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29/04/2011

Voilà, Porcher, c'est fini

Voilà, Porcher, c'est fini. Avec la fin de cette épopée industrielle, c'est non seulement toute une période de l'histoire industrielle du XXe siècle qui se clôt mais aussi une partie de l'histoire de la ville de Revin qui disparaît. Ce moment est toujours triste.
Il devrait pourtant être le début d'une autre histoire : celle qu'on constitue et reconstitue en collectant des éléments après que les derniers feux des fours se soient éteints. Comment ? Par la collecte de pièces, de documents d'archives ou par la prise de photographies qui permettent de tisser les fils d'une réalité révolue.
Mais, à notre grande surprise, il y a peu de documents iconographiques sur une épopée qui avait pourtant plus d'un siècle et avait fait travailler des milliers de personnes. Faut-il croire qu'il n'y a jamais eu d'images produites pendant toutes ces décennies d'activités ? Est-ce pour protéger des secrets de productions ? Il y a t-il une volonté délibérée de la direction d'Ideal Standard ? On n'ose le croire.
Toujours est-il que, non seulement, il nous a été difficile d'obtenir des documents et images (autre que publicitaires) pour retracer l'histoire de Porcher à Revin mais que les demandes répétées d'autorisation pour entrer dans l'usine ces derniers jours ont toujours reçu une fin de non-recevoir. A croire que la direction du groupe, non contente d'avoir fait fermer Porcher, s'évertue à en faire disparaître la mémoire. Par négligence, ou tout simplement indifférence. Résultat, la fermeture de ce site historique s'est faite sans coup férir et presque en catimini. Telle la chronique d'une mort annoncée… et surtout silencieuse.



Porcher, plus d’un siècle d’existence

Les frères Porcher, Émile et André, fondèrent, en 1887, les Établissements Porcher pour se lancer dans le commerce et l’importation de vaisselles de faïence anglaise. Rapidement s’ajoutèrent l’importation d’appareils sanitaires. C’est à l’initiative d’Albert John Le Héron qu’est achetée en 1902 une fonderie (Brichet-Miette) à Revin destinée à la fabrication de baignoires. En 1903, les importations cessent et une usine de céramique est construite à proximité. « Dans les années vingt, La société Porcher s’impose dans les grands hôtels parisiens, les paquebots de luxe et les stations thermales », décrit une brochure publicitaire. Au cours des deux guerres mondiales, les usines installées sur un site de 15 000 hectares ont subi des dommages importants ce qui, selon un document interne, aurait « freiné le développement de la maison pendant dix ans ».
Après la première guerre mondiale, le groupe procéda néanmoins régulièrement, et ce jusque dans les années quatre-vingt à l’acquisition de différentes sociétés de céramique ou de robinetterie comme La céramique française ou la société Picard au Coteau dans la Loire, ou encore la SIV. Le groupe s’étoffe et se diversifie. Au début des années soixante le site de Revin possède sept fours. En 1962, Porcher compte cinq usines avec plus de 2 000 salariés. En 1964, l’entreprise s’enorgueillit de produire jusqu’à 7 000 baignoires par mois. « Une quantité sur le point d’être notoirement augmentée avec une chaîne automatique […] depuis mars 1963. » L’usine revinoise assure alors la production de céramique sanitaire et possède une fonderie en fonte et une autre en laiton. Parmi les quatre autres sites Porcher (St Ouen, Roanne, Gargenville), celui de Revin est de loin le plus important en nombre de salariés avec 1213 personnes.
Fin 1973, c’est plus de 16 000 baignoires en fonte qui sortent par mois de l’usine de Revin. Tandis que 60 000 pièces de céramiques sont produites (baignoires, lavabo, bidets, éviers). Porcher est alors, au niveau national, le premier fabricant de céramique et de robinetteries sanitaires et le deuxième fabricant de baignoires en fonte émaillée.
Dans les années quatre-vingt, le groupe compte 2 300 salariés et produit 1 900 000 pièces en céramiques, 100 000 baignoires et 2000 tonnes de robinetteries sur l’ensemble de ses sites. En 1981, l’unité de céramique est modernisée, puis en 1983 constructions d’une nouvelle fonderie.
En 1992, Le groupe vend 32 % de son capital à Ideal standard. Puis en 2007 Ideal Standard cède l’activité baignoire en fonte émaillée de Revin pour se consacrer à la production de socle de douches, de lavabo, et d’éviers en céramique. Enfin, devant le recul du marché de la céramique en Europe, le groupe réorganise sa production, se sépare d’une partie de ses unités en Italie et en Grande-Bretagne en 2010 et décide de la fermeture des usines de Dol (Jura) et de Revin, en janvier 2011.
Source L'Union L'Ardennais par C.H.

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