PARGNY-SUR-SAULX (Marne). À l'occasion de son bicentenaire, la tuilerie Huguenot ouvre ses portes. Visite guidée de l'usine pargnysienne qui fabrique 120 000 tuiles par an.
«Nous sommes tous les héritiers d'entrepreneurs exceptionnels comme les Huguenot. Cet héritage de savoir-faire est passé de tête en tête, de mains en mains ». Hier devant une centaine de clients et d'autorités locales, Pierre Jonnard, directeur général d'Imerys terre cuite, a célébré les 200 ans de la tuilerie appelée jadis Huguenot, à Pargny-sur-Saulx. Pour montrer son savoir-faire, le site, qui demeure l'un des plus gros d'Imerys, ouvre exceptionnellement ses portes jusqu'à demain.
Des tuiles cuites à 1 050 °C
La visite commence avec l'extraction de l'argile, la matière première. La tuilerie exploite trois carrières à Heiltz-le-Maurupt, Cheminon et Contrisson-Revigny dans la Meuse, chacune d'entre elles ayant sa particularité chimique. « L'argile est extraite à la pelle, de mai à septembre », indique le directeur du site pargnysien, Nicolas Martin. Pas moins de 180 000 tonnes d'argile sont tirées chaque année. Des tas d'argile grise, rouge et jaune sont entreposés à l'extérieur de la tuilerie. « Ils correspondent à quatre mois de production », précise-t-il.
Les différentes argiles sont ensuite savamment mélangées avec un peu de sable, de manière à obtenir une matière « la plus homogène possible ». Celle-ci est alors épaisse de quelques centimètres et contient un taux d'humidité de 22 %. Ce mélange d'argiles est broyé en plusieurs étapes jusqu'à devenir des paillettes de 0,7 mm d'épaisseur. Celles-ci sont malaxées et prennent la forme de pain de terre.
Direction : le moulage. C'est là que la forme de la tuile est donnée. Deux presses moulent 44 tuiles à la minute. « Les moules, dotés d'un revêtement en plâtre, sont changés toutes les deux heures », souligne-t-il. Les tuiles gorgées d'eau sont ensuite séchées pendant 16 heures à 100 °C. « Elles passent de 22 à 2 % de taux d'humidité ». Les tuiles sont empilées sur des « H » en terre réfractaire. « Elles sont installées sur des wagons qui les mènent dans le four », raconte Nicolas Martin. À l'intérieur, la température monte progressivement jusqu'à 1 050 °C.
Une production 24 heures sur 24
À la sortie, la tuile cuite prend la couleur rouge. Avec une baguette, un opérateur frappe en rythme sur chaque plaque tel un musicien. Au son, il est capable de détecter une tuile… fêlée. Les tuiles sont posées sur des palettes, puis sanglées et étiquetées. Avant d'être livrée, chaque palette est trempée 6 minutes dans l'eau « pour inhiber tous produits chimiques comme la chaux ». Le même processus est employé pour créer les accessoires c'est-à-dire les faîtières, les rives…
Le site pargnysien d'Imerys toiture fabrique chaque année 120 000 tonnes de tuiles, ce qui représente environ 10 % de la production totale du groupe. Il emploie 140 personnes et une trentaine de commerciaux. À partir de la semaine prochaine, la production tournera 24 heures sur 24. « Pour pouvoir passer aux 5 x 8, nous avons recruté une dizaine de personnes en intérim », annonce le directeur du site.
Prochain gros chantier : la réduction de la consommation d'énergie, notamment de gaz utilisé pour alimenter le four et le séchoir. La biomasse est expérimentée actuellement sur l'un des sites du groupe Imerys…
Source L'Union par Stéphanie GRUSS
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