraissant naturel extrait de nos carrières, par des sédiments fluviaux
inertés grâce au procédé “Novosol”. »
« Ce procédé a été mis au point en 2002 et développé par le
groupe Solvay après des études conjointes des chercheurs de notre service
R&D associés à ceux de l’École centrale de Lille (ECL), avec laquelle nous
entretenons une collaboration soutenue. Nous avons aussi travaillé sur le
procédé VBC 3 000 en incorporant des boues de station d’épuration. Quant à
notre service R&D, où les recherches sont très poussées, y compris par un
thésard, il représente une charge d’environ 2 % de notre chiffre d’affaires,
mais il nous permet de belles innovations. Nous nous sommes également fortement
diversifiés », poursuit-il.
Dernière innovation, technique et commerciale : la gamme
“CruBricq”
Autre nouveauté : l’utilisation de la terre crue qui, bien
qu’utilisée partout, un tiers des constructions dans le monde le sont avec ce
matériau, n’est pas développée en France alors qu’on l’utilise dans un pays
comme l’Allemagne.
«Nous avons en effet décidé de créer tout dernièrement la
gamme “CruBricq”, composées de briques de terre crue et d’enduits, explique
Gilles Bernard. Les briques de cette gamme sont utilisables pour les murs
porteurs et non porteurs, extérieurs et intérieurs… Leur seul handicap,
important bien sûr : l’absence de règles professionnelles, avec pour seule
norme utilisable pour ce type de construction, la NF XP 13-901. Mais nous y
travaillons sérieusement, y compris avec la branche professionnelle ; en
interne, nous finançons un projet expérimental nommé “Terre du Nord” : il
s’agit de la construction d’un petit bâtiment en briques de terre crue, bardé
de capteurs et d’enregistreurs de température et d’hygrométrie. Ces derniers
devraient nous conforter dans notre avis que ces briques crues sont
caractérisées par des performances thermiques intéressantes. Nous menons en
parallèle ces innovations dans notre cœur de métier que représentent les
briques apparentes pleines et perforées, et la diversification dans d’autres
activités connexes… Ce sont par exemple : le négoce de matériaux, agrégats et
produits de gros-œuvre (depuis 1920) ainsi que, depuis les années 1990,
l’enfouissage des déchets inertes du BTP et depuis 2005 leur recyclage, lequel
représente un intérêt écologique et économique important », conclut Gilles
Bernard.
Ces diversifications et innovations importantes permettent
aux Briqueteries du Nord de conforter leur chiffre d’affaires global 2011 qui a
atteint 17 millions d’euros générés par cent personnes, sachant que la
production annuelle de briques, qui s’élève à environ 75 000 tonnes, représente
la moitié de ce chiffre d’affaires.
Source
L’Industrie Céramique et Verrière
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