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13/03/2012

Si j’étais président…, Philippe Pénillard de Cleia

Traces Écrites News décide de couvrir la campagne de l’élection présidentielle à sa façon. Aussi, avons-nous demandé à certains dirigeants de s’imaginer dans la peau du futur président de la République et de décliner leur programme sur des thématiques qui font partie de leur quotidien. Philippe Pénillard, président de Cleia, implantée à Nolay (Côte-d’Or), relève aujourd’hui le défi.


«Si j’étais président, je crierais « halte à la «démagocratie» » et « vive une Assemblée Nationale indépendante » ! La démagogie a transformé la démocratie. Nous sommes aujourd’hui en «démagocratie» où les médias et le court terme priment sur l’essentiel, nos élus n’ayant d’autre choix que de privilégier la communication et la petite phrase, au fond des problèmes, souvent incompréhensibles pour le commun des mortels.

Et qu’en est-il de la profession de nos élus à l’Assemblée ? Une moitié de fonctionnaires ou assimilés, un quart de professions libérales, l’âge moyen est de 58,5 ans, l’ancienneté moyenne est supérieure à 20 ans… Est-ce représentatif de l’économie ? De la production ? De l’industrie ?

J’instituerais une chambre – représentant 20, 30, 40 % de l’Assemblée Nationale ? – qui ne soit plus élue et donc soumise au dictat de la communication et du court terme, mais désignée, voire tirée au sort parmi un collège de volontaires constitué sur des critères socioprofessionnels et de compétences. Peut-être alors ne serions-nous plus gouvernés par tant de professionnels de la politique, soumis aux contraintes électorales et trop souvent éloignés de l’économie et de la production.

Je donnerais goût, optimisme et envie de travailler.

Quelle vision donnent les médias télévisés, absorbés en moyenne 3.5 heures par jour, 365 jours par an, soit plus des trois quart du temps de travail : sinistrose, téléréalité, divertissements plus ou moins douteux …!

Les voitures ne poussant pas dans les arbres, j’instituerais des « quotas » télévisés de prouesses techniques, de constructions remarquables, d’entreprises performantes, d’artisans talentueux, de belles PME. Les réalisations de l’homme peuvent souvent être exemplaires, montrons-le encore et encore, montrons le dynamisme et la créativité des hommes au lieu de toujours exposer «the Dark Side».

Comment recruter et motiver des jeunes qui, abreuvés de télévision depuis leur plus jeune âge, ne pensent plus que foot, StarAc, ou dans le meilleur des cas pilote d’avion ?

Alors qu’il est possible de se réaliser dans un travail, même s’il peut paraître dur et répétitif, à condition d’être valorisé et traité justement.

On criera à l’abus de pouvoir, à la censure ? Je crie à la catastrophe dont nous commençons tout juste à prendre conscience.

Pour les PME, je faciliterais l’export et valoriserais le Made in France.

Les PME disposent aujourd’hui du très bon, comme divers outils de la Coface : garantie de caution et de préfinancement, assurance prospection, garantie de change…

Et du moins bon : le nombre d’interlocuteurs, la complexité de nos démarches d’aide et des dossiers à établir, certains pour quelques centaines d’euros seulement.

UbiFrance est un premier rassemblement de diverses forces : simplifions encore, regroupons plus encore les chambres de commerce. Internationalisons mieux nos antennes économiques à l’étranger, donnons leur des objectifs et mesurons leur efficacité.

L’Allemagne ou l’Italie déploient des structures et des moyens importants d’accompagnement de leurs PME à l’exportation. Il est courant de voir des halls d’expositions entiers, configurés aux couleurs nationales de ces pays, réservés aux PME industrielles, à des tarifs intéressants car négociés en bloc. La France semble réserver ce type de démarche à un nombre limité d’industries phares : militaire, nucléaire…

Je développerais l’apprentissage et de vrais stages bien rémunérés.

Il faut continuer à promouvoir et favoriser l’apprentissage, et ce à tous les niveaux, y compris les ingénieurs techniques et commerciaux. Pourquoi ne pas favoriser l’alternance à l’anglo-saxonne, qui préconise la reprise d’études complètes après une, deux ou trois d’années de travail. Cette coupure dans la formation permet de mûrir, trouver sa voie, plutôt que s’enliser dans des études qui n’intéressent plus par manque de lien avec le réel.

Quant aux stages, halte à l’exploitation des jeunes sous-payés. Exonérons totalement les charges sur des stages longue durée pour permettre aux entreprises de former, tester, rémunérer et motiver, et ce sans le risque malheureusement souvent trop lourd, d’un CDI.

Je faciliterais la reprise d’entreprise en mettant en place une prise en charge partielle des conseils juridiques, très, trop chers bien souvent.

J’inciterais à la prise de capital des salariés repris, favorisant l’état d’esprit collectif de reprise. Ils pourraient percevoir une allocation chômage qui pourrait être investie dans la société.

J’assouplirais les règles de sélection du personnel repris, les critères légaux trop prépondérants d’âge et d’ancienneté ne permettant pas de reconstituer une équipe adaptée et motivée, indispensable à une reprise durable et donc, à la création d’emploi.

J’assouplirais également fortement les règles du chômage partiel et l’étendrais à toutes les catégories de personnel, y compris ingénieurs et cadres : c’est le seul moyen de conserver les compétences, voire de survivre en cas de sous-activité. Trop de protection tue l’emploi à terme…

Enfin, si j’étais président, je m’efforcerais de montrer l’exemple : l’effort supplémentaire est acceptable par tous, à condition qu’il soit perçu comme juste et partagé.

À commencer par le sommet de la pyramide… »
Source Traces Ecrites

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