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09/06/2005

Matériaux Le boom du B-TP porte les industriels de la construction le 09/06/2005

Matériaux Le boom du B-TP porte les industriels de la construction le 09/06/2005

Malgré une surchauffe du marché en 2004 et une conjoncture encore favorable pour cette année, les investissements en production restent prudents et guidés par une stratégie à long terme. Le B-TP va bien en France. Selon les chiffres fournis récemment par le ministère de l'Equipement, après une forte progression de 3,5 % en 2004, l'activité devrait encore s'accroître de 2,4 à 3,3 % cette année. La prime revenant à la construction de logements neufs, en hausse de 9,5 % l'an dernier, et qui devrait afficher des résultats du même ordre en 2005. Certes, la mauvaise météo du début de l'année a quelque peu ralenti les chantiers. Mais après une année 2004 florissante, les fournisseurs du B-TP - grands groupes comme PME - comptent sur un exercice 2005 positif. La branche ciment de Lafarge, par exemple, dont les ventes ont augmenté de 9 % en Europe occidentale, a connu sa plus forte progression sur le marché français. Selon le syndicat français de l'industrie cimentière, le secteur devrait encore croître de 2 % cette année. Mais c'est sans doute du côté des PME que le phénomène est le plus significatif. « Nous avons réa-lisé en 2004 un chiffre d'affaires de 247 millions d'euros (+ 12 %), et nous nous attendons à une nou-velle croissance de 5 à 10 % cette année », annonce par exemple Jean-François Trontin, P-DG de KP1, principal producteur d'éléments préfabriqués en béton. Quant à K.Line, fabricant de menuiseries en aluminium (65,5 millions d'euros de chiffre d'affaires), déjà en forte croissance depuis des années, il s'est offert en 2004 un score à la chinoise de + 27 % ! Et mise sur une croissance de plus de 10 % cette année. Pour Somfy, fabricant d'automatismes de volets roulants et stores, le marché de la construction neuve enregistre la plus forte croissance depuis deux ans, et la tendance se poursuit.

Des réserves de productivité Néanmoins, 2005 sera moins pétillant, ne serait-ce qu'en raison du moindre nombre de jours ouvrables et surtout du « trou » d'activité subit en début d'année pour cause de mauvais temps, difficilement rattrapable quand les entrepreneurs de B-TP sont en manque chronique de main d'oeuvre. Il n'en reste pas moins que nombre d'industriels ont travaillé l'an dernier à la limite de leurs capacités. Dans le domaine de la tuile en terre cuite, notamment : « En 2004 la production est revenue quasiment au niveau record de 2000, après la tempête de décembre 1999, sauf que cette fois, c'est la construction neuve qui a tiré le marché, et non plus la rénovation », souligne Bernard Caron directeur du marketing de Terreal (ex-Saint Gobain). Résultat : des délais de livraison allongés, malgré des périodes d'arrêt ou d'entretien de l'ou-til de production réduites au minimum. Pour autant, les industriels n'ont pas forcément en tête d'investir en réponse à la hausse du marché. Chez K.Line, dont l'usine est aux Herbiers (Vendée), on « réfléchit » à des extensions, mais on estime que l'automatisation poussée du site ménage des réserves de productivité. La plupart des producteurs mis sous pression ont toutefois dû jongler avec leur organisation pour encaisser les pics de la demande. « Pour nous, la solution consiste à augmenter le nombre d'équipes... ou à importer des produits d'autres filiales », note Jens Dupont, directeur du marketing de Knauf France, dont le siège est ins-tallé dans le Haut-Rhin, et qui fabrique des plaques de plâtre et des matériaux isolants. Quand une augmentation de capacité se révèle indispensable, KP1 préfère jouer sur des extensions, opérationnelles en quelques mois, plutôt que sur une nouvelle ligne bien plus longue à mettre en oeuvre. Chez Knauf, les décisions d'investissements dans la production de plaques de plâtre relèvent en fait d'une stratégie à long terme, plus que des infléchissements annuels du marché. En l'occurrence, pour la filiale française du groupe Knauf, numéro 3 de la plaque de plâtre derrière Lafarge et BPB Placo, cela s'inscrit dans une volonté de prise de parts de marché. Mais Knauf, société familiale, reste discrète sur ses projets... Un manque de main-d'oeuvre Dans le secteur très porteur de la terre cuite, les industriels ne font pas, eux, mystère de leur volonté d'accroître leurs capacités. La nouvelle ligne de tuiles en terre cuite d'Imerys, à Sainte-Foy-l'Argentière (Rhône), qui portera la production du site de 150 000 tonnes à 210 000 tonnes/an, doit démarrer cet été. « Elle nous permettra un fonctionnement plus souple, même si la demande fléchit », explique Jean-Noël Robelin, directeur commercial d'Imerys Toiture. En fait, même s'il y a un net ralentissement en 2005, après la surchauffe de 2004 (+ 8 %), Imerys table sur une croissance de 1 à 2 % par an sur les cinq ans à venir. Lafarge Couverture a, lui aussi, des investissements de production en cours dans le Sud-Est et le Sud-Ouest. Quant à Terreal, il a annoncé, en mars, une augmentation de capacité de 50 % de son usine de tuiles de Saint-Martin-Lalande (Aude), qui devrait être opérationnelle début 2006. Une décision qui résulte d'une analyse du potentiel de croissance à moyen et long terme. « Malgré le caractère cyclique du bâtiment, cet investissement se justifie parce qu'il dessert une région où la construction individuelle - notre principal marché- restera durablement dynamique. De plus, la terre cuite bénéficie d'une bonne image », explique Bernard Caron chez Terreal. Sur ces marchés plus ou moins favorables à long terme, le frein principal reste le « manque de bras » qui limite l'activité des entrepreneurs du B-TP. De fait, une entreprise sur cinq est restreinte dans son activité pour cette raison. Les industriels proposent d'ailleurs des produits qui réduisent la « pénibilité » du travail sur chantier. C'est le cas de la brique de mur rectifiée chez Imerys Structure, que l'on monte avec de la colle et non plus du mortier, ou des entrevous en matériau composite de KP1, nettement plus léger que l'équivalent en béton. Une tendance qui gagne le second oeuvre : Legrand propose de plus en plus des kits électriques ultra-terminaux à temps de montage réduit.

THIERRY LUCAS, AVEC ARNAUD BOULBEN LES CHANTIERS DE LOGEMENTS AU PLUS HAUT En 2004, les majors de B-TP français ont tous connu des résultats records. Et la tendance ne s'est pas démentie au premier trimestre 2005 : + 8 % pour l'activité construction de Bouygues, + 12,3 % pour celle d'Eiffage ou même + 20 % pour Vinci en France. « Notre croissance est portée par une excellente activité en France, de gros chantiers étrangers, notamment en Asie et le développement des activités d'installation électrique », souligne-t-on chez Bouygues construction. Toujours boosté par les mesures Robien et bientôt le plan Borloo, les mises en chantier de logements, au plus haut depuis vingt ans, devraient encore croître cette année de 5,8 % à 7,6 %. Et à 363 000 unités en 2004 (+ 50 000) les chantiers de maisons individuelles n'ont jamais été aussi nombreux depuis 1980 dans l'Hexagone où l'on attend 20 000 unités de plus cette année ! A l'inverse, le bâtiment non résidentiel (bureaux, industrie, agriculture...) reste hésitant avec 1 à 1,9 % de croissance attendue cette année, après le maigre + 1,3 % de 2004. 1 P.-O. R.


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