
La famille Lérisson, à Reignac, a fait appel aux artisans locaux pour refaire la toiture du XVIIIe siècle de la tour pigeonnier. L'ensemble de quatre tonnes a été posé hier.
«Ça y est ! Il fait noir dans la tour ! » Marie-Hélène Lérisson, propriétaire des lieux, vient d'entrer dans la tour pigeonnier du logis de Formont à Reignac. Sa coiffure retrouvée, le pigeonnier plonge dans la pénombre. Un moment très attendu depuis que la vieille charpente avait été enlevée en juin 2009.
L'endroit était devenu dangereux. Le temps avait fait son œuvre. « Ce pigeonnier date de bien avant le XVIIIe siècle », indique Didier Lérisson, époux de Marie-Hélène. Et de montrer deux pierres gravées : « La tour est tombée » et sur l'autre « Et relevée en l'année 1718 » avec le nom de Jean Dirois, l'artisan charpentier de l'époque. La tour avait-elle été décoiffée par le vent, nul ne saurait le dire.
La nouvelle toiture a été posée hier matin, à l'aide d'une grue, sous les regards particulièrement satisfaits des artisans qui ont rendu à la tour son aspect d'origine. Un jeu d'enfant pour Dominique Laverny, grutier chez Moreau Levage, de Merpins. Au bout de la flèche de 37 m, l'engin, habitué à soulever des poids allant jusqu'à 40 tonnes, emporte sans mal, les 4 tonnes de charpente et de tuiles. De loin, l'ensemble ressemble à une crinoline. Du moins de l'avis d'Isabelle employée à l'EARL Lérisson, nuciculteur. « C'est vrai, on dirait une jupe avec des cerceaux dessous. »
4 008 tuiles gironnées
Francis Ribéraud, menuisier à Reignac, vient de réaliser sa deuxième charpente conique, chevillée, assemblée en croix de Saint-André : « J'en avais déjà réalisé une à Saint-Laurent-des-Combes, avec mon père. J'en ai fait aussi plusieurs carrées. » Les poutres de chêne ont été remplacées par du sapin. Les liteaux pour soutenir les crochets des tuiles sont en peuplier. L'entreprise Terreal de Roumazières a fait les tuiles sur commande. À l'ancienne, coupée à la main, et surtout avec un aspect vieilli au sable. Impossible d'imaginer une toiture neuve.
La couverture a été posée par l'entreprise Jacky Bluteau à Lachaise où travaille Romain, son fils de 17 ans. Son frère André, retraité depuis six ans, n'a pas résisté à venir profiter du spectacle. Les artisans du XXIe siècle n'ont guère l'occasion de réaliser de telles constructions. Les 4 008 tuiles sont plates et gironnées, c'est-à-dire avec une base plus large à un bout. Il a fallu les retailler une à une. Sur la couronne du bas, elles sont fixées avec deux vis. Au-dessus, elles sont accrochées aux liteaux.
Des financeurs patrimoniaux
Enfin pour couronner l'ensemble, un petit hérisson se disputant des cerneaux de noix avec une limace ne pouvaient mieux identifier Formont. Christian Aubrit, plombier zingueur à Condéon, qui l'a fabriquée, l'a placée au-dessus du capuchon d'étanchéité. Ce chantier, en vis-à-vis du moulin du Grand-Fief à Condéon, honore le savoir-faire des artisans.
Il a fallu cependant, ruser pour réduire la facture de 20 000 €. La charpente aurait dû être montée directement sur la tour. « Compte tenu du prix de location d'un échafaudage circulaire aux normes, il a été beaucoup plus économique de la réaliser au sol. De plus, indique Didier Lérisson, en ayant moi-même participé au chantier, la facture a été allégée. »
« Et surtout, 60 % de la dépense ont été financés, via le Pays Sud-Charente, par la Région Poitou-Charentes (40 %), le Conseil général de la Charente (10 %) et le fonds Leader européen (20 %), comme l'indique Michaël Pasquier, animateur au Pays. Et ce, parce que l'EARL Lérisson adhère à la charte Bienvenue à la ferme. » Un label qui valorise les produits transformés par l'entreprise avec une qualité d'accueil du public.
Source Sud Ouest par Mauricette Boutin
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