Pourquoi à Puycheny ?
Les ancêtres de Christophe ont choisi ce lieu car il est situé sur un filon d’argile. La maison familiale a donc été construite à côté pour exercer leur activité directement sur place. Au fil du temps, les différentes générations ont agrandi les tuileries suivant leurs moyens et les besoins de l’époque pour faciliter leur travail et être plus économique.
"En 1977, la tuilerie est passée au four à gaz, ce qui a amené une organisation et des techniques de travail différentes. Le séchoir a également été changé en 2016 pour faciliter et enlever de la manutention, le changement a également été fait dans un souci d'économie d'énergie", explique Christophe.
Bien que propriétaire depuis 2004, cela n’a pas toujours été la vocation de Christophe Mazerolas. Après une formation de comptabilité gestion et 10 ans sur Brive, il est revenu travailler pour l’entreprise familiale lors de la tempête de 1999. La suite s’est effectuée naturellement.
Aujourd’hui, ils travaillent en famille avec sa femme Nathalie et sa maman Suzie qui, elle, y travaille depuis 1974. Une autre personne extérieure à la famille est également présente pour leur permettre de mieux répartir les tâches.
Une évolution de production
Originellement, la production de tuiles restait locale. Avec la création de l’atelier musée de la terre en 1994, ils ont pu se spécialiser dans la restauration de monuments historiques et leur commerce a commencé à sortir du département.
Ce projet a été instigué par son père, Jean-Claude Mazerolas, et Huguette Billaudelle, qui travaillaient à l'office de tourisme de Nexon. "Ils voulaient faire quelque chose pour les tuileries pour qu'elles ne disparaissent pas. La création de l'atelier musée de la terre avait une vocation artistique, mais aussi économique. Les élus, dès qu'il y avait un marché public sur le secteur de la Haute-Vienne et aux alentours, devaient consulter les tuileries en activité sur les appels d'offres".Avec une production hebdomadaire d'environ 12.500 tuiles, 90% de la production totale sont attribuées aux monuments historiques sur toute la France. "On fait beaucoup de patrimoines religieux, églises, abbayes, monastères... Les architectes recherchent des tuiles qui ressemblent aux anciennes, ils ne veulent pas de tuiles industrielles", annonce-t-il.
Étant un marché de niche, c'est le bouche-à-oreille qui fait tourner les tuileries. Les architectes connaissent leurs tuiles et les préconisent sur les chantiers.
Rester petit par choix
"C'est un métier où on travaille pour soi, il faut tout faire de A à Z, production, administratif, relations clients... C'est très intéressant, car on a un contact direct avec le client et on fait du sur-mesure", explique Christophe.
Même si tout cela demande une manutention, c'est volontaire, leur savoir-faire se portant sur la reconstitution de tuiles anciennes. S'ils mécanisaient toute leur production, leurs tuiles deviendraient trop régulières et uniformes pour ce qu'ils recherchent.
"On reste petit pour maîtriser ce que l'on fait et assurer une qualité irréprochable. Cela nous permet aussi de ne pas gêner les industriels comme on ne rentre pas en concurrence", commente-t-il.
Vous pouvez d'ailleurs retrouver leurs tuiles sur l'église de Ladignac-le-Long, ou encore sur le Prieuré de Saint-Benoît-du-Sault dans l'Indre. "C'est gratifiant quand on voit nos tuiles sur des églises et châteaux, ça valorise tout le travail qu'ont fait mon père, mes grands-parents... On préserve un savoir-faire et on le fait perdurer", se réjouit le tuilier.
Source Le Populaire par Solène Bonneau