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12/07/2009

Industrie de la terre cuite Marocaine vers une efficacité collective !

Chaque briquetier doit améliorer ses coûts et sa gamme de produits pour mieux servir ses clients.
Les mutations que connaît l'industrie des matériaux de terre cuite n'ont de corollaire que le dynamisme du marché marocain de la construction.
La croissance de cette industrie est accompagnée en volume par un programme de modernisation et d'investissement, et en qualité par l'amélioration et l'optimisation de ses procédés, ceci dans un contexte d'intensification de la concurrence inter-matériaux, d'accroissement des investissements de l'industrie cimentière et d'enjeux énergétiques plus pesants. D'où un effort d'adaptation des acteurs de l'industrie des briques, quant à l'évolution de leur environnement concurrentiel, l'amélioration des coûts et le développement de leur gamme de produits et de services pour mieux servir ses clients. Et seule une démarche collective hissera l'ensemble de l'industrie de la terre cuite. Face à ce constat, les équipes de CERIC et d'EquipCeramic, deux sociétés du groupe Keyria, se sont associées pour organiser la première Journée technique de l'industrie marocaine de la terre cuite , le 2 juillet à Casablanca. Cet événement, initié sous la présidence de M. Badad, président de la Fédération des industries des matériaux de construction (FMC- CGEM), et de M. Bouanani, président du Centre des techniques et matériaux de construction (Cetemco), est destiné aux industriels et investisseurs du Maroc, leur permettant de traiter des problématiques techniques et économiques au cœur de la vie des industriels : c'est une première étape dans l'appropriation collective des enjeux clés de l'industrie de la terre cuite au Maroc.
L'avenir de la construction au Maroc et ses implications pour les industriels ont fait l'objet du thème de la première intervention dans le cadre de cette journée technique. L'évolution de ce secteur est au cœur de la problématique des briquetiers et des actionnaires pour orienter leurs investissements et infléchir leur stratégie commerciale. Dans ce cadre, Francisco Gordejo, conseiller économique auprès de l'Association des briquetiers & tuiliers espagnols, Hispalyt, a dressé dans un premier temps un panorama macro-économique du marché marocain, en pleine expansion, et mis en lumière les opportunités que présente la croissance du secteur de la construction, notamment le lancement soutenu du programme de logement social et l'ouverture de l'économie marocaine à l'horizon 2012.
Les perspectives demeurent bonnes, présentes et réelles. L'activité se focalise, dans un second temps, sur la filière matériaux de construction et expose les principales problématiques auxquelles sont confrontés les briquetiers du Royaume. Plusieurs leviers d'actions sont identifiés, à chacun de se les approprier : il s'agit de gains de productivité (en agissant sur la performance énergétique et la recherche de combustibles alternatifs respectueux de l'environnement), de la diversification produit (en intégrant de nouvelles solutions constructives et en tenant compte des évolutions normatives) et d'une nécessité d'adopter une démarche collective et structurée pour accroître sa compétitivité.
F. Gordejo insiste sur la richesse d'une collaboration étroite entre industriels, laboratoires, fournisseurs/équipementiers, instituts de formation, afin de relever efficacement les défis lancés aux industriels marocains. Une efficacité qui passe par la mise en place des systèmes de normes et d'homologation des matériaux de construction. Quelles opportunités offrent-ils pour les industriels de la terre cuite au Maroc ? Dans toute industrie, les normes et procédures d'homologation peuvent être perçues comme des freins à la commercialisation et des contraintes supplémentaires pour les industriels : certains manufacturiers prennent le parti d'orienter la norme, d'infléchir les cahiers des charges et code de construction. Face au dynamisme des industries du ciment, de l'acier et du plâtre, la fixation d'un Standard favorable à la terre cuite se limite à des actions individuelles (labellisation) à impact limité à l'échelle du marché national. Depuis le rapport remis au ministère de tutelle concernant le secteur de la terre cuite au Maroc (2003, mis à jour en 2006), la gamme de produits de terre cuite doit évoluer : face à la croissance de la demande, une démarche de différenciation semble pertinente, avec comme conséquence l'accroissement du nombre de formats à réaliser et à homologuer auprès de la filière Bâtiment.
C'est dans ce contexte que le second thème de cette Journée normes et opportunités visait, d'abord, la « vulgarisation » des étapes clés de la commercialisation, essentielles pour assurer une industrialisation réussie de nouveaux produits. Pour se faire F. Gordejo a présenté l'expérience espagnole du lancement de l'innovation « Insonobric », système de brique acoustique et thermique. Ensuite, pour sensibiliser les briquetiers sur la nécessité de travailler ensemble face à d'autres acteurs concentrés (ciment, plâtre, acier), tout en se penchant sur l'harmonisation des gammes et des formats de nouveaux produits, Azucena Cortes, responsable du département de construction de « Labein Tecnalia », Espagne, illustre l'efficacité d'une démarche collective, au travers du développement de l'outil informatique SILENSIS destiné aux architectes ibères. L'union fait la force : les coûts de développement d'outils, de standards… sont mutualisés à l'échelle de l'Association des briquetiers, chacun bénéficie des résultats de l'effort commun. Et enfin, Michel Kornmann, ancien directeur du CTMNC en France et conseiller auprès du ministère du Commerce et de l'Industrie au Maroc, met en lumière les évolutions en termes de normalisation thermique dans le bâtiment au Maroc et autour du pourtour méditerranéen, ceci avant d'anticiper les évolutions en termes de produit, pour la filière terre cuite.
Michel Kornmann a traité de l'opportunité d'évolution de l'offre matériaux en terre cuite. Dans le cadre du programme de logement social, un cahier des charges soumis aux industriels conduira à la publication d'un catalogue de matériaux de construction à l'attention des promoteurs qualifiés, mettant en lumière un ensemble d'applications où la terre cuite peut s'imposer pour accroître sa présence et la valeur de ses produits dans le bâtiment. L'intervenant présente des nouveautés qui intègrent les exigences de ce secteur : plus de confort thermique, plus de productivité sur chantier. C'est le cas de la brique thermique pour les murs extérieurs, de l'hourdis thermique pour les systèmes de plancher et des briques (grand format) pour la paroi intérieure à montage rapide sur chantier.
Enfin, le quatrième et dernier thème de cette Journée technique était réservé à l'«Etat de l'art des solutions d'économie d'énergie et de substitution aux combustibles fossiles. Quelles opportunités pour les industriels marocains ? ». Patrick Hébrard, directeur technique de CERIC, expose un panorama mondial des solutions de combustibles alternatifs aux combustibles fossiles (fuel, gaz), en se concentrant sur les matériaux de terre cuite. Pour maîtriser la facture énergétique de la briqueterie, les industriels marocains se concentrent sur l'amélioration de leurs process industriels, en collaboration avec des spécialistes tels qu'EquipCeramic et CERIC.
Ils font l'expérience de modes de combustion alternatifs, ou reviennent à des combustibles solides traditionnels. Dans le domaine des énergies alternatives, des solutions éprouvées existent pour la terre cuite, dont certaines sont rapidement transposables au Maroc. Il s'agit essentiellement de la biomasse et du biogaz. Cependant, Il n'y a pas de solution universelle, la combinaison de différentes énergies est souvent le meilleur compromis. Chaque cas doit être étudié en fonction de l'environnement local, en ayant une approche intégrée pour répondre à des questions fondamentales telles que: Quel compromis est acceptable entre la qualité produit visée et l'économie d'énergie recherchée ? Quel pilotage process et de régulation est recherché par le producteur ? Quelle stratégie de maintenance est envisagée sur l'outil industriel : maintenance préventive ou maintenance curative ?
Audit énergétique
Dans le cadre de l'étude stratégique du secteur briquetier réalisée en 2006 par la FMC et l'APB, une campagne d'audit énergétique a été lancée avec l'appui technique et financier de l'Union européenne (dans le cadre de son programme d'appui aux entreprises- PAE) et la collaboration du MICNT, de l'ANPME, et de Cetemco. Suite à cette campagne, un séminaire de restitution des résultats sous le thème «Maîtrise de l'énergie dans le secteur briquetier marocain» a eu lieu, le 30 mai 2008 à la Chambre de commerce et d'industrie de Meknès. Y ont été présentés, bilan et synthèse, des rapports d'audits énergétiques de 9 briqueteries (Mex, Britatlas, Somabric, Idrissia, Slaoui, Tétouan, Mehdi, Lapaloma, Alanadalous) totalisant une production annuelle de 823.000 tonnes/an et une consommation énergétique annuelle de 41.659 Tep pour 109.417.414 DH/an (dont 54.000 tonnes de fuel pour 83.339.747 DH et 36 290.683 kwh/an d'électricité pour 26.077.667 DH). 46 projets d'économie d'énergie ont été identifiés, soit une moyenne de 5 à 6 projets par briqueterie.
Il s'agit de la gestion de l'énergie grâce à l'utilisation d'un système informatisé, de l'automatisation des installations, du plan de formation et de sensibilisation du personnel par rapport à la consommation d'énergie et de l'utilisation de combustible de substitution moins cher et qui s'adapte bien à ce type d'industrie… Ces projets génèreraient un gain de près de 16 millions de DH par an, soit 14% de la facture énergétique annuelle de ces briqueteries. En termes de ratios énergétiques, malgré la dispersion, la plupart des briqueteries ont des consommations spécifiques s'approchant du standard international. Les ratios obtenus par la mesure sont souvent plus faibles que ceux obtenus à partir des données déclarées. Les ratios basés sur les données et ceux calculés sont proches dans 5 cas sur 9, ce qui dénote une cohérence entre les informations de ces deux sources. Pour le ratio électrique, la moyenne nationale s'établit à 40 kwh/t alors que le ratio thermique: 417 th/t (moy. du mesuré et du déclaré). Il en résulte un potentiel de gain 10 kwh/t + 67 th/t.
APB: Missions et objectifs
Grâce à l'appui de la FMC, les briquetiers se sont fédérés au sein de l'Association professionnelle des briquetiers (APB), dont la mission principale est de contribuer au développement du secteur des matériaux de construction. L'APB se fixe pour objectifs de promouvoir l'utilisation de la brique rouge auprès des utilisateurs, assurer l'adaptation des normes à l'évolution des produits et valoriser les efforts accomplis en termes de mise à niveau technologique. Ce secteur est appelé à être modernisé pendant les 5 prochaines années pour être compétitif.
Source LE MATIN par Réda Bennis

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