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27/11/2023

L'industrie tient son « Tinder » de la décarbonation

Un an après son lancement, le site « je-decaborne.fr » compte 3.500 inscrits et 800 solutions technologiques opérationnelles made in France de décarbonation. Un levier pour aider les entreprises à tenir leurs engagements climatiques.

Tout est allé très vite : ils se sont connus sur un site de rencontre et ont conclu en quelques mois. « Aujourd'hui, on tente de se fidéliser mutuellement et nous sommes toujours en contact étroit avec cinq autres acteurs », raconte Martin Piotte. Le directeur technologie et innovation du producteur de tuiles et briques en terre Terreal ne tarit pas d'éloges sur la plateforme numérique « je-decarbone.fr » qui fêtait mercredi à Bercy sa première année d'existence.

Lancée en octobre 2022 par le comité stratégique de filière des Nouveaux systèmes énergétiques (CSF NSE) rassemblant représentants de l'Etat et des entreprises, ce « Tinder de la décarbonation », comme le surnomme le ministre de l'Industrie Roland Lescure, a déjà permis à Terreal de signer deux contrats avec des porteurs de solutions technologiques afin d'accélérer sa décarbonation.

Une mise en relation très efficace

Le groupe d'ingénierie Naldeo a aidé ce dernier à réaliser un audit de son bilan énergétique et à définir ses besoins prioritaires. Quant au producteur français d'énergie thermique renouvelable Newheat, Terreal lui a acheté deux solutions de chaleur solaire et de récupération pour réduire son recours au gaz - lequel représente actuellement 90 % de sa consommation énergétique.

« Sans cette plateforme, nous ne pourrions pas respecter nos objectifs de réduction de gaz à effet de serre », estime Martin Piotte. Un sentiment partagé par Philippe Parain, président de Mecapole AeroSpace & Defense.

Grâce à ce site de rencontre entre industriels et offreurs français de solutions de décarbonation, le fabricant de pièces mécaniques très énergivore et émetteur de CO2 assure avoir déjà réussi à réduire de 20 % sa consommation électrique. « C'est loin d'être négligeable dans le contexte d'un quintuplement du prix de l'électricité entre 2022 et 2023 », rappelle Philippe Parain.

« Le défi majeur, c'est de conclure ! »

La plateforme compte désormais 3.500 inscrits et 800 solutions opérationnelles répertoriées. Selon Aurélie Picart, la déléguée générale du CSF NSE, cette base et la poignée de rencontres organisée au cours de l'année dans toute la France ont déjà permis 3.300 rendez-vous d'affaires.

A Bercy, à l'entrée de la salle de conférences Pierre-Mendès-France qui accueillait mercredi 500 experts de la décarbonation, les nombreuses cartes de visite épinglées par famille de besoin sur un panneau d'affichage maintes fois consulté ou photographié promettaient une démultiplication des prises de contact. Mais les contrats en bonne et due forme qui permettront d'accélérer la décarbonation des industriels tout en favorisant des technologies made in France sont encore peu nombreux.

Depuis un an, il y a surtout eu beaucoup de 'swipes' et de contacts, le défi majeur c'est maintenant de conclure !

« Depuis un an, il y a surtout eu beaucoup de 'swipes' et de contacts. Le défi majeur, c'est maintenant de conclure ! », a lancé Roland Lescure en rappelant qu'il ne restait plus que 27 ans pour atteindre la neutralité carbone. Les industriels se montrent confiants.

« La visibilité que nous offre ce site nous permet d'élargir notre vivier de fournisseurs et d'apporteurs de solutions, c'est un véritable accélérateur de décarbonation », estime Eric Bourdon, directeur général du cimentier Vicat. « Certains contacts pris ne seront intéressants pour nous que dans quelques mois, selon l'avancée de notre feuille de route de décarbonation, mais la mise en relation est faite », ajoute Martin Piotte.

Source Les Echos par Ninon Renaud