La multiplication des situations de restructuration de dette a conduit à une normalisation des processus.
La crise du crédit qui a suivi la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008 et la dégradation de la conjoncture économique ont plongé l'an dernier nombre d'entreprises dans les difficultés financières. Du coup, l'activité de conseil en restructuration de dette a connu une année faste. Il faut dire que le spectre est large depuis des opérations purement techniques destinées à éviter les bris de « covenants » - ces clauses contractuelles de prêts qui engagent les entreprises à respecter certains ratios financiers -et leurs conséquences - notamment le remboursement anticipé -jusqu'au réaménagement plus en profondeur quand la viabilité de l'entreprise était en cause.
Certaines entreprises ont aussi pris les devants en repoussant leur dette, même en l'absence de problème de financement immédiat, pour se donner de la souplesse. « Le mouvement de restructuration a été général même s'il s'est largement concentré sur les sociétés sous LBO », observe Sophie Javary, associé gérant et coresponsable de l'activité « restructuring » pour l'Europe chez Rothschild. Parmi les dossiers de 2009 se trouvent en effet majoritairement des sociétés sous LBO, à l'image de Kaufman & Broad, Autodistribution, Materis, Monier, Navimo, Saint-Gobain Desjoncquères (SGD) ou Terreal, mais aussi d'autres comme Mecachrome, CMA CGM ou encore Thomson.
« Les pratiques se normalisent »
« Cette année très active a été l'occasion pour le marché de se structurer, note Sophie Javary. Lors de la précédente vague de restructurations de dette en 2002-2003, les créanciers étaient rarement organisés. Aujourd'hui, ils se regroupent, les pratiques se normalisent. Ils sont même prêts dans certains cas à prendre le contrôle des actifs. » En 2009, quelques dossiers de restructuration se sont ainsi soldés par une prise de contrôle de l'entreprise par ses créanciers, au détriment de ses actionnaires. Ce fut le cas de Monier et de CPI. Quant au dossier Coeur Défense, le bras de fer entre actionnaires et créanciers se poursuit devant la justice. Parfois, comme chez SGD, la restructuration est aussi l'occasion d'accueillir de nouveaux actionnaires pour apporter de l'argent frais.
Si le plus urgent est fait, une deuxième vague de restructurations est désormais attendue. « Dans certains cas, le niveau de dette laissé dans les entreprises ne donne guère de marge de manoeuvre pour investir, surtout si la conjoncture reste molle. Les entreprises endettées devront elles aussi trouver des moyens pour se développer », indique Sophie Javary. Rééchelonnements de dette et augmentations de capital resteront donc au programme en 2010 mais probablement aussi en 2011-2012.
Source Les Echos
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