Face à la pénurie de matériaux due au blocus israélien pour reconstruire, les Nations unies financent des maisons de terre.
Construire dans la bande de Gaza des maisons comme au temps des Omeyyades, en terre cuite, c’est le pari lancé par un groupe d’architectes et d’hommes d’affaires palestiniens. « En raison du blocus imposé par Israël, ni le ciment ni aucun matériau de construction ne rentre plus. Alors nous avons eu l’idée d’utiliser à la place des matériaux présents sur place », explique Emad Al-Khaldi.
Des briques composées de terre argileuse et de sable, ont été compressées dans une machine hydraulique avec un 1 à 2 % de ciment. Après des tests de solidité, d’étanchéité, de résistance à l’humidité et à la chaleur, la première maison a été construite sur le modèle de celles encore existantes dans le vieux quartier de Gaza.
Surmontée d’un toit en forme de dôme, elle comporte un seul étage. « Cette architecture ne nécessite pas de structure métallique, ni de poutres de bois que l’on ne trouve plus ici. Pour les encadrements de portes et de fenêtres, on utilise le bois des palettes de chargement. Leur forme permet de préserver la chaleur l’hiver et la fraîcheur l’été », insiste Emad Al-Khaldi.
«Un pas en avant humanitaire, pas une solution»
Le projet a enthousiasmé l’Unrwa, organisme des Nations unies en charge des réfugiés, qui cherche un moyen de reloger les familles dont les habitations – 4 100, selon les chiffres officiels palestiniens – ont été détruites pendant l’offensive militaire israélienne « Plomb durci » en décembre-janvier 2009. Le Bureau international du travail (BIT) s’est associé à ce projet qui devrait permettre de créer des emplois, de pallier le manque de matériaux et de logements, « bref, de maximiser l’impact sur l’économie locale », explique Julien Magnat, du BIT.
« Il faudrait construire 15 000 appartements chaque année pour résorber les besoins », dit-il encore. Pour accompagner ce projet, le BIT va mettre en place un programme de formation rapide pour ingénieurs et contremaîtres qui piloteront le projet avec des manuels en arabe et en anglais.
L’Unrwa a passé commande de 120 maisons de ce type, qui devraient être construites en un mois pour un coût de 5500 à 7000 €. D’autres ONG pourraient elles aussi en financer d’autres. Ceux qui vivent toujours sous la tente ou sous des abris de tôle bénéficieront en premier. « C’est un pas en avant humanitaire, pas une solution », a précisé John Ging, directeur de l’Unrwa à Gaza, en inaugurant dimanche la première maison en terre attribuée à la famille de Raed Abu Athama, dans le quartier Abed Rabbo, au nord de la Bande de Gaza. Des arbres ont été plantés tout autour de la maison dont les fenêtres donnent… sur la frontière israélienne.
Pas mal de résistance du côté palestinien
Sa précédente maison comportait cinq étages. Elle a été détruite par les chars israéliens en janvier 2009. En 2006, sa maison à Beit Hanoun, un autre quartier de Gaza, avait été détruite par l’armée israélienne et 17 membres de sa famille avaient été tués. « La nouvelle maison est trop petite. Certains d’entre nous resteront sous la tente », poursuit Raed.
« Il y a eu pas mal de résistance du côté palestinien, avoue un membre du projet. Ils sont attachés aux maisons modernes à plusieurs étages où ils logent toute la famille, les enfants mariés avec les petits enfants. Le concept de maison en terre, à un étage, les renvoit au Moyen Âge. Mais, une fois qu’ils ont vu la première, ils ont été enthousiastes. »
Côté occidental, on se félicite d’une solution venue des Palestiniens et qui, momentanément, peut régler un problème de relogement. Tout en insistant sur le fait que la communauté internationale devait continuer les pressions sur Israël pour que le gouvernement de Benyamin Netanyahou lève le blocus imposé depuis 2006 sur la bande de Gaza.
Source La Croix par Agnès ROTIVEL (à Gaza)
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