Un communiqué de Bercy a annoncé jeudi 26 janvier la mise en place d’un « outil d’analyse des coûts de production des matériaux de construction », comme promis lors des Assises du BTP fin 2022. L’idée a émergé dans le cadre de la médiation de filière animée par le Médiateur des entreprises, Pierre Pelouzet. « Les entreprises disposent aujourd’hui des index BT/TP, qui sont calculés sur la base de la décomposition des coûts de leurs activités, sur six postes [matériel, salaires et charges, énergie, matériaux, frais divers, transport, NDLR]. Avec ce nouvel outil, nous allons remonter d’un cran, et décomposer les coûts de production des matériaux eux-mêmes, avec les mêmes postes », explique le Médiateur.
Des simulations facilitées
Sur les préconisations de la Médiation et de la DGCCRF, c’est l’Insee qui a été désigné par le ministre de l’Economie pour élaborer et publier ces indices de coût « matériaux de construction », avec la même méthodologie que celle employée pour les index BT/TP. Mais attention, « ces nouveaux indices ne seront pas des indices d’indexation, ils n’ont pas vocation à être utilisés pour la facturation des travaux, explique Pierre Pelouzet. L’objectif est d’aider les entreprises du BTP à mieux comprendre la composition des coûts des matériaux afin de mieux anticiper leurs évolutions. Insérés dans des tableaux Excel, ils pourront leur servir à faire des simulations pour établir leurs devis avec un meilleur degré de prévisibilité ».
Le jeu de la transparence
Tout reste à faire à présent. Une liste d’une vingtaine de matériaux prioritaires, tels que le béton prêt à l’emploi, les tuiles… a été établie avec les fédérations du BTP. « Ont été ciblés ceux qui sont les plus touchés par les variations de prix et qui sont les plus représentatifs et utilisés par les entreprises », précise Pierre Pelouzet. Lequel ne dévoile toutefois pas la liste : « Il faut laisser l’Insee avancer dans ses travaux, afin de vérifier la faisabilité de l’élaboration d’un indice sur chacun de ces matériaux ». La constitution de ces indicateurs repose en effet sur la collecte d’informations fournies sur la base du volontariat par les industriels. Il faut, pour chaque indice, suffisamment de remontées de données pour qu’il soit représentatif car il ne faut pas oublier que ces indicateurs restent soumis au secret statistique.
« La clé du succès sera que les industriels jouent le jeu, et j’espère qu’ils vont le faire », marque le Médiateur. « Le choix de l’Insee pour piloter le projet vise à les rassurer sur le respect total de la confidentialité des informations qu’ils livreront. En outre, ces indicateurs leur permettront de de faire preuve d’une certaine transparence sur leur coût et de couper court à certaines critiques ».
Un calendrier très serré
Le calendrier annoncé par Bercy - « une publication au plus tard en avril » - semble fort ambitieux. L’Insee lancera ses demandes d’information aux industriels début février, il faudra ensuite collecter les données, « moyenner » les réponses, tester la pertinence des résultats obtenus… « Il n’est pas exclu a priori que les indices sortent au fil de l’eau, et pas tous d’un bloc », imagine Pierre Pelouzet. Côté Insee, on assure que l’on « sait faire ce travail de création d’indices, ce n’est pas très différent des index BT/TP ; mais il y a un aléa sur la collecte des données, fondée sur la règle du volontariat »