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13/03/2025

TechnoCarbonTechnologies : « Une solution alternative au béton »

Les JEC Composites Innovation Awards distinguent des réalisations marquantes au sein de l’industrie des composites. Ouvert aux entreprises, universités et centres de R&D, ce concours célèbre des innovations et concepts révolutionnaires, nés de l’intelligence collective et d’un principe de coopération. Cette année, c’est la solution de mur de maison DACCUSS (Direct Air Carbon Capture, Utilisation and Safe Storage) proposée par TechnoCarbonTechnologies qui est lauréate de la catégorie Bâtiment & génie civil. Nous avons rencontré Kolja Kuse, son PDG.

Quel est le caractère innovant de votre solution CFS pour le secteur de la construction ?

Kolja Kuse : L’idée repose sur l’utilisation de matériau à bilan carbone négatif basée sur la combinaison de pierre dure comme le granit et de fibres de carbone. La pierre remplace le béton et les fibres de carbone remplacent l’acier, qui est nécessaire pour le béton.

En quoi est-elle une alternative au béton traditionnel ? Et pour quels types d’applications ? 

K.K. : Il remplace complètement le béton armé dans les bâtiments, les ponts, les infrastructures comme les chemins de fer (traverses) et tout type d’acier avec des poutres, piliers et autres structures en CFS. Les plaques de CFS peuvent être aussi fines que 2 mm. Si nécessaire, même 1 mm.

Quels sont les apports du CFS en termes de bilan carbone et d’empreinte écologiques sur les constructions ?

K.K. : S’il est appliqué avec les bonnes pierres et matériaux d’isolation, le composite CFS est à bilan carbone négatif comme le bois. L’énergie nécessaire à la production est déjà aujourd’hui 2 fois moindre que l’acier et le béton armé. Grâce à l’altération des déchets de pierre, la pierre elle-même est à bilan carbone négatif, car la découpe des plaques de pierre nécessaires peut être neutre en carbone si l’énergie éolienne est utilisée. Le mur de maison primé aux Innovation Awards est aussi négatif en carbone qu’un mur de maison en béton serait positif en carbone avec environ 60 kg de CO2 par mètre carré de mur.

Comment vous positionnez-vous dans le secteur de la construction en France ?

K.K. : Nous n’avons de concurrence que d’une autre entreprise française appelée CAEROSTRIS avec un concept similaire, mais basé sur d’autres matériaux. La clé des futurs systèmes de matériaux de construction est une stratégie d’isolation intelligente. Cela ne peut être réalisé qu’avec des structures creuses, remplies de matériaux isolants à l’intérieur. La structure peut être n’importe quel matériau et le matériau isolant peut également être choisi. Une alternative que nous montrons au JEC est l’utilisation de BioChar très léger, mélangé à de la laine de roche. Cela est également très négatif en carbone. De plus, nous utiliserons des fibres de carbone à base de lignine et des fibres PAN à base d’huile d’algues. Les solutions biosourcées sont essentielles pour la durabilité.

Votre R&D pourrait-elle se diriger vers des axes de recherches liés au béton ? 

K.K. : Oui, nous pouvons utiliser notre armature CFS pour remplacer l’acier rouillé et rendre le béton durable pour qu’il dure éternellement comme les constructions romaines en béton d’il y a 2000 ans qui ne rouillent pas, car la pierre était utilisée. Le changement de donne dans notre approche de durabilité est la pierre : elle est bon marché, disponible en abondance et ne se corrode pas comme l’acier, qui est le principal problème du béton. Regardez les ponts en béton allemands qui s’effondrent et en Italie aussi à cause de l’acier corrodé. Nous pouvons également rénover les structures en béton pourries avec l’armature CFS.

Comment appréhendez-vous le matériau béton et ses perspectives de développement ?

K.K. : Comme je l’ai dit, nous pouvons remplacer le béton. Mais pas du jour au lendemain. Et il peut y avoir des applications où le béton est incontournable. Dans tous les cas, nous devons offrir un pont vers l’avenir avec ou sans béton. La pierre est le changement de donne dans tous les cas. Les fibres de carbone seules dans le béton ne sont pas possibles, nous avons besoin d’une interface mécanique entre les deux et c’est la pierre, avec des propriétés parfaites pour servir d’interface stable et durable entre le carbone et le béton.

Le CFS (Carbon Fiber Stone)

Le CFS est un matériau innovant qui associe des pierres à bilan carbone négatif et des fibres biosourcées. Il constitue une alternative écologique au béton traditionnel, intensif en émissions de CO₂, utilisé dans les murs de maison. Chaque mètre carré de mur en CFS capte 59 kg de CO₂, tandis qu’un mur en ciment classique en émet 98kg. Des plaques de pierre renforcées par des fibres de carbone issues de PAN vert à base d’huile d’algues forment des murs de maison fortement négatifs en carbone. Cette innovation intègre plusieurs matériaux nouveaux et des améliorations structurelles. La conception inclut des structures de renforcement créant une couche intermédiaire stable, remplie de granulés de biochar à bilan carbone négatif pour l’isolation. L’utilisation de pierre plutonique, dont les résidus sont particulièrement propices à des réactions d’altération accélérée, répond à des défis pressants de la construction : améliorer l’efficacité énergétique tout en garantissant l’accès à des matériaux moins coûteux et hautement évolutifs. La capacité de ces matériaux combinés à générer un bilan carbone négatif est essentielle pour lutter contre la crise climatique, transformant les murs en puits de carbone efficaces.

Source ConstructionCayola par Ch Raynaud