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18/11/2011

Un plan d’austérité pour Lafarge

Le cimentier contraint de réduire ses coûts de 500 millions d’euros
Le groupe a aussi cédé 2 milliards d’actifs cette année
Objectif : amoindrir sa dette de 14 milliards et relancer les activités du groupe

Face à une absence de reprise significative cette année, le PDG de Lafarge, Bruno Lafont, a annoncé la poursuite de son plan d’austérité qui consiste à une réduction des coûts de 500 millions d’euros et à une cession de deux milliards d’actifs dans le domaine du plâtre


MAUVAIS temps pour Lafarge. Le géant mondial des matériaux de construction a enregistré des résultats en baisse cette année. En effet, le résultat d’exploitation courant du groupe a diminué de 12% pour atteindre 1,6 milliard d’euros tandis que le bénéfice net des trois premiers trimestres 2011 s’élève à 596 millions soit 22% de moins qu’en 2010. Le numéro un mondial du ciment a vu son chiffre d’affaires augmenter de 2% seulement cette année à 11,471 milliards alors qu’il réalisait habituellement 200 millions d’euros de bénéfices annuels depuis 2006.
Ces performances à la baisse sont dues tout d’abord à une augmentation de 7% des coûts de revient, comprenant entre autres les matières premières et l’énergie, auquel le groupe n’est pas parvenu à faire face, la demande sur le marché étant quelque peu limitée. Par ailleurs, le contexte économique actuel se présente comme étant à la fois paradoxal et incertain. En effet, autant les pays émergents connaissent une croissance importante, autant les pays développés stagnent sur le plan économique. L’inflation des coûts et les taux de change sans cesse en mouvement ne permettent pas non plus de changer la donne.
Pour se remettre sur les rails, le PDG de Lafarge, Bruno Lafont, a annoncé le renforcement du plan d’austérité actuel. Objectif : relancer les activités du groupe et résorber sa dette de 14 milliards d’euros afin qu’elle passe sous la barre des 12 milliards d’ici la fin de l’année. Il s’agit également pour le leader du ciment de relever son appréciation auprès de Moody’s ou encore Fitch Ratings. Le groupe vient d’ailleurs de classer Lafarge dans la catégorie des emprunteurs spéculatifs en rabaissant sa note à BB+, comme une «junk bond», autrement dit comme une entreprise où l’émission d’obligations est jugée particulièrement risquée.
Le programme de relance de Lagarge comprend avant tout une politique de réduction des coûts. Ceux-ci devraient être réduits de 200 millions en 2011 et de près de 500 millions d’ici fin 2012. Il comprend également une nette diminution des investissements, qui seront inférieurs à 1 milliard en 2012 alors qu’ils représentaient 1,2 milliard en 2011. Autre mesure d’austérité de taille, le leader mondial des matériaux de construction prévoit de vendre toujours plus d’actifs. Lafarge vient en effet de céder ses actifs dans le domaine du plâtre à des entreprises européennes et d’Amérique du Sud appartenant au groupe Etex pour près de 850 millions d’euros. Le leader mondial du ciment projette également d’échanger avec l’américain Martin Marietta ses carrières de granulat et ses usines de béton contre des sites de production implantés aux Etats-Unis.
Le groupe demeure cependant confiant et table sur les pays émergents pour maintenir son chiffre d’affaires entre 2 et 5% jusqu’à l’année prochaine.
Source L'Economiste par Karim AGOUMI

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