Saint-Quentin : La capitale de Haute-Picardie a
accueilli le 4e Geopolymer Camp. La chimie de l’après pétrole se heurte au
lobby pétrolier.
Durant trois jours la cité des Pastels est devenue la
capitale mondiale des géopolymères.
Pas moins de 85 scientifiques, chercheurs et ingénieurs
venus des quatre coins des cinq continents du globe : Arabie Saoudite, USA,
Australie, Italie, Guatemala, Afrique du Sud, Japon, Jordanie, Koweït,
Malaisie… se sont réunis à Saint-Quentin sous l'autorité du professeur Joseph
Davidovits.
Un rendez-vous mondial passé pratiquement inaperçu et
presque à huis clos.
Dans les locaux de l'IUT de l'Aisne, les travaux des
scientifiques se sont articulés en quatre sessions consacrées principalement
aux applications de la chimie des géopolymères relevant des technologies de
l'après-pétrole, du développement durable, de l'effet de serre et de la
réduction des émissions gaz CO2.
Que de chemin parcouru depuis la première édition de ce
rassemblement en 1999. Cette année, un nouveau record de participation a été
enregistré pour ces rencontres, avec pour la première fois plus de 50 % des
participants provenant de l'industrie.
Des minéraux pour remplacer l'or noir
« Les géopolymères sont utilisés d'une façon extrêmement
variée dans l'industrie, qui va du simple ciment aux matériaux hypers
sophistiqués pour la défense, des composites non feu pour l'aéronautique, les
voitures de course en passant par l'industrie pharmaceutique, le traitement des
déchets toxiques et radioactifs, les plastiques sans carbone… » insiste le
charismatique Joseph Davidovits.
L'objectif de ce Geopolymer Camp était de développer cette
technologie sans pétrole, basée sur l'utilisation des minéraux et, par
conséquent, la préparation du monde de demain, celui de l'après-pétrole. Cet or
noir, énergie dont la fin est souvent annoncée et dont la flambée des prix met
régulièrement les économies en danger.
Inventeur de cette technologie le professeur Axonais avait
été reçu il y a quelque temps à l'Assemblée nationale pour y exposer ses recherches
à une structure chargée de la valorisation des projets de recherche à long
terme. A l'issue de son audition, les responsables de cette structure avaient
alors demandé à l'institut du pétrole entre autres de suivre le dossier.
Juges et parties
« J'avais présenté un projet qui n'a pas marché, les hauts
fonctionnaires parisiens n'ont pas compris ce que nous voulions faire »
confesse avec amertume Joseph Davidovits. Le chercheur Saint-Quentinois semble
donc s'être heurté au puissant lobby pétrolier, le port de terre contre le pot
de fer ! « Ceux qui devaient donner leur avis étaient payés par les cimentiers.
Leur réponse a été simple, nous sommes encore en phase de recherche, c'est
encore top tôt ».
Mais tel Astérix dans son petit village Gaulois, l'homme
fort de l'institut des géopolymères n'a pas baissé les bras pour autant. « Le
succès de cette édition 2012 prouve si besoin était que les représentants de
grands groupes comme BSF, Saint-Gobain, ou Inéris le plus grand fabriquant de
matériaux céramiques sont intéressés et bien présents ».
Joseph Davidovits veut encore croire dans le cadre de la
réorganisation IUT-Insset à la création d'un centre de recherche spécifique aux
géopolymères. « L'espoir fait vivre, cela fait trente ans que je développe
cela. Je ne suis pas seul, je représente un grand mouvement de sciences et
d'innovation, mais il faut que l'on m'aide ».
A voir le panel de scientifiques ayant répondu à
l'invitation du professeur Saint-Quentinois, nul doute que celui-ci est sur un
bon filon. A l'heure où les décideurs parlent régulièrement de la nécessité
d'investir sur l'avenir et la recherche, l'occasion leur est offerte de passer
de la parole aux actes.
Pas facile d'être avant-gardiste et prophète en son pays.
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