Au 19e siècle, s’il y a une activité artisanale qui marque la vie et le paysage de Saint-Julien-l’Ars, c’est bien la fabrication de tuiles, de briques, de carreaux et de chaux, indique Léandre Martin, de l’association intercommunale Patrimoine et histoire. La commune, dont les terres argileuses favorisent leur implantation, comptera jusqu’à neuf tuileries, d’après une étude menée par le Chauvinois Max Aubrun, avant leur disparition progressive à partir de 1920.
« Très utile pour faire de la pédagogie auprès des scolaires et du public »
« La dernière chauffe, qui pouvait durer plusieurs jours, est réalisée à la tuilerie du Bois-de-Moulin en 1965 », note Léandre Martin. Le séchoir à tuiles situé rue du Paradis, à proximité du bourg de Saint-Julien-l’Ars, est le seul vestige subsistant d’une époque révolue. Mais jusqu’à quand ?
« La propriétaire a mis en vente le terrain sur lequel il est situé et elle était prête à donner le séchoir pour le remonter à un autre endroit, sinon il est promis à la démolition », raconte Léandre Martin, qui contacte Isabelle Soulard, déléguée de la Fondation du patrimoine, dans l’espoir de trouver une terre d’accueil pour prolonger l’existence du bâtiment en péril. Bonne pioche tant l’historienne poitevine met d’empressement à vouloir sauver le dernier séchoir en état du Chauvinois.
« Je suis venue le voir sur place, raconte-t-elle, et quelque temps auparavant, il se trouve que j’avais visité la tuilerie de Nouaillé où les responsables de l’association Les Amis de la tuilerie m’avaient confié : “ On a tout sauf un séchoir. ” J’ai repris contact avec eux et l’association s’est montrée enthousiaste à l’idée de ce projet qui ne coûtera pas grand-chose (1). » En effet, des bénévoles se retroussent déjà les manches pour le démonter, le transporter avant de le remonter sur le site du Gué de l’Omme, à Nouaillé.
« Le séchoir permettra de récréer une tuilerie complète, ce qui sera très utile pour faire de la pédagogie auprès des scolaires et l’ouvrir au public avec le bâtiment du propriétaire, le bâtiment du personnel, le four, une fosse où on mettait l’argile et le Miosson à côté qui permettait d’amener l’eau, anticipe Isabelle Soulard. Comme il a été réalisé par des charpentiers avec des chevilles en bois, il est extrêmement intéressant au niveau du petit patrimoine rural de nos ancêtres et du petit patrimoine proto industriel. C’est pour cela qu’on a voulu le sauvegarder. »
Un appel pour retrouver des clayettes d’origine
Pas question de s’arrêter en si bon chemin : elle s’apprête à lancer un appel national pour retrouver des clayettes d’origine sur lesquelles on laissait sécher les tuiles. « Il doit être possible d’en récupérer pour les remettre à l’intérieur du séchoir », suppose Isabelle Soulard. Pourquoi pas avant le 12 juin, pour la journée de fête « Tuileries du Poitou, un patrimoine », organisée à Nouaillé ?
(1) L’association Le Pont des artistes de Saint-Savin, qui soutient le petit patrimoine rural, apporte une aide financière, ainsi que quelques mécènes, signale Isabelle Soulard
Une journée des tuileries du Poitou le 12 juin
Le 12 juin, la journée « Tuileries du Poitou, un patrimoine » à Nouaillé-Maupertuis débutera à 10 h 45 à la MPT de Nouaillé par la projection du film « Les derniers tuiliers » de Denis Victot sur la tuilerie Victot de Sanxay, suivie d’un débat. Elle se poursuivra l’après-midi par un déplacement sur le site de l’ancienne tuilerie de Nouaillé avec exposition, visite et présentation des séchoirs de Saint-Julien-l’Ars.