Du 3 au 5 mars prochain, se tient la 8e édition du salon Écobat, à Paris-Porte de Versailles. Rendez-vous incontournable de l’éco-construction et de la performance énergétique. L’occasion de faire le point sur les dernières innovations technologiques... et écologiques dans le monde du bâtiment. De quoi savoir de quoi sera fait le logement de demain. Cette année, les agro-matériaux sont à l’honneur. Mais de quoi s’agit-il ? On entend parler d’isolants naturels, de murs qui respirent, de carrelage qui assainit l’air... Où en est-on ? Autant de pistes développées aujourd’hui avec Maïlys Honoré, journaliste au sein du Groupe de Particulier à Particulier.
Écobat, c’est le salon de l’éco-construction et de la performance énergétique. Concrètement, de quoi s’agit-il ?
Le but de l’éco-construction est de construire un bâtiment qui respecte au mieux l’écologie et qui s’intègre le plus respectueusement possible à son environnement. Pour y parvenir, on utilise au maximum les ressources naturelles et locales. Plus simplement, on choisit des matériaux de construction et d’isolation comme la pierre, le bois, la paille, la brique, le chanvre, ou encore la laine de mouton... Ajoutez à cela des énergies renouvelables, comme des panneaux solaires, de la géothermie, ou une éolienne, un système de traitement de l’eau naturel, comme la phytoépuration à base de roseaux notamment... Et vous obtenez une construction respectueuse de l’environnement. Les techniques et les produits naturels utilisés aujourd’hui garantissent les mêmes performances énergétiques, que leurs homologues industriels. La performance énergétique est un enjeux capital dans le domaine du bâtiment. Cela veut dire que votre logement est conçu pour consommer le moins possible d’énergie. Pour résumer, éco-construction et performance énergétique vont de pair pour construire durablement.
Donc à la base, il y a toujours le choix du matériau. Désormais on parle d’agro-matériaux. Qu’est ce qui se cache derrière cette appellation ?
On les appelle matériaux verts, éco-matériaux... et aujourd’hui agro-matériaux. Il s’agit de l’utilisation du végétal dans la construction et la rénovation des bâtiments. A l’instar des trois petits cochons de notre enfance, il y a bien sûr la paille, le bois et la brique. Mais plus seulement. Parmi les derniers arrivés, il y a le parpaing de chanvre, réalisé à partir d’un mélange de chaux et de chanvre, et qui permet de monter un mur avec un béton à base de... chanvre naturellement ! Ses performances thermiques, c’est à dire son pouvoir d’isolation, sont très bonnes. Vous n’aurez pas à ajouter d’isolant complémentaire. On peut aussi noter le faible bilan énergétique de la terre crue. Disponible en grande quantité et quasiment partout, elle ne demande que peu de transport et pas de transformation. Elle offre de bonnes qualités en matières d’isolation phonique, d’hygrométrie (elle absorbe et restitue l’humidité), et d’inertie (elle régule la température). Seul petit bémol, ça mise en œuvre est particulièrement technique et réclame un professionnel qualifié. Comme dans tous les domaines, ces nouveaux matériaux sont d’abord sollicités par les collectivités, notamment pour la construction d’éco-quartiers et d’immeubles de référence. D’ici quelques années, ils pourraient se généraliser à l’ensemble du secteur du bâtiment.
La maison en paille fait de plus en plus d’adeptes, mais une telle construction est-elle vraiment performante ?
La maison en paille offre un excellent bilan énergétique ! C’est pourquoi elle est de plus en plus répandue. Sa résistance thermique est de 6, soit une haute performance thermique. Pour vous donner une idée il faut un parpaing de laine de roche de 20 à 25 cm d’épaisseur pour atteindre le même score. De plus sa mise en œuvre est assez simple. En pratique, les bottes de paille sont assemblées à la manière de gros cubes. Comme elles sont légères, elles sont faciles à manœuvrer. La plupart du temps, une ossature bois est réalisée pour structurer l’ensemble. Ensuite, il ne reste plus qu’à passer un enduit, à l’intérieur et à l’extérieur, à base de terre ou de chaux pour imperméabilisés les murs. En juin de l’année dernière, a été lancée une procédure de certification des bâtiments isolés en paille : le label Performance mention BBC Effinergie. Une réelle avancée pour la filière.
Et du côté des isolants naturels ?
Là encore, le naturel est à l’honneur avec des isolants d’origine végétale comme le chanvre, la fibre de bois, le liège, le lin, la fibre de coco, d’origine animale comme la laine de mouton ou les plumes de canard, ou encore dits écologiques comme la laine de coton ou la ouate de cellulose qui ont un très faible impact sur l’environnement car leur fabrication et leur transport nécessite peu d’énergie et sont facilement recyclables en fin de vie. Le plus dur est encore de choisir ! Pour ne pas faire d’erreur, vérifiez que l’isolant ait reçu un agrément d’utilisation dans le cadre d’une évaluation technique. Le produit doit au minimum posséder le marquage CE. Pour comparer les différents produits, vous pouvez vous référer à la certification Acermi (Association pour la certification des matériaux isolants). Elle donne les caractéristiques de plusieurs centaine de références disponibles sur le marché. Vous pourrez ainsi connaître le pouvoir isolant de chaque matériau, sa résistance thermique et l’épaisseur recommandée.
Et si on ne construit pas sa maison ou si son isolation est déjà performante, existe-t-il des nouveautés intéressantes ?
Oui, du côté des cloisons par exemple. Ou des plafonds. Aujourd’hui, on trouve des produits très novateurs en terme d’amélioration de l’air intérieur. Vous pouvez alors trouvez des plaques faites de gypse et de fibres de cellulose 100% naturelles dédiées à l’aménagement intérieur. Elles sont enduites sur les deux faces d’une substance active à base de kératine. Substance qui agit comme un purificateur d’air en absorbant les émissions nocives contenues dans l’air du logement, notamment les fameux COV (composé organique volatile). Même peintes, ces cloisons continuent de jouer ce tout nouveau rôle. Des produits que vous trouverez au printemps. Et une petite victoire pour tous ceux qui n’ont pas la main verte et pourront ainsi se passer de plantes dépolluantes.
Tout aussi novateur, et dans le même esprit, on peut également poser du carrelage qui joue lui aussi un rôle sur notre air intérieur ?
Et oui, on n’arrête pas le progrès. Pour tous ceux qui veulent se lancer dans des petits travaux, sans refaire complètement leur maison, il existe désormais un carrelage capable d’exercer une véritable action antibactérienne, dépolluante, et autonettoyante ! Alors comment ça marche ? Grâce au dioxyde de titane, un élément biologique, et à la lumière (solaire ou artificielle), il se produit en surface du carrelage une réaction naturelle qui décompose les polluants captés, qui détruit les bactéries présentes ainsi que les traces de salissures. On parle de photocatalyse. Vous pouvez mettre ce carrelage à l’extérieur comme à l’intérieur des bâtiments.
Ecobat, c’est encore le moyen de faire le point sur la réglementation thermique, les labels et les certifications. Qu’est-ce que la RT2012 et quand entre-elle en vigueur ?
Aujourd’hui, les nouvelles construction sont soumises à la RT2005. A partir du 31 décembre 2012, on passera à la RT2012. Comme les précédentes réglementations thermiques, elle a pour but de limiter les consommations énergétiques des bâtiments neufs qu’ils soient pour de l’habitation (résidentiel) ou pour tout autre usage (tertiaire). Aujourd’hui, toutes les constructions neuves présentent, en moyenne, une consommation d’énergie primaire inférieure à 150 kWh/m²/an. Avec la RT2012, elles devront présenter une consommation d’énergie primaire inférieure à 50 kWh/m²/an. Cet objectif reprend le niveau de performance énergétique défini par le désormais connu label BBC-Effinergie.
Source France Info
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire